Amha Sélassié Ier
Amha Sélassié Ier
Fils du négus Haïlé Sélassié Ier et de son épouse l’impératrice Menen Asfaw , il fut brièvement le dernier Roi d’Éthiopie du 12 septembre 1974 au 25 août 1975 . Son titre était :Sa Majesté impériale, Élu de Dieu, Lion conquérant des tribus de Judée, Roi des Rois d’Éthiopie.
Prince héritier
Né le 27 juillet 1916 dans la cité d Harrar sous le nom d’Asfa Wossen Taffari alors que son père n’est encore que le Ras (Roi) Tafari Makonnen, prince de la maison des Salomonides, il grandit à l’ombre d’une cité poussiéreuse dans une atmosphère de complots qui mènera son père vers le pouvoir impérial. Devenu prince héritier de l’Empire le 2 novembre 1930, il est nommé Meridazmach (gouverneur) de Wollo .
Marié à la princesse Wolete Israël Seyoum, petite fils de l’Empereur Yohannes IV, il part en exil avec le reste de la famille impériale lors de l’invasion de son pays en 1936 par les italiens. Un exil qui lui coûte son mariage. Séparés en 1938, le couple impérial divorcera en 1941.
Avec la restauration de l’Empire peu de temps après, le prince héritier prend part aux combats qui force la fuite des italiens hors de la ville de Gondar, dernière ville qu’ils tenaient dans le pays, mettant ainsi fin à la domination italienne en Afrique de l’Est.
Nommé brièvement gouverneur provisoire des provinces du Gondar et du Tigré, il épouse en la princesse Medferiashwork Abebe, qui lui donnera 4 enfants.
Un rôle controversé dans le coup d’état de 1960
Alors que son père est en visite d’état au Brésil, le 3 décembre 1960, la Garde impériale dirigée par le Général Mengistu Neway aidé de son frère Germaine, Gouverneur de district, s’empare du Palais Impérial. C’est un nouveau coup d’état. Bien qu’il ne reçoive pas de soutien de la population (hormis des universités) ni de l’église, c’est le Prince héritier Asfa Wossen qui va créer la surprise. Bien qu’il ait été mis sous résidence surveillée (14 décembre) avec l’Impératrice par le Colonel Worheneh alors Chef de la Sécurité Nationale, il lit à la radio une déclaration qui n’est ni plus ni moins qu’une reconnaissance du coup d’état, annonçant qu’il accepte le trône qu’on lui offre et une promesse de réformes de l’empire..
Haïlé Sélassié peut encore compter sur les forces gouvernementales pour contrer le putsch. Alors que le Négus rentre au Soudan, les rebelles sont acculés par les loyalistes du Major-général Mared Mangesha et soutenu par l’Abuna (Patriarche) Basilios (1891- 1970). Tous deux organisent un contre- coup d’état le lendemain. Les frères Neway décident d’exécuter les ministres arrêtés (dont le Ras du Tigré Ras Segoum, petit- fils de Yohannes IV), rassemblés en otage dans le « Salon vert » du Palais impérial puis de se rendre rapidement.
Le 17 décembre, le Négus rentre sous les acclamations de la population, pardonne au Prince héritier et ordonne l’exécution par pendaison de Mengistu Neway trois mois plus tard ; Germaine quant à lui se suicidera. Le coup d’état a des répercussions que l’Empereur ne peut soupçonner. Les étudiants dans leur large majorité ont soutenu le putsch. Le Négus ne fera rien pour contenir leurs ardeurs. D’ailleurs, il a autre chose en tête. Faire de sa capitale, Addis Abeba, le centre de l’Organisation de l’Unité Africaine. En 1963, ce sera chose faîte. L’empire est alors son apogée.
Le rôle d’Asfa Wossen dans ce coup d’état sera très controversé mais dans la plus pure tradition des héritiers de l’Empire. Affirmant qu’il avait été mis sous pression d’accepter l’offre des rebelles, il prétendit également n’avoir eu aucun lien avec les putschistes. Ce que contredira plus tard son épouse également accusée d’avoir orchestré ce putsch. L’état d’urgence est proclamé en Érythrée et comble de tout, une famine éclate dans la province du Wollo et du Tigre en 1972. Des multiples saisons sèches et des terres distribuées à des propriétaires terriens qui les exploitent mal ont mis à mal ces deux provinces impériales. Pourtant les greniers à blé sont remplis mais le gouvernement refuse de les distribuer. Pis l’armée retiendrait les réserves de nourriture pour contraindre les rebelles à se soumettre.
