Le film des événements de la chute de la monarchie
Le film des événements de la chute de la monarchie
Toute l’Europe de l’Est est en 1945 libérée par les troupes soviétiques. L’Opération Barbarossa n’est plus qu’un mauvais souvenir (invasion de la Russie par les troupes allemandes). Libérée certes mais occupée. La conférence de Yalta entre Joseph Staline (dirigeant soviétique) et les dirigeants américains et anglais vont jeter les bases de la future guerre froide.
Le coup d'État royal
En Roumanie, le Parti communiste souhaite la fin de la monarchie. Ce mode de gouvernement est pourtant très populaire dans le pays. Michel Ier a mis fin à la dictature du général Antonescu le 23 Août 1944 lors d’un coup d’État (et ce même si l’ambassadeur allemand Manfred von Killinger tente de rallier des régiments roumains qui refuseront d’aider les nazis à opérer un contre coup d’État).
Le souverain nomme le général Constantin Sănătescu (1885- 1947) Premier ministre d’un gouvernement qui ne durera que trois semaines. A 20h30, à peine le coup d’État opéré que l’ambassadeur allemand nazi se présente au palais pour vérifier ce qui se passe. La réalité qui s’offre à lui est une gifle au visage. A 22 heures, Michel annonce par Radio la fin des hostilités contre les Russes. Le Chancelier allemand Adolf Hitler ordonne immédiatement l’arrestation du Roi mais aucun officier roumain ne bougera.
L’arrivée des Soviétiques ne sera pas du tout accueillie dans la joie par la population. L’Armée Rouge viole, pille les villages, traîne derrière elle des fumées de brutalité. Antonescu est emmené à Moscou puis ramené à Bucarest où se déroulera son procès entre le 6 et 17 mai 1946 (il est condamné à mort, mis devant un peloton d’exécution, il est achevé d’une balle dans la tête). Le 12 septembre 1944, un armistice est signé avec les Russes. Les Soviétiques sont au début complaisants avec le souverain mais souhaiteraient qu’il se retire. Michel Ier refuse de signer l’acte de reconnaissance du Gouvernement intérimaire imposé par les Russes dont Petru Groza a pris la tête (c’était un affairiste qui avait fait fortune dans la spéculation et immense propriétaire terrien aux environs de Deva, jugé assez vulgaire par ses contemporains). Soutenu dans sa « grève royale » (Greva regală), des centaines de manifestants se réunissent sur la place centrale de Bucarest en soutien à leur souverain. Les Russes tirent, dispersent la foule, il y aura 10 morts sur la place. Michel a tenté de résister mais doit cèder.
Les élections générales de 1946
Les Soviétiques organisent des élections le 19 novembre 1946 dite "libres" et présentent leur liste appelée Bloc des Partis Démocratiques (formé du Parti Communiste dont la passionaria Anna Pauker en est la plus virulente voix, de l’Union du Peuple Hongrois, du Comité des Juifs Démocrates et d’une scission du Parti des Paysans Nationaux). Pour la première fois de son histoire, les personnels militaires et les femmes sont autorisés à participer au vote qui donne au BPD plus de 78% des voix (une élection largement truquée car le BPD n’aurait pas dépassé 40% des voix en fait).
Le 5 décembre, les communistes organisent une manifestation et réclament la démission du Premier ministre. Michel cède une nouvelle fois. Le général Rădescu est nommé à la primature, un anticommuniste notoire. Rădescu s’inquiète de l’arrivée massive de paysans russes en Roumanie et en informe le souverain. De plus, la présence de certains communistes au sein du gouvernement comme le Ministre des Affaires étrangères Vichinsky dérange Rădescu. Les événements du 24 février vont prouver au nouveau Premier ministre qu’il peut réellement s’inquiéter de la situation. Alors qu’une manifestation était organisée par les partis de gauche pour réclamer la constitution d’un cabinet du Front national démocratique, des coups de feu sont tirés sur les manifestants et feront des victimes. Le 27 février Vichinsky arrivera à Bucarest et demanda une audience immédiate au roi Michel. Vichinsky exige la démission immédiate du général Rădescu, puisque « les troubles menacent la sécurité et les lignes de ravitaillement de l’armée Rouge opérant en Hongrie » Le 5 Mars Rădescu prendra l’avion pour les États-Unis pour .. ne plus revenir.
