Prince Louis Napoléon
Prince Louis Napoléon
Chef de la Maison impériale de 1926 à 1997, le Prince Louis Napoléon (VI) Bonaparte est le descendant en ligne directe du Prince Jérôme Bonaparte, Roi de Westphalie et frère de l’Empereur Napoléon Ier.
Prince Bonaparte
Né à Bruxelles le 23 janvier 1914, Louis Napoléon Bonaparte est le fils du Prince Victor Napoléon et de la Princesse Clémentine de Belgique. Sa naissance fut saluée par le journal « La volonté nationale » comme un prochain réveil plébiscitaire..
Forcé de vivre en exil suite à la promulgation de la Loi d'exil en 1886 (qui bannissait tous les Princes des Maisons régnantes de France), le Prince passa les 4 premières années de son enfance de sa vie à Farnborough, dans la résidence de l'impératrice Eugénie de Montijo, sa marraine. Devenu son légataire universel, le prince continua ses études secondaires et supérieures à l'université de Louvain (Belgique). En 1935, il hérite d'un de ses oncles célibataire du domaine de Prangins. C'est en Suisse, qu'il achèvera, à Lausanne, ses études.
Le 3 mai 1926, le Prince Victor Napoléon meurt. A peine âgé de 12 ans, Louis Napoléon hérite de la succession impériale et d’un bonapartisme vacillant. Faute d’avoir su imposer le bonapartisme sur la scène nationale, le mouvement s’est scindé entre impérialistes dynastiques et partisans d’une république autoritaire. Clémentine de Belgique va donc exercer une régence titulaire jusqu’à la majorité de son fils.
Empereur de Jure
Peu enclin à la politique et peu préparé à cette succession, préférant de loin les sports automobiles, le Prince se contentera d’envoyer quelques lettres de soutien ou de sympathie à ses partisans visite des champs de bataille comme à Verdun en 1927 ou à des défilés comme celui de Metz, un 14 juillet. A la veille de la Première Guerre Mondiale, le mouvement parlementaire l’Appel au Peuple ne comptait plus d’élus à l’Assemblée Nationale. Sa mère, qui n’était pas affectée par la Loi d'exil, fit plusieurs séjours à Paris pour le plus grand bonheur de ses partisans qui allaient bientôt (et brièvement) faire un retour au Parlement (1919 à 1924). Le Prince Joachim Murat était son représentant officiel en France.
En janvier 1935, il publie un manifeste où il tente d’établir un programme nationaliste, de fédérer les divers comités bonapartistes qui désormais se passent de tous ordres de sa part et se rallient aux divers mouvements d’extrême- droite (il n'avait d'ailleurs pas soutenu l’action du 6 Février 1934). Malgré la mise en place d'un conseil bonapartiste, chargé de "coordonner l'activité de l'ensemble des mouvements plébiscitaires", le prince n'arrive pas à fédérer sous son nom et finit par de se retirer de la vie politique en 1936. Le Général Koechlin- Schwartz, qui dirigeait en 1934 l’Appel au Peuple FINIT par rejoindre le Front National qui regroupe les différents mouvements d'extrême-droites. Il est vrai que le prince n'adhérait pas au sentiment général bonapartiste en faveur de la droite patriote de l'entre-deux-guerres.
En 1938, il déclare à ses partisans désabusés qu’il « n’était plus un prétendant au trône ».
Le Prince résistant
A la veille de la Seconde Guerre Mondiale, il tente de se faire incorporer dans l’armée française mais le gouvernement de la IIIième République le lui interdit formellement (28 septembre 1939, refus d'Edouard Daladier au bout de sa deuxième tentative). Afin de contourner la loi et après quelques négociations, Louis Napoléon put s’engager dans la Légion Etrangère sous le nom de Louis Blanchard (matricule 94.707). Incorporé au camp de Sathonay puis au fort Saint-Jean (où il revoit son ancien gouverneur le général Boyer), il est finalement affecté le 3 avril 1940 à Saïda en Algérie Française. Il subit un entraînement militaire mais l'armistice signée en juin 1940,le Prince ne peut être envoyé au front et il est démobilisé peu après (5 Septembre 1940).
