Le Comte de Chambord et l'actualité internationale de son temps
Le Comte de Chambord et l'actualité internationale de son temps
Henri d'Artois ne fut pas seulement préoccupé par la restauration de la monarchie mais également des questions internationales de son siècle de l'Europe au bassin européen.
Il ne cacha pas ses positions en faveur du maintien de la Sainte alliance initiée après le Congrès de Vienne en 1815 et notamment une alliance forte entre l'Autriche et la France. Des liens familiaux explique cette volonté de rapprochement autant que politique car l'Autriche a reconnu Louis- Philippe Ier d'Orléans que du bout des lèvres. Charles X à Prague sera d'ailleurs traité en souverain régnant, le mariage de Louise d'Artois ( la soeur du Comte de Chambord) financé par la cour des Habsbourg. Pour Henri d'Artois, l'Autriche était le rempart de la contre-révolution.
De l'unité allemande, il craint un bellicisme forcené et n'approuve guère la création de l'Empire allemand sur les ruines du Second empire qu'il rend responsable des maux de l'Europe et une honte personnelle.
L'unité italienne ne recueille pas ses faveurs non plus. La question romaine l'agite et il soutient ouvertement les états pontificaux contre les Chemises rouges de Garibaldi. Un point de vu partagé par l'ensemble des légitimistes qui se portent dans les années 1859-/1860 au secours du Vatican. Il écrit à ce sujet : "Bientôt on demandera logiquement que de nos lois et de nos tribunaux disparaisse l’idée de Dieu (...) Non, la cause de la souveraineté temporelle du Pape n’est pas isolée : elle est celle de toutes les religions ; celle de la société ; celle de la liberté. Il faut donc à tout prix en prévenir la chute. Sous son pouvoir temporel c’est son pouvoir spirituel que la révolution veut atteindre et c’est à la société, à la religion, à l’Église, à Dieu même qu’elle fait la guerre". Son engagement ne date pas de hier. En 1840, son voyage au Vatican provoque l'irritation du Roi des Français qui tente en vain de faire pression sur le Pape. Il est également est préoccupé par les dangers et menaces révolutionnaires dans les états de Parme et des Deux- Siciles qui appartiennent à sa famille. En Mars 1854, son beau-frère est assassiné. Dans un premier temps, le Comte de Chambord pense venir physiquement soutenir sa soeur devenue régente. Après ce premier geste chevaleresque il se reprend. D'ailleurs, en Octobre sa sœur, au nom de son jeune fils, peut reprendre possession de ses états. Par al suite, le Comte de Chambord supervisera personnellement l'éducation de ses neveux, Robert (1848-1907) et Henri, Comte de Bardi (1851-1905) qui seront, comme leur rang, lors de son inhumation, et la place qu'ils tiennent dans son testament le prouvent, ses héritiers spirituel.
Enfin en Espagne, il prend et fait cause pour le prétendant carliste. Le journal le Temps écrit d'ailleurs à ce sujet le 3 septembre 1874 : "Les deux prétendants ont les mêmes principes, le même but, et ils ne diffèrent entre eux que par les moyens qu'ils emploient. Ils se disent l'un et l'autre rois par la naissance, en vertu d'un droit antérieur et supérieur à la volonté nationale (...). La différence unique, et elle est fort à l'honneur du comte de Chambord, c'est qu'il ne cherche point, comme le prétendant espagnol, à obtenir ce triomphe au moyen de la guerre civile. M. le comte de Chambord approuve cependant la guerre entreprise par Don Carlos". Le Comte de Bardi s'engagera auprès des troupes carlistes se distinguant à la tête de la cavalerie à la bataille de Lacar. Henri d'Artois lui écrit à ce propos :"Je n'ai pas besoin de vous dire combien nous serons heureux, votre tante et moi, lorsque nous parviendra la nouvelle du triomphe de la cause légitime en Espagne."
Il se révèle un fin connaisseur du monde méditerranéen au moins par deux fois au centre des préoccupations du prétendant. Lors de son voyage au Moyen-Orient en 1861 où il prend la défense de la minorité chrétienne maronite du Liban, accueilli comme un souverain officiel par les autorités en place, et ensuite au moment de la rédaction de sa fameuse lettre sur l’Algérie à une époque où le gouvernement impérial de Napoléon III hésitait sur la politique à mener dans cette terre, "dernier cadeau de Charles X à la France". C'est ainsi qu'en Algérie voit débarquer des familles entières de légitimistes venues contribuer à l'essor de cette nouvelle colonie dans une idée de mission civilisatrice. De l'Algérie française, le Comte de Chambord définissait 4 points pour les bases d'une colonisation réelle : le développement,l’instruction,la pacification et la religion.
Profondément ému par l'accueil au Liban, qu'il qualifie de " pays essentiellement catholique et français", il fait ce terrible constat de la politique locale : "Les puissances européennes se jalousent et cherchent à se nuire les unes aux autres ; l’Angleterre veut gagner du terrain en soutenant les Turcs et protégeant les Druzes. Ses journaux n’ont-ils pas osé dire que c’étaient les maronites qui avaient attaqué et que les Druzes n’avaient fait que se défendre ? L’Autriche, par défiance pour Bonaparte et mal renseignée par ses agents, penche du côté de l’Angleterre. La France a perdu de son influence par la conduite anti-nationale du gouvernement actuel"