Le bilan de cette famine sera lourd. 200 000 morts, 80% des récoltes et autant du bétail sont perdus. Le gouvernement est accusé d’incompétence et des rapports accusent la noblesse de s’être servi dans les réserves et d’étouffer le scandale (dans son allocution parlementaire, le Négus ne fait pas mention de la famine).. Les images de la famine seront diffusées à travers le monde entier par les médias télévisés internationaux. Le quatre vingtième anniversaire du Négus achève de discréditer l’Empire. Célébré en grandes pompes, l’anniversaire est mal perçu par une population qui vit dans la pauvreté. Au palais, la famille impériale vit dans les intrigues, divisés entre partisans de Teneworq, fille du Négus et le Prince Makonnen, petit-fils du Lion de Juda. La course à la succession a commencé. On sait désormais le peu de cas que le Négus faisait de son fils.
En 1973, Asfa Wossen a une attaque cardiaque. Il est évacué vers la Suisse, accompagné de sa famille. Partiellement paralysé des jambes, d’un côté du corps, le prince héritier était à l’agonie. C’est depuis son lit d’hôpital qu’Asfa Wossen apprend la destitution de son père par les révolutionnaires du Derg et la sienne de sa position de prince héritier. La Cour impériale enterrait le Prince héritier.
Chute de l’Empire
Dans l’armée, la révolte gronde également. Prix de l’essence en constante augmentation, salaires non versés, rupture des relations diplomatiques avec Israël qui les prive d’une aide technique indispensable, les officiers sont pris en otage par leurs propres troupes (Janvier et mars 1974). En Février, rentrant d’une inspection militaire, le Négus trouve sa capitale paralysée par les grèves. Des étudiants aux conducteurs de bus, tous trouvent un prétexte pour paralyser la ville. L’Empereur leur donne satisfaction deux semaines plus tard en retirant tous les projets de loi qu’ils contestent. Le 26 Février Asmara, capitale de l’Erythrée une mutinerie éclate. Le lendemain, c’est l’aviation qui rejoint les rebelles en lançant des tracts depuis les airs. Devant la corruption généralisée, l’Empereur a accepté le 7 Mars qu’une commission militaire (Derg) soit formée et annonce au pays le 14 devant un corps entièrement éthiopien que son successeur sera Zera Jacob, fils d‘Asfa Wossen .
Dans les universités, les étudiants et les professeurs manifestent au coté du syndicat CELU et réclame l’application de 16 mesures dont un nouveau code du travail, sécurité de l’emploi, des retraites, augmentation des salaires, éducation gratuite… Le 11 Mars, l’aviation civile entre dans la grève. L’Eglise copte commence à se diviser. Les prêtres accusent la haute hiérarchie de s’enrichir sur leurs dos. Et les musulmans de donner de la voix également, réclamant la totale liberté de culte.
Le 27 Avril, l’armée arrête tout le gouvernement y compris l’ancien Premier Ministre Akilou Habtewold (démis le 27 Février) et le Ministre de la Défense, la marine se mutine à son tour. Haïlé Sélassie a nommé Lidj Endlkatchev Makonnen Premier Ministre. Il est issu d’un clan féodal et un ambassadeur de renom. L’armée rentre dans ses casernes. Mais le 26 Juin, une mutinerie de la IVème Division éclate et des membres du Parlement sont arrêtés. Le Derg entretient une situation confuse. Il renouvelle son allégeance à l’Empereur mais continue de faire arrêter tous les dignitaires de l’Empire jusqu’au Guide religieux de l’Empereur. Le 3 Juillet enfin, Le Négus accepte les réformes proposées par le conseil militaire mais se heurte à sa noblesse qui voit la fin de ses privilèges. L’armée est exaspérée devant cet Empereur vieillissant et ce malgré la nouvelle nomination le 22 Juillet de Lidj Michaël Imru (né en 1926, fils de Ras Imru, cousin du Négus) à la Primature qu’elle a pourtant soutenu. Des affiches sont placardées à travers toute la capitale appelant à la fin de l’Empire. Les étudiants les plus radicaux reprennent les grèves.
