Monarchisme Birman
Monarchisme Birman
Fin de la dynastie Konbaung
Fondée au début de la seconde moitié du 18ème siècle, la dynastie Konbaung n’est plus que l’ombre d’elle-même lorsqu’âgé de 19 ans, le roi Thibaw Min monte sur le trône le 1er février 1878. Il règne sur la Birmanie amputée de sa partie basse sous domination britannique. Marié à 2 de ses demi-sœurs, il subit déjà l’influence de sa mère la reine Hsinbyumashin et plusieurs haut- fonctionnaires de l’état qui souhaitent la revanche.
Sa montée sur le trône s’est faite dans le sang. La Reine Hsinbyumashin a fait exécuter la plupart des membres de la famille royale (environ une centaine) sous le prétexte que le roi mourant voulait leur dire adieu et a favorisé la montée sur le trône de sa fille et son gendre, un prince fils d'une reine de rang intermédiaire. L’adolescent est manipulé par les tenants de la revanche y compris par son ambitieuse épouse.
La cour royale tente de se rapprocher des français présents en Asie mais en 1885, un incident va provoquer la 3ème guerre anglo-birmane. Refusant de se déchausser devant le roi alors qu’ils étaient priés de le faire lors d’une convocation avec le souverain, les représentants anglais sont alors bannis du royaume. Dans la foulée, le souverain appela à libérer la Basse-Birmanie de l’occupant et infligea une lourde amende à la société Bombay Burmah Trading Corporation , accusée d’avoir fraudé sur l'importance de ses exportations de bois de tek soumises à l'impôt royal. Prétexte de la guerre, elle ne dure que quelques semaines, entre le 22 octobre et le 28 novembre. Le roi est vaincu, ramené comme prisonnier avec son épouse enceinte dans la capitale Mandalay sur un simple chariot. Les britanniques avaient déjà affrété un bateau vapeur qui les amènera tous deux, leur famille, vers un exil sans retour en Inde, dans une maison de tôles.
Thibaw meurt d’un infarctus sans jamais avoir revu son pays en 1916. La reine Supayalay est seulement autorisée à rentrer 3 ans plus tard et meurt le 24 novembre 1925. Les Britanniques lui octroient des funérailles royales et l’enterre à la pagode Shwedagon de Rangoon, entre les tombes de Khin Kyi, mère de l’opposante d’Aung San Suu Kyi, et de l'ancien secrétaire général de l'ONU, U Thant.
Le mouvement monarchiste birman (1916- 1945)
Cadeau du nouvel an 1886 à la Reine Victoria, la Birmanie devient une simple province du Raj Britannique puis colonie jusqu’en 1937.
La révolte contre les britanniques gronde. Les partisans de la monarchie s’organisent mais loin, le souverain exilé n’est plus un symbole, ses filles sous étroite surveillance. Entre 1930 et 1931, le moine astrologue (et érudit de physique) Seya San soulève le pays avec une armée équipée d’épées et de lances puis 1931 se proclame légitime prétendant au trône birman le 23 octobre 1930. Il a reçu le soutien de la veille génération de birmans qui craignent que les anglais ne mettent sur le trône, un étranger. Capturé alors qu’il est en fuite depuis plusieurs mois, le moine est finalement exécuté le 16 novembre à 55 ans par pendaison.
Lors de la Seconde guerre mondiale, le palais de Mandalay est bombardé. Alors que les britanniques reprennent pied sur le territoire Birman, le Lieutenant-General Shōzō Sakurai propose de restaurer la monarchie birmane le 29 mars 1945 (comme en Indochine) mais l’armée japonaise refusera cette option. C’est la dernière fois que le pays entendra parler de restauration. Avec l‘indépendance, la république s’installe (en dépit de certaines assertions faisant allusion à une volonté du Général Aung San de restaurer la monarchie comme plein symbole d’indépendance) mais certains s’empressent d’éliminer tout ce qui rappelle le passé royal.
La famille royale entre démocratie et dictature
Le 10 avril 1948, le prince George Taw Phaya , petit-fils du Roi est assassiné par les communistes qui l’auraientt pris pour un agent de police. La dictature militaire s’installe en 1962 et toute tentative de réhabilitation de la famille royale est abolie. Un autre petit-fils du Roi, Frederick Taw Phaya Galay (1926-2006) entre dans l’opposition se voit assigné en résidence surveillée entre 1970 et 1980. Refusant la main tendue par les militaires qui se parent des atours de la monarchie à travers l’uniforme kaki (ils nommeront la nouvelle capitale « Naypyidaw » qui veut dire Cité royale), il acceptera de collaborer et financer le Front Patriotique Ma-Ma-Ta (1988-1989). Le gouvernement militaire fait reconstruire le palais de Mandalay en 1989 mais au lieu de le rendre à la famille royale, l’occupe et replace le prince en résidence surveillée entre 1992 à 1998.
C’est en décembre 1993, que les descendants du Roi Thibaw sollicitent l’autorisation de ramener en Birmanie (devenue Myanmar) les derniers corps des enfants du souverain via le prétendant Edward Taw Phaya (né en 1924) et le prince U Soe Win (fils de son frère assassiné et qui entre 2006 et 2008 sera nommé au gouvernement comme directeur du protocole au ministère des affaires étrangères) mais les négociations furent un échec. En 2012, de nouvelles négociations eurent lieu pour ramener le corps du Roi Thibaw d’Inde mais une nouvelle fois ce fut un échec.
Le monarchisme birman en 2015
Aujourd’hui, il reste encore une certaine nostalgie pour la monarchie en Birmanie mais les chances de revoir un « éléphant » sur son trône sont assez minces. Selon Democratic voice of Burma, des centaines de birmans assistèrent aux funérailles de Frederick Taw Phaya Galay incluant des politiciens et leaders étudiants. 2 ans plus tard lors d’une rare interview faîte par le journal anglais Télégraph, le prétendant au trône affirmait que ses sorties étaient l’objet de curiosité mais avouait peu quitter sa résidence à cause des restrictions de déplacement dont il faisait l’objet.
Le prince Taw Phaya Myat Gyi (né le 14 mai 1945) est l’actuel héritier de la couronne Birmane. Il n’existe aucun mouvement monarchiste en Birmanie.