A son retour à Prangins, il décide de dissoudre immédiatement les mouvements bonapartistes et organes de presse affiliés ( L'Appel au peuple, les jeunesses bonapartistes, les Etudiants bonapartistes, Brumaire, le Réveil charentais..) de crainte que ceux-ci ne soient susceptibles de tomber dans la collaboration avec l’occupant allemand (des rumeurs prétendront que le Chancelier Adolf Hitler lui avait proposé la couronne de la France occupée). D’ailleurs le Général Koechlin- Schwartz devait bientôt se placer derrière le gouvernement de Vichy tout comme les bonapartistes Louis Jolivet (leader des Francistes) ou André Chaumet, leader du Front national .
Muni de fausses cartes d’identités, le Prince peut facilement traverser la France. Il refusa de participer au retour des cendres de l’Aiglon (Napoléon II) et ce n’est que par devoir que la Princesse Clémentine , par un froid glacial et entre deux haies d’honneur de gardes républicains et allemands, fut présente à cette cérémonie le 14 décembre 1940. Alors qu’il tentait de rejoindre l’Algérie Française (lieu de tous les complots de la France libre )avec 3 amis , le Prince est arrêté le 22 décembre 1942 au moment de franchir la frontière espagnole via les Pyrénées, en direction de l'Algérie française. Apprenant son identité, les allemands lui offrent une liberté en échange d'un soutien officiel. Louis Napoléon refuse et se retrouve alors incarcéré successivement à Foix au château du Hâ (Bordeaux) et à Fresnes. Les allemands tentent toujours de lui faire signer un soutien signé. Le Prince déclare que ce sera la déportation ou la libération sans concessions. Finalement, sur l’intervention du Roi Victor- Emmanuel III, dont il était un parent, le Prince fut libéré le 25 avril 1943 et assigné à résidence à Paris.
Il prend contact avec son cousin, le Prince Joachim Murat, qui l'aide a rejoindre le maquis de la résistance (Organisation de la Résistance Armée (ORA)) de la région de Châteauroux fin 1943. Sous un nom d’emprunt (Louis Monnier), il devient résistant. Au cours d’une opération le 28 août 1944, il faillit perdre la vie . Un tir de canon allemand détruit le camion qui le transportait. il sera le seul survivant, blessé à la jambe, parmi les 6 membres du commando que transportait le camion.
Le Prince Joachim Murat fut, quant à lui, fusillé en juillet 1944 pour acte de résistance. Loin d'être découragé, il tente de se faire incorporer dans l'armée Leclerc mais le Général de Gaulle refuse de le voir s'exposer : "Pas question, vous seriez trop exposé; je n'ai pas le droit de vous y encourager: vous êtes le dernier à porter le nom de Napoléon".
Le gouvernement provisoire de la république le fera Lieutenant le 5 septembre 1944 et de Gaulle l'autorise à rester en France en dépit de la loi d'exil, jusqu'à la fin de la guerre.Affecté chez les Chasseurs alpins, décoré de la croix de guerre le 27 novembre sur le front de Saint-Nazaire, il rejoignit la division alpine le 1er janvier 1945. Il ne sera démobilisé que le 30 novembre 1946.
Prétendant au trône impérial
La guerre terminée, le Prince repris une certaine retraite, installé en Suisse sous le nom de Comte de Montfort. Grâce au Président Vincent Auriol, le Prince put épouser Alix de Foresta (née en 1926, issue d'une famille royaliste d'obédience légitimiste ) le 16 Août 1949 sur le territoire national et reçut les félicitations du Général de Gaulle.