Le 12 septembre vers 10 heures, le Négus est au Palais Impérial. Il voit soudainement entrer dans son bureau des militaires armés qui lui annoncent qu’il a été déposé, le Parlement dissout, la loi martiale proclamée et la constitution dissoute. Le Chef d’Etat- Major le Général Michaël Aman Andom (nommé récemment à son poste le 3 Juillet) s’est proclamé chef de l’état. Pourtant, le Derg hésite à abolir la monarchie millénaire d’Ethiopie et les syndicats n’acceptent pas que les militaires se fassent leurs représentants. Le Négus a renoncé à son titre d’Empereur et a pris celui plus humble de Roi, espérant sauver l’Empire. Le conseil militaire ne l’entend pas ainsi et proclame le Prince héritier Asfa Wossen dans un premier temps Empereur mais sans aucun pouvoir quelconque. Il fallait aussi éviter une contre- révolution conservatrice.
Peu après, c’est la résidence de la Princesse Tenagneworq qui est investie par les militaires, son entourage arrêté.
Bref Roi d’Ethiopie
La situation devient ambigüe .Haïlé Sélassié Ier n’abdique pas et ne renonce pas réellement à ses droits alors que le Derg annonce à la radio l’avènement au trône d’Asfa Wossen comme Roi constitutionnel d’Éthiopie. Asfa Wossen accepte le trône mais s’inquiète vite de la situation politique du pays. Certains militaires du Derg entendent se passer définitivement de la monarchie. Les tergiversations du Général Andom poussent certains comme le Général Tafari Bante (1921- 1977) ou le Général Mengistu Mariam à destituer Andom le 22 novembre et l’arrêter à son domicile. Andom tente de résister avec quelques soldats loyalistes mais blessé il doit se rendre. Il mourra sur le trajet qui le menait à l’hôpital.
Les membres de l’aristocratie sont arrêtés voir exécutés (61 membres le 23 novembre 1974 dont le petit-fils du Négus, l’Amiral Iskander Desta (Ministre des Affaires Etrangères) et deux anciens Premier Ministre Lidj Endelkachew Makonnen et Tsehafi Taezaz Akilou Haptewold, le Général Andom) , la famille impériale assignée à résidence. L’ancien Ras du Tigré, Haile Selassie Gugsa est libéré par le Derg . Vieilli par plus de trente ans de prison, le Prince mourra quelques mois plus tard, oublié. L’épouse de Endelkachew et nièce du Négus, la Princesse Yeshashewok Yilma est arrêtée et emprisonnée (elle n’en sortira qu’en 1982 et survivra peu de temps à sa libération) à son tour. La fille d’Iyassou, Alem Tsehai, qui n’avait pas été inquiétée par Hailé Sélassié ne le sera pas non plus par le Derg . Pour la fille du prétendant, qu’importait ce que représentait le Derg puisqu’il vengeait l’humiliation faîte au Négus Iyassou V, renversé par Haïlé Sélassié en 1930. Mais son rang de Princesse était heurté par le changement de régime. Des partisans d’Iyassou V refirent soudainement apparition. Mesfin Iyassou VII, son héritier, confiné dans un monastère ( ?) se fit proclamer en pleine révolution Empereur avec peu de succès car on remit finalement en cause sa filiation à l’ancien Négus.
Avec le massacre des membres passés ou anciens du gouvernement impérial, Asfa Wossen depuis l’Ambassade d’Ethiopie à Londres ( ou il demeure désormais depuis le coup d’état) est contraint d’émettre une proclamation via la BBC condamnant ces actes d’atrocités et refusant désormais de reconnaître la destitution de son père par ce gouvernement illégitime. Le nouveau gouvernement trace la nouvelle ligne de conduite du pays sans en avertir le nouveau souverain. Le 21 décembre 1974, un programme socialiste Ethiopia Tekdem (Éthiopie d’abord) est distribué à travers le pays. En pleine guerre froide, cette nouvelle situation inquiète les puissances occidentales dont la France et les États-Unis. La France craint que l’Éthiopie ne tente d’annexer sa colonie de Djibouti, les États-Unis que le pays devienne un satellite de l’Union Soviétique.
Le Godjam se soulève. Les monarchistes commencent à s’unifier pour renverser le Derg (Février 1975) alors que celui-ci commencent à nationaliser les secteurs phares de l’économie. Le 4 Mars, le Derg fait voter une loi de réforme agraire qui fait des terres, des propriétés collectives de l’état sans compensations. Les thèses marxistes sont à la mode. L’Eglise est également nationalisée. Rien d’étonnant quant on sait que la coccinelle qui a amené le Négus Hailé Selassié en prison était de couleur .. rouge. Le 17 mars, le Derg annonce à l’Ethiopie que la République a été proclamée et la monarchie définitivement abolie. Le Cameroun, le Gabon ou le Kenya auront tenté en vain de négocier un exil avec le nouveau gouvernement pour le Négus.
