Le coup d’état monarchiste de 1958 en Haute Volta

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Le coup d’état monarchiste de 1958 en Haute Volta

En octobre 1958, le Moro Naba Kougri Ier tente un coup d'état afin de favoriser la création d'une monarchie constitutionnelle à son profit à la veille de l'indépendance de la Haute Volta (actuel Burkina Faso)

Position de la Haute Volta au sein du système colonial français

Prenant prétexte des troubles dynastiques dans le Yatenga, les français annexent sans difficultés de l’empire Mossi en et impose au Moro Naba (Empereur) un protectorat non sans une certaine pression fiscale importante.

Carte de la Haute Volta au XIXième siècle

En 1908, un soulèvement éclatera avec la complicité de l’aristocratie de Ouagadougou et peut être celle du Moro Naba Kom II, au pouvoir depuis 3 ans. La France coloniale d’ailleurs l’amputera d’un tiers de sa solde annuelle suite à cette révolte et certains comandants locaux ne se prive pas pour mener « tambour battant » une lutte contre le système féodal. Avec la crise économique des années 30, la colonie de la Volta sera sacrifiée au profit des autres colonies voisines comme la Côte d’Ivoire qui présente plus d’intérêts économiques pour le gouvernement français. Décision est prise de scinder la colonie entre le Niger, le Soudan français et le Cote d’Ivoire en 1932. Et c’est cette dernière qui d’ailleurs hérite de la plus grande superficie de la colonie de la Volta. Un grand nombre de voltaïque émigre en Côte d’ivoire en manque de main d’œuvre dans les plantations coloniales et dans la construction du chemin de fer entre Bobo Dioulasso et .. Abidjan.

Cette décision va fortement mécontenter le Moro Naba qui voit son empire divisé . Finalement le 13 juillet 1937, la colonie de la Volta est fondue avec la Côte d’Ivoire pour devenir la Haute Côte d’Ivoire. L’Empereur des Mossis se rend alors à Abidjan rencontrer le gouverneur français et réclamer une meilleur considération des travailleurs mossis dans la colonie. Son plaidoyer lui permettra d’obtenir la nomination d’un administrateur supérieur pour la Haute Volta et d’améliorer par conséquent la situation de son royaume divisé en 7 parties.

Le Moro Naba et le régime de Vichy

Le Moro Naba va devenir le porte- parole du nationalisme voltaïque et de l’aristocratie qui n’admet pas avoir perdu ses privilèges. En face du Moro Naba, une nouvelle élite émergente d’intellectuels qui juge la monarchie mossie dépassée alors que l’Europe plonge dans un conflit mondial.

le Moroa Naba Kom II

Lors de la seconde guerre mondiale, le Moro Naba Kom II se rallie avec contrainte aux autorités de Vichy (la colonie de Côte d’Ivoire étant acquise au nouveau gouvernement qui avait succédé à la IIIième République au lendemain de la défaite de juin 1940 face aux allemands). En avril 1941, un rapport des autorités coloniales recommandent la prudence face au Moro Naba, dont la loyauté envers la France commence à se fracturer. Lors d’un conseil royal, l’Empereur des Mossis avait déclaré qu’il fallait prendre contact avec les Britanniques (un envoyé sera envoyé dans la colonie de Gold Coast afin d’annoncer que les Mossis étaient prêts à collaborer avec les anglais en cas d’invasion), et avec beaucoup d’insolence s’était permis de demander au Gouverneur colonial si il était « toujours français ou désormais allemand ». Le 12 mars 1942, en pleine seconde guerre mondiale, le Moro Naba Kom II meurt assez mystérieusement, âgé de 52 ans. Plusieurs thèse furent avancées dont la responsabilité des autorités coloniales, ravies de se débarrasser d’un sujet devenu opposant, le suicide du Moro Naba qui ne supportait plus la honte de devoir vivre sous le régime de Vichy ou à cause des autorités religieuses qui ne cessaient de réclamer au Moro Naba qu’il divorce de.. ses épouses.. la mort de l’Empereur des Mossis reste encore inexpliqué à ce jour.

