Schisme sévillan
Le Schisme Sévillan
A la mort d’Henri V, Comte de Chambord, en 1883, la Maison de Bourbon se scinde en deux branches : les partisans du Prince Jean III (Bourbon) et ceux de Philippe VII d’Orléans, Comte de Paris. Mais les partisans du légitimisme ou de l’orléanisme vont se heurter aux partisans du Prince François de Paule de Bourbon- Séville.
Cet épisode est connu sous le nom de Schisme Sévillan.
L’expression Schisme Sévillan est apparue, en particulier, sous la plume de deux écrivains à la sensibilité légitimistes (Stéphane Rials . Que sais-je ? le Légitimisme . Stéphane Drouin : 1983. Les non ralliés deux fois : Les blancs d’Espagne de 1883 à nos jours –1997) renvoie à un événement qui, pour être situé précisément dans le temps, n’en est pas moins susceptible de deux explications divergentes.
Le prince de Valori désavoué par le roi de jure Charles XI ( Bourbon), dont il était le représentant personnel en France (1892) , fit choix de servir un autre prince de la maison de Bourbon :le Prince François de Paule de Bourbon et Castellvi (Francisco de Paula de Borbón y Castellvi,) de la ligne des ducs de Séville, né en 1853) d’où le qualificatif de « Sévillan » employé supra .
Le Sévillanisme survécut quelque temps à son promoteur (mort de Valori en 1898).
La notion de schisme sévillan
La succession légitimiste recueillie par Jean III de Bourbon en 1883 provoque une forte scission au sein du mouvement monarchiste français. Parmi les légitimistes, certains se demandent quelle couronne le prince va-t-il revendiquer. Celle d’Espagne, où la succession carliste le reconnaît comme roi de jure sous le nom de Juan III ou celle de France, sous le nom de Jean III de Bourbon.
Mais c’est sous le « règne » de son fils Charles XI (1887-1909) que la succession légitimiste que prendra toute la mesure de cette question. Charles XI de Bourbon n’a jamais fait mystère de ses réelles intentions de régner sur l’Espagne (Carlos VII, Duc de Madrid) et signait tous ses manifestes de son nom espagnol. Toutefois, conscient de ses droits héréditaires sur le trône de France, il avait revendiqué le 3 Octobre 1868 ses droits à la succession capétienne sans qu’Henri V ne condamna la lettre pour autant. Et le 23 Mai 1892, il écrivit une seconde lettre, protestant contre ce qu’il appelait « l’usurpation des pleines armes de France par la branche des Orléans (..) ».
Bientôt les relations entre le Prince Henri –François de Valori, représentant du Duc de Madrid en France, et le prétendant légitimiste se détériorèrent. Le premier reprochant au second de plus s’occuper des affaires espagnoles que françaises. Enfin, la rupture fut consommée lors de la promulgation de l’encyclique « Inter innumeras sollicitudines » (1892) du Pape Léon XIII (de 1878 à 1903) . En effet, dans son encyclique le Pape Léon XIII aurait prôné le ralliement aux institutions républicaines que Charles XI aurait décidé de cesser toute action politique en France. D'ou le désaveu du prince de Valori qui ironisa sur « les saintes et nobles utopies » du souverain pontife. Cette critique ouverte du Prince de Valori à la politique de « ralliement » du Pape obligea Charles XI a renvoyé son représentant.
Le Schisme sévillan consécutif à la demande de « Ralliement »
Le Prince de Valori, déçu par l’attitude du représentant légitimiste, décida de servir un autre Prince de la Maison de Bourbon, devenu plus dynastique à ses yeux. Puisque Charles XI et ses enfants s’étaient déclarés ouvertement pour le trône de France, que la branche issue d’Isabelle II d’Espagne ne pouvait régner à la fois sur le trône espagnol et français, la succession au trône de France ne pouvait qu’échoir à la branche des Bourbon- Séville représentée depuis le 12 Juillet 1894 par le Duc Henri- François de Bourbon et Castellvi.
Le Duc de Séville
Né à Toulouse le 29 Mars 1853, il vécut son enfance en Espagne puis en France. Lors de la chute de la monarchie en qui provoque la fuite d’Isabelle II (1868), le jeune Prince propose ses services au Duc de Madrid, Don Carlos et reçoit le commandement d’un régiment qui va s’illustrer à Alcora en 1873. Rallié à son cousin germain Alphonse XII (en 1875), ce dernier lui confie le poste de Général de brigade en 1875 à Cuba (Il y épousera le 15 septembre 1877 la fille d’un riche planteur cubain Maria Luisa de la Torre d’où l’actuelle descendance des Ducs de Séville (décédée en 1877) puis le 15 février 1890 l'aristocrate cubaine Felisa de Leon y Navarro de Balboa, marquise de Balboa) puis d’infanterie à Saragosse et enfin de cavalerie à Madrid avant de terminer général de division en 1891.