D’ailleurs le Négus est devenu aussi un poids lourds pour le Derg divisé. Faut-il l’exiler comme le pensent une majorité du Comité ou l’éliminer dans la plus pure tradition éthiopienne ? Les plus radicaux d’entre eux comme le Général Mengistu Mariam penchent pour cette deuxième solution. L’Empereur vivant, il reste un symbole pour ceux qui refusent le progrès et la modernité ! Telle aurait pu être sa pensée ..
Le 25 août 1975, sa porte de prison s’ouvre. Le Négus est allongé sur son lit, il est fatigué. Ses médecins lui ont diagnostiqué depuis le mois de Mai une tumeur de la prostate. Il se réveille aux sons de la porte. Il n’aura pas le temps de protester, un coussin imbibé d’éther lui est violemment asséné sur la tête. Il ne survivra pas à l’étouffement. Son corps sera livré à la chaux et enterré en catimini.
Sa mort annoncée déclenche des manifestations et des grèves de soutien à l’Empire (environ 10 morts le 26 septembre, les membres du CELU sont incarcérés). En octobre, c’est l’ethnie Amhara qui se rebelle. Le pays sombre dans la guerre civile. Une fois le négus mort, le derg prend acte de la décision d’Asfa Wossen.. La République étant proclamée, la famille impériale est déchue et certains de ses membres emprisonnés comme ses filles, les princesses Ijigayehu (qui meurt en prison en 1977) et Tenagnework (1912-2003) . D’ailleurs le Derg avait déjà manifesté sa volonté d’abolir le régime impérial. Dans un mémorandum adressé à l’ambassade d’Ethiopie, le Derg avait demandé que le souverain soit .. traité en simple citoyen sans traitements de faveur.
Exil impérial
De son exil Asfa Wossen soutient toutes formes de rébellions pourvu que celles- ci le ramène à Addis Abeba. Certains officiers du Derg devant tant d’anarchies pensent d’ailleurs le rappeler. C’est sans compter parmi les plus radicaux du comité. Le 30 janvier 1976, c’est 6 ministres de la Junte qui sont arrêtés. Le 15 février suivant, le Général Kedebe Workou , ancien Commandant de la Garde Impériale est assassiné. Le 10 juillet, c’est une tentative de coup d’état qui échoue. Des officiers du Derg sont arrêtés et fusillés. Le 23 septembre, Mengistu échappe à une tentative d’assassinat. Les représailles et les exécutions qui s’ensuivirent accentuèrent les dissensions au sein du Comité. Le 3 Février 1977, de violents affrontements entre partisans des deux camps militaires éclatent dans la capitale. Le Général Bante tente de s’emparer du pouvoir ; il sera tué dans les combats. Les plus modérés des officiers du Derg favorable à une monarchie constitutionnelle ou une république démocratique sont arrêtés. Le nouvel homme fort de la République Populaire d’Éthiopie s’appelle désormais Mengistu Hailé Mariam.
Le Général Mengistu Haïlé Mariam n’est pas un produit des classes populaires si cher au régime soviétique mais bel et bien issu d’un lignage aristocratique. Bien que cela ne soit pas certain, Mengistu serait le fils du Dejazmach Kedebe Tessema, intendant de la maison impériale attachée à l’ancienne Impératrice Zaouditou Ière et un confident de Ras Makonnen II. D’ailleurs plusieurs rapports d’Ambassades étrangères mentionnent la possibilité que Kedebe Tessama ait été complice dans l’assassinat de l’Impératrice. La biographie officielle du nouvel homme fort préfère parler d’un père esclave d’un aristocrate du Shoa, ce qui expliquerait sa couleur noire de peau. Une différence génétique qui lui fit subir les quolibets de camarades de classe plus clairs de peau comme l’était l’immense majorité des éthiopiens. Une carrière dans l’armée et il gravit rapidement les différents échelons hiérarchiques. Il est parmi les putschistes de 1974 et s’impose bientôt comme l’élément le plus radical du Comité. Sa frustration à l’égard du régime impérial trouve là toute sa place.