De ce mariage, il aura 4 enfants :
- Prince Charles Napoléon, (né à Boulogne-Billancourt, le 19 octobre 1950)
- Catherine Napoléon , (née à Boulogne-Billancourt, le 19 octobre 1950), sœur jumelle du précédent. Elle épousera civilement à Nyon le 4 juin 1974 et religieusement à Prangins le 5 juin Nicolò San Martino d'Agliè dei Marchesi di Fontanetto (né en 1948)avant de divorcer puis se remarier à Paris le 13 octobre 1982 avec Jean Dualé (né en 1936)
- Laure Napoléon (née à Paris,le 8 octobre 1952), épouse à Grenoble le 23 décembre 1982 Jean-Claude Leconte (né en 1948)
- Jérôme Napoléon, (né à Boulogne-Billancourt, le 14 janvier 1957)
Avec l’abrogation de la loi d’exil (24 Juin 1950), il put quitter la Suisse et revenir s’installer en France et se faire acclamer en Corse en 1955, lors du retour des dépouilles de ses parents.
L’Empire colonial de la République française vacille en Indochine, les militaires grondent, la IVème République a encore peu de jours à vivre. L’Algérie française renoue avec les complots et il se trouve des officiers comme le Général Cherrière (Commandant en chef d’Alger) pour lui proposer de prendre la tête d’une junte avec à ses côtés le ministre Guy Mollet. Le Prince tergiverse, hésite, répugne à soutenir un putsch et finalement se rallie en mai 1958 au Général de Gaulle tout comme un nombre important de Bonapartistes qui lui ouvre la Corse pour la réussite du putsch d’Alger. D’ailleurs en Août 1959, il célébrera avec pompe le bicentenaire de la naissance de Napoléon Ier à Ajaccio.
Le Prince fut un partisan de l’Algérie française, visita à diverses reprises les djebels tenus par les parachutistes entre 1959 et 1960 et n'hésita pas à parler de trahison lorsque le Général de Gaulle se décida à remettre le destin de l’Algérie entre les mains de sa population. Il soutint discrètement l’Organisation de l’Armée Secrète (OAS), rompit avec le Général de Gaulle mais apprécia l’homme d’état lors des événements de Mai 1968. Il négociait discrètement avec certains dissidents comme le bonapartiste et député de l'UNR, Jean Thomazo ou le pétainiste Alain de Sérigny, directeur de l'Echo d'Alger. Lors du référendum de 1962, il appelle à voter non à l'indépendance de l'Algérie.
Interrogé en 1969 par l'historien Alain Decaux, il déclare qu’il acceptera un trône si les français en font le souhait à la condition que l'union se fasse sous son nom.. Quelques mois auparavant, la seule ville Ajaccio s’était couvertes de barricades et criait « Vive l’Empereur ! ».
Sportif accompli (alpinisme, ski, plongée sous marine et de course automobile), le Prince Louis Napoléon travaillera en étroite collaboration aux activités de diverses sociétés implantées en Afrique.
En 1970 grâce à un important leg, l’association du Souvenir Napoléonien (crée en 1937) connaîtra un regain de succès. En 1979, il fait don à l'État de manuscrits, et œuvres d'art provenant de la succession impériale des Bonapartes notamment provenant de la succession de Napoléon Ier et Napoléon III . L’association se veut toujours l’héritier littéraire du Premier et Second Empire. Mais il ne ravive pas pour autant la flamme éteinte du mouvement bonapartiste dont les partisans se sont fondus dans le mouvement gaulliste (Comité Central Bonapartiste).
Les dernières années
Homme de droite et volontiers antiaméricaniste, il appela ses partisans à voter Giscard d’Estaing en 1974 dont il appréciait le programme réformateur. Favorable à la construction de l’Europe et au rapprochement entre la France et l’Allemagne, il appela à voter oui en 1992 au traité de Maastricht (" la pensée politique napoléonienne est toute orientée vers l'Europe. Cette Europe doit être définie"), puis s’en montra assez hostile dès que les premiers contours de sa construction se dessinèrent.
Assistant régulièrement aux commémorations bonapartistes du 21 Mai et du 2 Décembre, le Prince Louis Napoléon décède le 3 Mai 1997 à Genolier (Suisse). Son testament officiel (émis le 27 Mai 1996 ) a fait de son petit- fils Jean Christophe Napoléon son héritier direct en lieu et place du Prince Charles Napoléon.
Lien externe
- [1] : site et vidéos sur la famille impériale des Bonaparte