Emergence du nationalisme voltaïque

Son fils Saga II (Ousmane Congo) lui succède. Il entend se détacher de la tutelle coloniale et accueille avec ferveur le discours du Général de Gaulle (30 janvier-8 février 1944) à Brazzaville. C’est dans ce contexte que l’Empereur des Mossis crée l’Union pour la défense des intérêts de la Haute Volta (UDIHV). Il s’agit du premier parti politique catholique et dirigé par des chefs traditionnels qui va lutter pour la reconstitution de la Haute Volta, morcelée en 1932 puis rattachée deux ans plus tard à la Côte d’Ivoire.

le Moro Naba Saga II

Déjà son prédécesseur avait tenté de négocier la reconstitution de la Haute Volta. Le 16 septembre 1941, profitant de la nomination du Gouverneur Boisson, il avait écrit à ce dernier pour lui réclamer le retour aux frontières. Le Gouverneur Boisson avait répondu sèchement qu’une telle décision faisait « obstacle à la politique d’unification et de cohésion de l’AOF ».

Les arcanes de la politique coloniale française en Afrique

Lors des élections du 21 octobre 1945, l’UDIHV se retrouve face au candidat baoulé de la Basse Côte d’Ivoire Félix Houphouët- Boigny. Le candidat de l’Empereur des Mossis n’est autre que le Baloum Naba Tenga Ouedraaogo, le Premier ministre du souverain. Âgé de 70 ans, marié à près de 40 femmes et analphabète, le candidat du souverain mossi ne parlait pas le français. C’est finalement le candidat baoulé qui remporte le siège convoité de député par 13750 voix contre 12900 pour le Baloum Naba. Connaissant les intentions de l’UDIHV, le pouvoir colonial avait quelque peu arrangé la victoire d’Houphouët- Boigny, jugé plus enclin à accepter l’autorité coloniale. Mais la faiblesse de la victoire du candidat Houphouët- Boigny montre pourtant que l’UDIHV avait un certain poids politique au sein de la future Haute Volta.

Houphouët- Boigny n’a pas non plus le choix. Afin d’obtenir plus de représentants, il doit négocier directement avec l’Empereur des Mossis et trouver une entente. Cependant pour Houphouët- Boigny, il n’est pas question de séparer la Haute Volta de la Côte d’Ivoire. Saga II accepte finalement de parrainer la candidature d’Houphouët sur la base d’une alliance commune RDA-UDIHV et de parrainer celle du Prince de Konkistenga, pharmacien, Zinda Kaboré. Ouezzin Coulibaly (1909-1958), qui avait l’intention se présenter face au candidat Houphouët-Boigny finit par se désister pour être sur la liste commune. Les colons qui supportaient à la fois le candidat de l’Empereur avaient tenté de manipuler également Coulibaly afin de mettre en minorité le candidat officiel du RDA.

En novembre 1945, Saga II avait écrit au Gouverneur Pierre Charles Cournarié et lui avait demandé la reconstitution de la Haute Volta et tente la voie du chantage en avançant que nombreux chefs de village envisagerait plutôt la présence anglaise que celle de ses compatriotes francophones. En vain. Il renouvelle sa demande le 18 mai 1946 et avance comme argument que « le partage de ces cercles entre trois colonies est contraire à l’esprit du traité de protectorat signé par Voulet et Chanoine avec l’Empereur mossi en 1897 » .

Le 2 juin 1946, Houphouët- Boigny est réélu à la deuxième Assemblée nationale constituante. Il prendre part à l’élaboration de la nouvelle constitution qui donne naissance à la IVième République et dont l’un des articles (n°8) crée l’Union française formée de la France, des départements d’Outre- mer et des territoires et états associés (Afrique, Indochine..).L’Afrique colonisée s’apprête à voter. Pour 16 millions de votants, le gouvernement colonial leur attribue 6 députés, pour les 21000 français de la colonie, 4 députés.

UDIHV contre RDA

Pour la colonie de Côte d’Ivoire, le RDA envoie sur les bancs de l’Assemblée 3 députés (Houphouët-Boigny et les voltaïques Ouezzin Coulibaly (qui s’était désisté en faveur d’Houphouët avant de le rallier) et le royaliste de 27 ans, Philippe Zinda Kaboré (n°2 sur la liste du RDA) qui se voit confier la mission de faire reconstituer la Haute Volta par son souverain. Au plus fort de son apogée, Houphouët- Boigny avait crée le Rassemblement démocratique africain (RDA) dont l’un des buts avoués est de supplanter l’UDIHV avec qui il a fait alliance pour les élections du 2 novembre 1946.