L’Éthiopie de 1977 à 1990 va connaître un véritable régime de terreur rouge où les membres du clergé sont pourchassés (nationalisations de leurs biens), les étudiants massacrés ( les universités sont fermées et 6000 étudiants sont renvoyés dans les champs ou contraints d’éduquer les masses paysannes), les Falachas expulsés ou parqués dans des camps, de multiples purges au sein du régime le tout alimenté par l’argent des pays du Pacte de Varsovie, Cuba (présence d’un contingent militaire jusqu’en 1989) et l’Union Soviétique. Malgré une famine en 1984 qui fera 300 000 morts (alors que les célébrations du dixième anniversaire de la révolution coûteront la bagatelle de millions de dollars au pays) due à une politique agraire agressive qui va affamer 8 millions d’éthiopiens et des rébellions qui éclatent depuis l’Érythrée, le régime du Négus Rouge continue sa politique d’auto extermination. Populations déplacées (4 millions en 1985), épuration de l’armée et la marine, exécutions d’officiers qui se succèdent quand ce n’est pas celles d’enfants de 8 à 12 ans, guerres avec la Somalie (1978), la République Populaire et Démocratique (depuis Septembre 1987) va marquer des signes de faiblesses au début des années quatre vingt Dix.
Perspectives de restauration de la monarchie
La guerre civile qui prévaut dans la province érythréenne s’est amplifiée à la chute de l’Empire. En mars 1988 après une série de défaites et de victoires, le Front Populaire de Libération de l’Érythrée progresse vers la capitale. Le Parti Révolutionnaire du Peuple Ethiopien- E.P.R.D (un temps soutien au régime du Derg) a pris les armes dès l’arrivée de Mengistu au pouvoir s’est compromis dans des attentats sanglants contre des membres du Parti Communiste Éthiopien . Mais le bilan révolutionnaire du régime de Mengistu est lourd. Plus d’un million et demi d’éthiopiens ont été massacrés sur ses ordres afin de préserver la Révolution de 1974.
Ainsi pour la majorité opprimée, l’E.P.R.D apparaît comme le mouvement qui va les sauver d’une mort lente. Les monarchistes de l’Union Démocratique Ethiopienne (E.D.U) fondé par Ras Seyoum Mengesha II (fils du premier du même nom, gouverneur de Tigré et assassiné lors du coup d’état de 1961 et marié à la Princesse Aida Desta, petite –fille d’Hailé Selassie) ont rejoint les troupes de l’E.P.R.D. Le retour de la monarchie semble imminente tant le régime en place est détesté et un populaire
Le 8 avril 1989, alors que l’Éthiopie est en proie à un soulèvement et une rébellion militaire contre le pouvoir marxiste du Président Haïlé Mengistu, Asfa Wossen est proclamé dans sa résidence de Londres Empereur d’Éthiopie sous le nom d’Amha Sélassié (ou Amaha Sélassié Ier /cadeau de la trinité). Un an plus tard, la famille impériale déménage aux États-Unis dans l’état de Virginie (octobre). La communauté éthiopienne en exil étant la plus importante, les américains prennent contact avec lui afin de voir si la solution impériale peut être retenue après la chute du marxisme en Ethiopie en 1991. Malgré la mise en place du multipartisme en avril 1991, la chute du Mur de Berlin a stoppé l’arrivée d’armes venues de l’Est et les forces gouvernementales fuient devant les rebelles unis qui avancent sur la route de la capitale. Les États-Unis sont les principaux pourvoyeurs de fonds et d’armes des partis d’oppositions. Le 21 mai, des émeutes éclatent dans la capitale, Mengistu doit s’enfuir au Kenya puis définitivement au Zimbabwe. Dans ses bagages, sa dizaine de Rolls Royce, des valises d’argent et des membres du Derg.
Le Général Tesfaye Kidane (56 ans) Vice Président s’empare du pouvoir dans la confusion et nomme Meles Zenawi (né 1955), un leader de l’opposition et de la rébellion Premier Ministre. Dès la fuite de Mengistu au Kenya, le parti monarchiste de l’E.D.U réclame que le gouvernement impérial soit restauré. Même les partisans du Prince Iyassou Menelik (né 1961) qui se titre désormais Prince Impérial réclament que le descendant du Négus Iyassou V soit ré- installés sur le trône. L’argument principal des royalistes éthiopiens est simple tant dans les faits que la réalité constitutionnelle. Asfa Wossen, il en est justement question au gouvernement de transition. Zenawi a été nommé en juillet Président du Conseil et il n’entend pas se démettre devant un monarque fusse t-il légitime ou pas (le père d’Iyassou Ménélik décédera en 1977). C’est un camouflet. Les États-unis ne soutiendront pas un retour de la monarchie, la France pourtant un ancien soutien du régime impérial, trop occupé à mettre de l’ordre dans ses anciennes colonies en proie à de violentes manifestations démocratiques, ne se préoccupe pas de la situation éthiopienne.