Vichinsky exige de Michel qu’il nomme un successeur à Rădescu dans les deux heures. Michel refuse, le fait savoir. D’après le roi, le 28 février 1945, Vichinsky tapait avec son poing sur la table, sollicitait de manière pressante la nomination de Groza, « faute de quoi, il n’était plus en mesure de répondre de la survie de la Roumanie en tant qu’État indépendant ». En partant, il claqua la porte du salon royal. Le 3 mars, le souverain roumain rejeta encore une fois la liste gouvernementale de Groza. Le Ministre des Affaires étrangères fait alors sortir les chars russes qui encerclent le palais le 6 mars. Michel doit accepter à contrecoeur la nomination de Petru Groza, le leader roumain communiste comme Premier ministre. Cet affairiste vulgaire déplaît au souverain. Pis, les ministres communistes refusent de prêter serment sur la bible … Les relations entre Groza et Michel sont tendues. Staline en retour restitue la Transylvanie du Nord malgré la fureur des Français qui essayait tant bien que mal à établir une frontière saine entre la Hongrie et la Roumanie. En août 1945, les États Unis déclarent qu’ils ne signeront pas de traité de paix avec la Roumanie tant qu’un gouvernement plus démocratique ne sera pas nommé. Le 19 août 1945, se sentant encouragé par la note américaine du 11 août, le roi Michel somme Groza de démissionner, alléguant que les États-Unis et la Grande-Bretagne ne reconnaissaient pas son gouvernement et que, de ce fait, ce dernier ne pouvait pas représenter convenablement la Roumanie aux conférences de paix. Groza écarta l’injonction du roi et déclara, pour sa part, que « son gouvernement n’avait jamais été plus fort qu’en ce moment avec un soutien soviétique total » et ajouta : « la reconnaissance de son gouvernement par les Américains avait peu d’importance et de toute façon, l’Union Soviétique finirait par obtenir l’accord anglo-américain pour le traité de paix ».
Les Soviétiques refusent également cette démission ; Michel décidera donc de boycotter son Premier ministre. Malgré les conseils de prudence proférés par le Royaume-Uni et la France, le 20 août 1945, le roi Michel somme à nouveau Groza de démissionner. Après le refus de celui-ci, le Roi fait appel aux représentants des trois grandes puissances, à qui il demanda de promouvoir la formation d’un gouvernement qui puisse être également reconnu par les États-Unis et la Grande-Bretagne.
Le roi refusait désormais de contresigner les décrets du gouvernement Groza.
Fin de la monarchie roumaine
Les Soviétiques intègrent alors deux ministres sans portefeuille au gouvernement tous deux issus du Parti National Paysan et du Parti Libéral (ils seront interdit durant l’automne 1947). Le protocole de paix sera signé et Michel sera décoré de la croix de la Légion du mérite américain.
Staline réplique immédiatement en envoyant à Michel l’Ordre de la Victoire Soviétique.
Le 20 novembre 1947, le Royaume-Uni invite le Roi à représenter son pays au mariage de la future Elizabeth II. Groza qui fait la sourde oreille refuse de répondre au souverain puis d’un coup lui donne son accord pour sa présence à Londres. Lors du mariage, Michel rencontre la Princesse Anne de Bourbon-Parme et demande l’autorisation de l’épouser à son gouvernement. Groza refuse prétextant des frais trop élevés.. Le 30 décembre, Michel revient à Bucarest sur la demande du Premier ministre qui souhaite « l’entretenir d’une affaire de famille ». Au Palais, Michel remarque la présence de Georghiu-Dej, leader communiste bien connu. Dans le bureau du souverain, Groza demande à Michel d’abdiquer. La Reine–mère Hélène de Grèce est glacée par ce culot. Michel Ier refuse ; Groza fait couper ses lignes de téléphone. Le souverain se retrouve coupé du monde. Son palais est cerné par les blindés. Pis, Groza fait arrêter un millier d’étudiants royalistes et menace le Roi de les faire exécuter. Michel Ier est acculé. Il décide de quitter le pays le 3 janvier 1948 après s’être retiré la veille du nouvel an.
Michel Ier demandera l’asile à la France qui l’avait invité lors du mariage d’Elizabeth (II) mais celle-ci refusera de l’accueillir. La famille royale s’installe donc à Londres grâce à l’appui financier du Roi de Grèce et en juin 1948, il peut épouser la Princesse Anne de Bourbon Parme dont il aura 5 filles (Margarita née en 1949, Elena née en 1950, Irina née en 1953, Sophie née en 1957 et Marie née en 1964).
Michel finira pas s’exiler aux États-Unis où il fonde un Comité National Roumain. Pilote, il fonde sa propre entreprise électronique de 1956 à 1966. La République populaire avait été proclamée en Roumanie … La Princesse Ileana (dont l’époux l’Archiduc Anton De Habsbourg avait été mis en résidence surveillée en 1944) rejoindra son frère deux jours plus tard.
La monarchie avait cessé de vivre en Roumanie
Liens Internet
- [1] : Extrait du film consacré au Roi Michel Ier. Scène de l'abdication (Ro.)
- [2] Entretien du Roi (partie consacrée à la dictature du Maréchal Antonescu) (Ro.)
- [3] : brève biographie du Maréchal Antonescu (Fr.)
- [4] : brève biographie du Maréchal Antonescu (Fr.)
- [5] : Vidéo d'archives sur l'exécution du Maréchal Antonescu