Le 17 juillet 1946, le Moro Naba décide de rencontrer à Ouahigouya le Yatenga Naba Tigré et ce malgré la coutume qui interdisait aux deux Rois de se rencontrer sous le moindre. 9 jours plus tard, il envoie une lettre au Ministre de la France d’Outre Mer et affirme au nom des deux rois et d’autres chefs coutumiers, « le désir de conserver son unité familiale par la reconstitution d’urgence de la colonie de la Haute-Volta ». Il n’y’aura pas de retour du ci devant ministre.

Maurice Yaméogo

Les relations entre le souverain et Kaboré vont se détériorer peu à peu. Le premier reprochant au second de se rapprocher du RDA et de se montrer trop ouvertement indépendant de la cour royale. Le 25 mai 1947, Zinda Kaboré meurt subitement à Abidjan (les médecins diagnostiques une crise cardiaque mais on parlera aussi d’empoisonnement) alors qu’il s’apprêtait à lire un discours. Le Moro Naba, propose alors à la France de lui envoyer un représentant spécial siéger en lieu et place du défunt afin de continuer les négociations. Henri Guissou (1910-1979) est choisi pour cette mission car la France a également changé sa position. Le RDA trop affilié au Parti Communiste français est devenu une menace pour les intérêts de l’Empire. En acceptant la reconstitution de la Haute Volta (19 août 1947), la France espère affaiblir le RDA. C’est une victoire politique pour l’Empereur des Mossis qui désormais va œuvrer pour l’indépendance de son pays dont il espère une couronne nationale. La nomination d’Albert Jean Mouragues comme Gouverneur de la Haute Volta va également profiter à Saga II. Le nouveau gouverneur exerce une forte pression sur le RDA et le 27 juin 1948, ce sont les 3 candidats de l’UDHIV qui font leur entrée au parlement ayant battu leurs adversaires du RDA cantonnés à leurs sièges ivoiriens.

La France saborde le projet monarchique du Moro Naba

En 1952, un syndicat des chefs traditionnels voit le jour. Saga II tient sa place au côté d’Houphouët- Boigny, Prince des Akoués. Le 2 janvier 1956, la Haute Volta envoie 4 députés de l’UDHIV (devenu l’Union Voltaïque/UV en 1951) mais reste une exception ou partout le RDA est majoritaire en AOF. Le mouvement du souverain mossi connaît des dissensions. Joseph Conombo (né en 1917, député de l’UDHIV a crée son propre parti, le Parti social de l'éducation des masses africaines (PSEMA) et part avec deux députés sur 4. Ce n’est pas la première fois que l’UDHIV subit une scission. En 1955, le député Nazi Boni avait crée le Mouvement populaire africain (MPA) L’Union Voltaïque à encore le soutien de l’Archevêque, le très dévot Monseigneur Thevenoud (en poste depuis 1949) qui voit en le RDA, un « suppôt de satan » et le gouvernement colonial, des colons rassemblés au sein du Rassemblement Pour la France (RPF). Aux élections législatives territoriales, l’UV a remporté 13 députés et le RDA que 3 députés. La présidence de l’Assemblée territoriale revient donc à un candidat mossi de l’UV. Le Rassemblement du Peuple Français, organe du parti gaulliste en Haute Volta envoie trois colons sur les bancs de l’Assemblée territoriale. Ouezzin Coulibaly qui s’est présenté en Côte d’Ivoire sous les couleurs du Parti démocratique unifié (crée en Septembre 1956)/RDA accusera le gouvernement colonial d’avoir truqué les votes en faveur de l’Union Voltaïque.

Coulibaly revient en Haute Volta et tente un rapprochement avec un vieillissant Saga II et Joseph Conombo. Si le PDU et le PSEMA acceptent de fusionner, l’Union Voltaïque reste un partenaire. Coulibaly accepte de prendre la Vice Présidence, Conombo la Présidence et le Moro Naba la Présidence d’honneur. Aux élections du 31 mars 1957, le PDU remporte 37 sièges face au Mouvement démocrate voltaïque 26 sièges (autre : 5). Coulibaly reçoit la mission de former le gouvernement de l’Assemblée territoriale qui se composera de 7 ministres du PDU et 5 du Mouvement démocratique voltaïque (MDV) du Prince Gérard Kango Ouédraogo (né en 1925, fils du Régent du Yatenga). Le Gouverneur Yvon Bourges gardera la présidence du Conseil. Parmi les ministres, deux colons français. Jean Leroy, Ministre des Collectivités rurales et le Lieutenant Michel Dorange, Ministre de l’intérieur, membre du MDV.