Le Prince est non dynaste en raison du mariage de ses parents (exilés en France et de fait a été élevé dans le ressentiment contre Isabelle II) et de fait va volontiers accepter l’argumentation que va lui présenter le Prince de Valori (30 Juillet 1894). Mais très curieusement, le premier manifeste du nouveau prétendant à la couronne de France va surprendre autant les légitimistes que la république qui se gaussera de ces nouvelles prétentions. Le 16 Septembre suivant, le Duc de Séville déclare «(..) qu’il plie le drapeau d’Henri IV avec honneur, respectant les lois françaises et espagnoles, et saluant la France heureuse et tranquille avec sa République ». Enfin, le 28 Septembre 1894, il envoie un courrier à Charles XI et son fils, leur enjoignant de se déclarer prétendants au trône de France. A ce quoi, il s’engageait à renoncer à ses propres prétentions. Il en reçu aucune réponse à cette demande.
D’ailleurs, Charles XI déclara le 17 Juillet 1895 « (..) que la candidature de Don François de Bourbon ne méritait pas d’être discutée (..) ».
En Mars 1895, le Prince de Valori, écrivit dans la « Nouvelle Revue » un article intitulé « François de Bourbon, Duc d’Anjou » et quelques légitimistes rallièrent cette nouvelle prétention.
Enfin, le 15 Avril 1896, le Prince François- Henri se faisait élire au Cortès comme député de Barcelone non sans avoir tenté un procès pour usurpation des armes de France à la famille de Bourbon- Orléans par la suite (7 Juin 1896). Procès qu’il perdit, débouté de sa demande le 28 Juin 1897.
La mort du Prince de Valori le 17 Février 1898 mit fin aux prétentions du Duc de Séville qui se retrouve brièvement incarcéré sur ordre de la régente Marie-Christine de Habsbourg- Lorraine qui voyait en lui un danger pour son pouvoir.
Mis à la retraite en 1901, il ne prit plus aucune décision concernant ses prétentions au trône de France.
Gouverneur des Baléares en 1914, il entre au Conseil de guerre et de la Marine en 1917 et sera décoré de la Toison d’Or en 1927.
Lorsque la République est proclamée en 1931 , il est autorisé à rester en Espagne. Lors de la guerre entre nationalistes et républicains, plusieurs de ses enfants et petit-enfants seront fusillés par ces derniers. Il se réfugiera alors à l’ambassade du Chili avec son épouse afin d’échapper à ce massacre. La chute de Madrid en 1939 sauvera le Prince d’une mort certaine.
François-Henri de Bourbon qui portait sur son écu : Ecartelé de Saint Lazare et d’Anjou meurt le 28 mars 1942 à Madrid.
Le Schisme sévillan consécutif à la remise d’un cœur de Louis XVII
Autre hypothèse de l’origine du Schisme : Le cœur de Louis XVII. Déposé entre les mains de Charles XI qui se trouvait à Venise en villégiature le 2 juillet 1895, le Prince de Valori en aurait contesté l’authenticité d'où l'opposition entre le Roi et de son représentant .
Le mouvement sévillaniste
Loin de disparaître avec son chantre, le mouvement sévillaniste survécut jusqu’en 1910 avec en 1903 la création d’un Comité national du grand parti royal de France. Une presse de développa avec La Royauté Nationale (1903-1904) ou l’Union Nouvelle (1904-1909). Un dernier Comité dit « Charles X » fut fondé (et dirigé par André Yvert 1895-1975) sous le haut patronage d’un Sévillan peu après la seconde guerre mondiale mais connu une toute aussi éphémère vie
Bibliographie
- Revue Fidelis "Sur la Maison de Bourbon" Numéro 3 Automne 1990 (Edition du Sicre)
Liens externes
- [1] : Les ralliements, ralliés, traitres et opportunistes du Moyen-Age à l’époque moderne et contemporaine. (lien brisé)
- [2] : VIII . ( don ) Francisco de Paula de Borbón y Castellvi, lieutenant-général de l' armée espagnole, de réserve, membre du Conseil supérieur de la guerre et de la marine, capitaine-général des Baléares. (lien brisé)
- [3] : Autour du ” coeur de Louis XVII ” (30). (lien brisé)