Echec de la restauration et décès
Amaha Sélassié Ier fonde le mouvement monarchiste Moa Ambassa (le lion conquérant), afin de promouvoir la restauration de la monarchie en Éthiopie et annonce qu’il entend rentrer dans son pays. Mais la découverte du corps de l’Empereur Haïlé Sélassié sous le bureau même d’Haïlé Mengistu, le statut négocié avec le gouvernement pour les funérailles d’état de l’ancien négus va provoque une dispute au sein de la famille impériale et force Asfa Wossen à rester aux États –Unis .
Zenawi a fort à faire entre reconstruire un pays dévasté par une dictature marxiste et les intrigues de palais des différents groupes rebelles et partis politiques du nouveau régime (le 19 juin 1991, le Parti Communiste Éthiopien a été interdit). Les monarchistes sont une épine dans le pied de ce républicain convaincu. Les Éthiopiens semblent pourtant acquis à l’idée de la restauration impériale. L’Érythrée vient de se proclamer indépendante (reconnue en 1993) et la perte de la province est ressentie comme une humiliation nationale. Les anciens alliés d’hier sont devenus les ennemis d’aujourd’hui. Entre janvier et mars 1992, les manifestations en faveur du Négus, grandes ou petites, se multiplient dans le pays. La découverte des restes de l’Empereur Haïlé Sélassié le 14 février sous les bureaux de Mengistu va faire l’objet d’âpres négociations entre la famille impériale et Zenawi. Amaha Sélassié veut se servir des funérailles, qu’il exige nationales, pour revenir en Ethiopie. Zenawi refuse catégoriquement. Des dissensions éclatent au sein de l’alliance gouvernementale. Les élections régionales qui s’en suivent sont contestées par les Oromos, les monarchistes n’ont pu se présenter faute de moyens locaux et l’E.P.R.D aurait tendance à utiliser les anciennes méthodes marxistes pour asseoir son pouvoir. Il est certain désormais que Meles Zenawi n’entend pas restaurer le Négus.
Ne s’étant jamais remis de son attaque cardiaque, il meurt le 17 février 1997 après une longue maladie en Virginie. Son corp sera ramené en Ethiopue et enterré dans la crypte impériale la de Cathédrale de a Sainte Trinité à Addis Abeba. Une cérémonie qui sera l’occasion pour les monarchistes de faire valoir leur pouvoir politique soutenu par le patriarche Abune Paulos (1935-2012).
Descendance impériale
De sa première épouse Wolete Israel Seyoum (1906 – 1988), veuve d’un prince avec qui elle vait déjà eu un fils, Asfa Wossen aura une fille . Ce mariage voulu par l’Empereur Haïlé Sélassié afin de conserver l’alliance des Princes du Tigré fut célébré en 1931. Un mariage malheureux. Lors de l’invasion de l’Éthiopie par l’Italie fasciste, elle prend avec sa famille le chemin de l’exil vers Londres puis seule avec ses enfants en Égypte. Le divorce interviendra en 1941. La princesse ne se remariera jamais. Vivant à Addis Abeba, elle ne sera jamais inquiétée par le Derg. Passionnée de peinture, elle fit également très dévote.
- Princesse Ijigayehu Amha Selassie (1934- 1977, assassinée) dont 4 enfants
De sa seconde épouse, Medferiashwork Abebe (ou Ameté Maryam 1925- 2009) dont le mariage fut célébré en 1945, le prince héritier aura 4 enfants. Son rôle controversé lors du coup d’état de 1960 (elle n’est pas arrêtée comme la plupart des membres de la famille impériale et aperçue négociant le ralliement de la noblesse aux putschistes) réduit son rôle à la cour impériale. Brève Impératrice ou Reine d’Éthiopie, elle suit son mari en exil. Elle revient en 1997 lors des funérailles de son mari et s’installe définitivement à Addis Abeba.
- Princesse Maryam Senna (1950 – 1972) dont 2 enfants
- Princesse Sehin Azebe (née en 1951)
- Princesse Sifrash Bizu (née en 1959 ) dont 2 enfants
- Prince Zera Yacob Amha Sélassié II (né en 1953), actuel héritier au trône.