Relégué à une présidence d’honneur , le Moro Naba ne peut constater combien il s’est fait duper. Pour Ouezzin Coulibaly, Vice –Président du Conseil, il n’est pas question d’instaurer une quelconque monarchie. D’ailleurs, Saga II a le bon ton de mourir le 12 novembre 1954. Son fils Kougri lui succède et reprend le rêve inachevé de son père d’autant plus que la Haute Volta s’enfonce dans une crise politique. Ouezzin qui a transformé le PDU en une Union démocratique voltaïque afin que celui-ci reste affilié au RDA a provoqué l’irritation de Conombo qui refuse d’en entendre parler. En septembre 1957, Conombo claque la porte de l’alliance et reforme le PSEMA. Le PDU se retrouve sans majorité réelle à l’Assemblée. Un Front anti Ouezzin voit le jour et provoque la chute du gouvernement le 17 décembre 1957.

La tentative de coup d’état monarchiste du Moro Naba

L'Empereur des Mossis, Kougri Ier

La Haute Volta est en crise politique ouverte. D’un côté le Front anti Ouezzin (qui a fait élire Nazi Boni (1909-1969), leader du Mouvement populaire africain, crée en 1955, à la tête de l’Assemblée), de l’autre les partisans de Ouezzin Coulibaly, les partisans de la monarchie constitutionnelle et enfin les colons qui refusent toute idée d’indépendance la colonie voltaïque et ivoirienne. Finalement c’est Ouezzin Coulibaly qui réussit à revenir au pouvoir en janvier 1958 grâce une alliance avec Maurice Yaméogo , son ancien ministre de l’économie.

Résolument moderne (de son vrai nom Naoua Laguemba et né en 1921, il avait d’ailleurs épousé Félicité Zagré pour cette raison car elle était la seule africaine de son village à s’habiller en européenne), Maurice Yaméogo avait été élu conseiller général de Kédougou à l’Assemblée territoriale de Côte-d’Ivoire en 1946 et s’était investi de l’héritage spirituel de Zinda Kaboré. Destiné à la prêtrise, renvoyé du séminaire pour son goût trop prononcé pour les femmes, il côtoie le quartier des évolués à Abidjan et prend goût à la politique. Mais entre 1950 à 1957, il entame une traversée du désert après des échecs cuisants à des élections législatives. Suspecté d’être au RDA, il adhère au Mouvement démocrtaique voltaïque et se fait élire à Kédougou. Sur les soixante-dix (70) députés territoriaux, le PDU de Ouezzin Coulibaly en obtint trente-neuf (39), le MDV vingt-six (26) et le MPEA de Nazi Boni, cinq (5). Maurice Yaméogo est nommé ministre de l’Agriculture dans le premier gouvernement local répondant à la Loi-cadre de Defferre.

Grâce à son alliance avec Ouezzin Coulibaly, il devient Ministre de l’intérieur du nouveau gouvernement en 1957 avant de lui succéder à la tête du gouvernement lors du décès brutal de Ouezzin Coulibaly le 7 septembre 1958.

La mort du leader voltaïque ouvre une nouvelle crise politique en Haute Volta d’autant que le 28 novembre 1957, le Moro Naba Saga II était également décédé, laissant son fils le Moro Naba Kougri (Moussa Congo) reprendre le flambeau de la lutte pour l’instauration d’une monarchie constitutionnelle.

La France est désormais désireuse d’accompagner ses colonies vers la voie de l’indépendance. Pour les partisans de la monarchie et le Moro Naba, l’occasion de proclamer la monarchie est toute trouvée. Profitant de ka mort d’Ouezzin Coulibaly, le Moro Naba exige de figurer dans les organes dirigeants de l’Assemblée territoriale. Mais devant le peu d’empressement des députés élus de promulguer une loi favorable au souverain des mossis, celui-ci décide prendre l’Assemblée en otage.

