Jean d'Orléans (1874-1940)
Jean III (1926-1940)-Ligne de succession orléaniste.
Prétendant au trône de France sous le nom de Jean III, il était le fils du Duc de Chartres Robert d’Orléans (1840-1910) et de sa cousine Françoise d’Orléans- Joinville (1844-1925).
Baptisé sous les prénoms de Jean Pierre Clément Marie d’Orléans, il est né le 4 septembre 1874 et décèdera le 25 août 1940 à Larache (Maroc). Son corps fut rapatrié en 1957 pour être transféré dans la Chapelle royale de Dreux Eure-et-Loir.
Un Prétendant exilé
Rien ne semblait vraiment conduire ce jeune prince à l’exil puisque la loi républicaine du 26 juin 1886 ne condamnait - sans jugement- à cette peine que les chefs des familles ayant régné sur la France (en l’occurrence le roi Louis-Philippe) ainsi que leur fils aîné. Pourtant la vie allait faire monter le Prince Jean graduellement dans la ligne de succession, potentielle, au trône. Il vit ainsi disparaître successivement ses frères aînés Robert, mort à 19 ans en 1881, et Henri d'Orléans mort sans descendance à 34 ans en 1901 (du paludisme à Saïgon), - puis son propre père, le duc de Chartres, en 1910 - et enfin son beaux-frère Ferdinand d'Orléans, Duc de Montpensier (1884-1924) mort sans enfant et d’une overdose de drogue, vain prétendant au trône d’Albanie en 1912, et enfin Philippe VIII Duc d’Orléans (1869-1926).
Malgré un père volage, le Prince Jean grandit dans l’affection de ses parents. Tôt, il fut initié à la politique. Le Duc de Chartres s’opposait au Duc d’Orléans, Philippe VIII, après que ce dernier eut rallié le Général Boulanger. En effet, Robert de Chartres ne pouvait supporter l’idée de financer ce militaire qu’il accusait d’avoir fait exiler la famille royale et l’avait rayé des cadres de l’armée. Enfin, la rupture des fiançailles entre Marguerite de Chartres (1869-1940) et le Duc d’Orléans restera impardonnable aux yeux du Duc de Chartres (Marguerite d'Orléans épousera en 1896, Marie-Armand-Patrice de Mac-Mahon (1855-1927), duc de Magenta et fils du président de la République Patrice de Mac-Mahon).
Encore que la soeur du Duc de Guise, Marie d'Orléans (1865-1909 ré-haussera le prestige de la famille en épousant le Prince Valdemar de Danemark (1858-1939).
Contraint de s’exiler, le Duc de Guise s’installe au Maroc en Juin 1909 sous le pseudonyme d’Orliac. Les conséquences de cet exil furent douloureuses comme ce choix de servir dans l’armée du … Danemark et ce pendant huit ans. Lorsque la première guerre mondiale éclate, il cherche à s’engager dans l’armée française mais la République lui opposera une fin de non recevoir tout comme la Belgique et le Royaume- Uni. Il trouva néanmoins une parade en offrant à la Croix –Rouge, son château de Nouvion en Thiérache pour qu’elle en fasse un hôpital (dit numéro 27) en échange de la charge de Directeur- général . Son zèle à exercer durant la guerre lui vaudra de se voir remettre le 27 juillet 1919 de la part du Président Poincaré (1860-1934), la Croix de guerre.
Pendant la guerre 14-18 le Prince fut chargé –mais trop tardivement pour pouvoir être efficace – d’une tentative d’obtenir une paix séparée auprès de la cour de Bulgarie dont le Roi Ferdinand Ier était le petit-fils de Louis- Philippe Ier.
A la fin de la guerre mondiale, il revient à Larache (Maroc) en 1918. Et de prendre la succession de Philippe VIII le 28 mars 1926. Cependant, il choisit de ne pas trop s'éloigner de la France en s'installant au "Manoir d'Anjou" en Belgique, demeure acquise par Philippe VIII. C’est depuis Palerme où il était allé se recueillir sur la dépouille de son prédécesseur Philippe VIII qu’il fit la déclaration suivante, déclaration qui ne laisse aucun doute sur des intentions : « Chef de la maison de France par la mort de Mgr le duc d'Orléans, j’en revendique tous les droits, j’en assume toutes les responsabilités, j’en accepte tous les devoirs ».
Une épouse, trois filles et, un fils enfin !
Jean d’Orléans fut titré Duc de Guise , à la demande son grand-oncle le duc d’Aumale, par Philippe VIII le jour de son mariage (30 octobre 1899) avec sa cousine germaine Isabelle d'Orléans (1876-1961), fille de Philippe VIII. De cette union qui scellait la réconciliation entre les Chartres et les Orléans, quatre enfants seront issus de ce mariage :
- Isabelle d'Orléans (1900-1983) qui épouse, en premières noces, le Comte Bruno d'Harcourt (1899-1930) puis se remarie au Prince Pierre Murat (1900-1948)
- Françoise d'Orléans (1902-1953) qui épouse le Prince royal Christophe de Grèce (1889-1940), fils du Roi Georges Ier de Grèce
- Anne d'Orléans (1906-1986) qui se marie à son cousin germain le prince Amédée de Savoie-Aoste (1898-1942), duc d'Aoste et vice-roi d'Éthiopie.
