Appel au Peuple
Parti Bonapartiste parlementaire de 1871 à 1940.
Formation et succès de l'Appel au Peuple
La chute de Sedan le 4 Septembre 1870 précipite aussi celle du Second Empire. La République à peine proclamée est déjà menacée par les monarchistes et les Bonapartistes. Ces derniers se regroupent politiquement dans le mouvement « l’Appel au Peuple » (AP) que dirigera le ministre Eugène Rouher (1814- 1884) dès 1872.
Lors de la première législature de Février 1871, c’est 20 députés bonapartistes qui vont venir alors cohabiter avec les 396 royalistes élus face aux républicains qui ont à peine rassemblés 221 sièges. Alliés pour la circonstance, les monarchistes et les bonapartistes sont une force de stabilisatrice dont peine à endiguer les mouvements républicains qui n’hésitent pas par une pétition réclamer la vente de la Corse pour un France symbolique à l’Italie au seul motif que la majorité d’élus corse étaient bonapartistes.
Le 8 Octobre 1871, le Prince Jérôme Bonaparte est élu Conseiller Général d’Ajaccio. A peine arrivé (le 20), il brigue la présidence de l’Assemblée départementale. Cette élection provoque des affrontements entre bonapartistes et républicains dans Ajaccio, forçant le Prince à se retirer le 8 Novembre. C’est l’émeute et les partisans de l’Appel au Peuple seront repoussés violemment par l’armée envoyée à la hâte.
Au plus fort de Février 1875, c’est 76 Bonapartistes qui siègent au parlement. La dissolution de la Chambre en 1877, peu après l’échec de tentative de restauration de la monarchie, va permettre aux Bonapartistes de faire élire 104 députés. L’Appel au Peuple est à son apogée ; il est la 3e force politique du pays (en 1876, il est dirigé par le Duc de Padoue puis un an plus tard par le Prince Murat). Mais le succès va être brisé net avec la mort du Prince héritier Louis- Napoléon (1879) puis par le manque de charisme politique de son successeur. Bonapartistes se déchirent entre partisans du républicanisme césarien et ceux fidèle à la dynastie.
L’affaire Léandri
Le 4 Février 1887, le journaliste Antoine Léandri (né en 1860) publie dans le journal bonapartiste « La Défense » un manifeste appelant ses concitoyens corses à se soulever contre la république et prendre le maquis. Léandri est un fervent partisan de l’empire. Il blessera même le préfet de Corse lors d’un duel.
Son manifeste est clair : Je me révolte. Et je crie à vous tous, qui sentez du sang corse couler dans vos veines: A moi les opprimés ! A moi les vaillants ! A moi les Corses ! Aux armes ! Que Dieu protège la Corse ! Bastia le 4 février 1887. A.Léandri
Le 6 février, le journal royaliste « Le Gaulois » parle de soulèvement en Corse. Le 13, le tribunal de Sarte est victime de tirs des Léandristes. La République s’inquiète d’autant plus que la campagne est alors favorable au vote bonapartiste. Le 28 Février, l’armée est déployée en Corse afin de stopper le mouvement de rébellion. Mais les Léandristes manquent du soutien principal qu’il croyait obtenir. Le parti bonapartiste qui participe aux élections refuse de les suivre dans cette tentative de putsch. C’est un échec. Arrêté en Mai avec son frère Jacques, Antoine Léandri est libéré en Août 1887 sous les acclamations de la foule.
Léandri quittera la Corse pour Paris où il devient avocat et secrétaire particulier du Prince Roland Bonaparte. A-t-il une liaison avec la fille (Marie) du Prince ? Ce dernier le congédié rapidement et Léandri porte l’affaire devant le tribunal avant se voir remettre une forte somme d’argent. Roland Bonaparte a-t-il voulu éviter le scandale pour la famille impériale ? Léandri rejoint alors François Coty et devient son secrétaire politique. Le parfumeur a besoin de ses talents de putschistes et ses connaissances de la Corse mais Léandri meurt en 1933, quelques semaines avant le 6 Février 1934.
La fin de l’Appel au Peuple
L’Appel au Peuple perd ses ténors et le nombre d’élus ne va cesser de décroître au fur et à mesure des élections. En 1889, on ne trouve plus que 44 élus. En 1893, on ne trouve plus de bonapartistes au parlement. Ces derniers s’étant finalement ralliés à la république ou à défaut siégeant avec les mouvements conservateurs (19 en 1893, 5 élus en 1902). Le groupe parlementaire de l’Appel du Peuple disparaîtra même.
Le Comité Central Bonapartiste, très présent politiquement en Corse, lui-même se rallie à la République impériale. L’espoir d’une restauration impériale s’est éteint.
Il faut attendre 1919 pour retrouver une vingtaine d’élus bonapartistes ou apparentés comme tel. L’Appel au Peuple (devenu un parti officiel en 1923 que dirigera le Prince Joachim Murat deux ans plus tard) manquant cruellement de moyens financiers sera dissout par le Prince Louis Napoléon (VI) en 1940, à la veille de la Seconde Guerre Mondiale.
Il ne restait plus alors que deux Députés bonapartistes et à peine 500 adhérents. Les Jeunesses Patriotes avaient capté l’attention et l’adhésion des Bonapartistes républicains.