Le 17 octobre 1958, avec 3000 de ses partisans armés d’arcs et de flèches comme de vieux fusils, le souverain des Mossis se présente devant le palais de l’Assemblée Territoriale. Il entend faire pression sur les députés qui doivent se réunir vers11 heures et fait porter une lettre au Gouverneur Yvon Bourges afin que ce dernier valide l’avènement d’une monarchie constitutionnelle. Le gouvernement colonial, ne daignera pas lui répondre. Le souverain des Mossis, revêtu de sa tunique de guerre en coton marron foncé et coiffé de son bonnet de guerre, pénètre à cheval dans le Palais et réclame en vain que les députés votent l’instauration de la monarchie. Il a le soutien du Colonel Chevreau, un des leaders des colons français (il aurait donné l’ordre à son régiment de rester en caserne) et du PSEMA de Conombo. Une épreuve de force s’engage entre le gouvernement colonial et les mossis au fur et à mesure que les heures passent. La Police coloniale et la Garde républicaine interviennent, tirent en l’air sur la demande de Maurice Yaméogo, dispersent la foule et les partisans du souverain mossi.


Armoiries de la République avec les symboles mossis

Le coup d’état du souverain des mossis échoue totalement le 20 octobre lorsque les parlementaires s’entendent finalement pour placer à la tête du gouvernement, Maurice Yaméogo.

Proclamation de la République

C’est donc à Yaméogo que reviendra le privilège de proclamer la République le 10 décembre 1958. Les élections législatives vont conforter la position de Yaméogo. 66 sièges pour l’UDV-RDA et 9 seulement pour le MRV-PRA. Il fait évincer Joseph Ouédraogo de son poste de Secrétaire Générale avant de dissoudre le Conseil municipal d’Ouagadougou dont Ouédrago était le Président (Joseph Conombo est placé à la tête du nouveau comité de gestion de la capitale). L’indépendance proclamée en 1960 sous les couleurs du Rassemblement démocratique africain, il s’empressera de supprimer le rôle et le pouvoir de toutes les chefferies de Haute Volta sur les conseils de la France.

Le Colonel Michel Dorange (leader du mouvement Dorangiste), ancien Ministre de l’intérieur MDVde 1957 à 1958, sera encore député de 1960 à 1962 (un des rares bancs à siéger au sein du parlement voltaïque). Michel Lajus, français nommé Administrateur de la France d’Outre-Mer à 24 ans en 1952 en Haute Volta, devenu intime de « Monsieur Maurice », sera nommé Conseiller spécial du nouveau Président de la République. Les deux français s’étaient longtemps opposés. Le premier qui combattait la chefferie traditionnelle et le second qui appliquait les ordres du gouvernement colonial qui entendait laisser en place les chefferies traditionnelles. Lajus obtiendra en juillet 1959 le poste de Ministre d’état et de Président du Conseil par intérim lors des déplacements du Président jusqu’en 1961.

Le MDV, le MPA et le PSEMA fusionneront en 1958 en un Mouvement du regroupement voltaïque dont Gérard Kango Ouédraogo prendra la tête. Député, il sera Premier ministre de 1971 à 1974 avant de diriger l’Assemble nationale jusqu’en 1980.

La Haute Volta se dote d’un drapeau en bandes horizontales représentant les 3 fleuves volta. Le parti royaliste UDHIV (ou Union Voltaïque) est dissout et en 1962 le pouvoir du Moro Naba sera fortement réduit.

Fin d’un règne

Palais du Moro Naba (1958)

En 1965, entre deux interventions dans les querelles internes de la vie politique voltaïque de la part du Président ivoirien, les voltaïques manifestent quotidiennement dans les rues contre le gouvernement de Maurice Yaméogo.Il faut attendre le coup d’état du Général Lamizana Sangoulé le 3 janvier 1966 pour que la situation se calme. Le nouveau régime militaire rétablit immédiatement le rôle des chefferies traditionnelles. Ce qui n’est pas pour déplaire au Moro Naba. D’ailleurs, dans l’opposition à Yaméogo, le député-roi de Boussouma avait résumé le conflit entre les deux pouvoirs en déclarant au Président : « Nous, on était toujours imbus de ce que nous étions. Tu es le président. On te respecte, mais tu n’es pas autre chose. »

Yaméogo sera libéré en 1970 et part en exil en Côte d’Ivoire .. il occupera le poste de Directeur du Port d’Abidjan avant de décéder en 1993.

Le Moro Naba sera mis en quasi résidence surveillée.