- Henri VI d’Orléans (1908-1999), prétendant au trône de France
Jean III contre l’Action française
Bien que les rumeurs affirment qu’il porte peu de goût à la politique, le Prétendant au trône va entrer en conflit avec Charles Maurras, leader de l’Action française. En effet, le Duc de Guise supporte mal la mainmise de Maurras sur les royalistes et va tenter de s’en séparer afin de reprendre les rênes du mouvement royaliste. Il est rejoint dans ce combat par son fils, plus virulent et critique envers Charles Maurras, le dauphin Henri d’Orléans (titré en 1929 le Comte de Paris).
Il va trouver un allié involontaire en la personne de l’épiscopat comme le Cardinal Andrieu , Archevêque de Bordeaux qui dénonça publiquement l’athéisme de l’Action française puis en décembre de la même année, le Pape Pie IX qui condamnera le mouvement royaliste, excommuniant les membres qui refuseraient de se désengager du mouvement.
En 1933, le Comte de Paris, futur Henri VI publia, avec l’autorisation de son père, un trimestriel « Questions du jour » sous-titré « Organe officiel de propagande et de liaison de la maison de France » (qui deviendra en 1934 « Courrier royal »). Le 30 janvier 1933, le Duc de Guise publie un manifeste : « La monarchie n’est pas un parti. Elle ne naît pas des querelles électorales (..).. » (Manifeste du Duc de Guise)
En France, les événements politiques se sont accélérés. La IIIième République est corrompue et discréditée par de nombreux scandales financiers, les gouvernements se succèdent les uns après les autres. Les Ligues d’extrême-droite manifestent quotidiennement à Paris, menacent la République d’un imminent coup d’état. En janvier 1934, le Comte de Paris réclame à son père la convocation des dirigeants royalistes au manoir d’Anjou (Maurras, Maurice Pujo..).La réunion entre l’Action française et le Duc de Guise sera dès plus houleuse. Le 6 février 1934, les ligues dont l’Action française tentent de marcher vers l’Assemblée nationale afin de forcer la fuite des députés et provoquer une crise de régime. C’est un échec qui coutera la vie à 16 personnes.
Le jeune Comte de Paris accuse Maurras d’inertie et d’avoir raté la prise du pouvoir qui aurait ramené la monarchie en France (L’Action française est interdite par décret gouvernemental le 6 décembre 1935 et dissoute . ; dans la théorie). Une nouvelle étape politique est franchie en juin 1937 : « J’ai confié à mon fils, le comte de Paris, la tâche de coordonner et de diriger de haut les différentes énergies qui, chaque jour, s’offrent plus nombreuses au service de la monarchie. Cette tâche est inspirée d’une volonté et d’une espérance qui nous sont communes au comte de Paris et à moi-même ». Le 21 mars 1937, le Prétendant écrit dans le « Courrier Royal » que : «c’est autour des Princes tous les royalistes doivent se grouper ». Le message s’adresse directement à l’Action française.
La rupture fut encore plus complète le 22 novembre 1937 lorsqu’une nouvelle fois, le « Courrier Royal » publie un manifeste du Duc de Guise déclarant les enseignements de l'Action française « incompatibles avec les traditions de la Monarchie » et « met fin à la confusion entre l’Action française, qui est un parti, et la Maison de France ». La réaction de l’Action française ne se fera pas attendre. Le mouvement ordonne à tous ses adhérents d’annuler ses abonnements au « Courrier Royal » qui perdra la moitié de ses lecteurs. Cette forte tension n'avait pas empêché naguère les camelots du roi de consacrer au Duc de Guise une chanson dont les paroles commençaient par « Vive les Camelots du Roi, ma mère »: « Vive le duc de Guise ma mère, Vive le duc de Guise ! Servir la France est sa devise, Vive le duc de Guise !». Car si la rupture avec Maurras fut effective, les royalistes continuèrent de reconnaître Jean III, Prétendant au trône.
Lorsqu’il meurt le 25 août 1940, le Duc de Guise laissait un conséquent héritage financier hérité des nombreux domaines forestiers qu’il avait hérité des différents membres de la famille d’Orléans dont ceux du Duc d’Aumale.
Bibliographie
Le royalisme . Philippe du Puy de Clinchamps . Que sais-je,n° 1259. ( Ouvrage épousant le point de vue orléaniste)
Liens externes
- [1]: Mort du prince Henri d’Orléans , frère aîné de jean III (nécrologie).
- [2]: Chanson de l'Action française à la gloire du prince.
- [3]: Blog de la Couronne/photos d'archives du Duc de Guise.
- [4] : Page facebook du Chateau de Nouvion en Thiérache
- [5] : Archive de l'INA sur les émeutes du 6 février 1934
- [6] : Journée du 6 février 1934