Robert II dit le Pieux (vers 970-996-1031)
Robert II dit le Pieux (vers 970-996-1031)
Fils d’Hugues Capet et d’Adélaïde d’Aquitaine, Robert le Pieux est roi de France de 996 à 1031. Son union avec Constance de Provence, fille du Comte de Toulouse, permet de réunir le sud de la France au royaume de France.
Un roi capétien à la titulature héritée de jure d’un roi mérovingien
Succédant à son père Hugues Capet (941-987-996) le 24 octobre 996 , il prit le nom de Robert II . En faisant suivre son nom du numéro cardinal "II ", il prenait reconnaissait l’existence du Carolingien Robert I, qui avait ceint ceignit la couronne des Francs entre 922-923.
La piété, parfois incertaine, du roi Robert
La postérité peut faire bien les choses. Ainsi en a t’il été du souvenir de ce roi, né et sacré à Orléans, de "taille élevée, la chevelure lisse et bien arrangée " ( d’après Guizot) .
Elève en théologie de Gerbert d'Aurillac ( futur pape Sylvestre II) , parlant latin, féru de musique religieuse ,généreux envers les pauvres , et fondateur de très nombreuses implantations religieuses ( dixit Guizot), Robert II était connu pour son pardon envers ses ennemis tout en veillant à la mise en oeuvre de « la paix de Dieu » (limitation des effets des guerres seigneuriales) proclamée à Orléans le 25 mai 1010 .
Pour autant, ce fût ce même roi qui encourra l’excommunication pour mariage « consanguin . Autre comportement que l'on trouverait sans doute excessif aujourd'hui, l'exécution par le feu d' une dizaine de clercs de la cathédrale Sainte Croix d’Orléans pendant les fêtes de Noël de l’an 1022.
Le roi de l'an mil
Monté sur le trône en 996, Robert II fut donc confronté avec ce que les historiens à venir qualifièrent, mais à posteriori, de terreur millénariste annonciatrice, déjà , de la fin du monde. Or s'il est exact que le début du règne ne fut pas « un lit de roses », invasion des Normands et des Sarrasins, épidémie de peste, famine dans les campagnes (1010, 1030) , problèmes de subsistance des citadins, pluies froides et continuelles...) marquèrent son règne.
La laborieuse pérennisation de la couronne
Pour pouvoir transmettre sa couronne à son fils, la condition sine qua non était avant toute chose d’organiser son mariage.
Le futur Robert II le fut bien avant son intronisation. Agé de dix huit ans et sur ordre de son père, il convola avec la veuve du Comte de Flandres Rozala dont la dot apportait Montreuil et le comté de Ponthieu. La considérable différence d’âge entre les époux , (18/50) poussa le jeune Robert à la répudier ... tout en gardant la dot.
A la veille de porter la couronne, Robert se maria une seconde fois avec Berthe de Bourgogne. Las , une double parenté , jurdique (cousine au 3 éme degré) et spirituelle (Robert était le parrain du dernier enfant né du premier mariage de sa nouvelle épouse) conduisit le Pape Grégoire V à les sommer de se séparer sous peine d’excommunication.
Un tableau de Jean-Paul Laurens (1875) conservé au Musée d’Orsay (Paris) en conserve l’effrayante trace. Robert II ayant fini par obéir, dans la douleur, il put se marier en 1003 avec Constance de Provence, à la beauté fameuse mais au caractère oh combien difficile. Alix naîtra vers 1003, en 1007 la suivra Hugues (associé le 9 juin 1017 au trône de France mais qui décéda en 1025). En 1008 verra le jour le futur Henri I er à son tour associé au trône le 14 mai 1027 malgré l'opposition de sa mère qui lui préférait son fils puiné Robert (né en 1011 précédé d'Adélaïde et suivi de Eudes en 1013) .
En 1030, faisant peu de cas de leur père, ses enfants le futur Henri Ier et son frère Robert se révoltèrent contre lui. Le décès de ce "prince-moine" au château de Melun sis dans l'île Saint Etienne , des suites d'une forte fièvre, le 20 juillet de l’année suivante couronna, en quelque sorte son œuvre, puisque ce fut son fils Henri Ier qui lui succéda.
Le défunt roi Robert II fut inhumé dans la basilique Saint Denis, à Paris.
La naissance de la loi fondamentale du royaume de primogéniture mâle
Dans le but d’assurer une transmission de sa couronne et de prévenir les risques de coup d’état à son décès, Robert II le Pieux fit sacrer roi son fils aîné Hugues le 9 juin 1017 à Compiègne (60200) par l ‘archevêque de Reims Arnoul et l'associa au trône. Malheureusement la mort de celui-ci le 17 septembre 1025 rendit inutile les précautions prises par le roi Robert II pour assurer sa succession.
Il réunit alors une assemblée de barons et d’évêques afin de désigner son nouvel héritier. La règle de la primogéniture défendue par Fulbert de Chartres fut alors adoptée au bénéfice d’Henri, certes seulement son deuxième fils, mais devenu l’ainé à la suite du décès de son frère Hugues.
Henri fut sacré à Reims, par anticipation, le 14 mai 1027, par l'Archevêque Ebles. La règle de primogéniture ainsi appliquée allait devenir une loi fondamentale du royaume.
Le roi pose les fondements d’un royaume
Au nombre du travail de fourmi auquel se livra ce roi figure assurément la conquête de la Bourgogne (1002-janvier 1016) excepté Dijon. Bourgogne dont son fils Henri Ier ne parviendra pas à garder.
L'habileté stratégique de Robert II tenait au fait qu' en octobre 1002, Henri, duc de Bourgogne, était mort sans laisser d’héritiers légitimes. Fils d’Hugues le Grand, le défunt était l’oncle de Robert II, qui estima donc pouvoir réclamer le duché au nom du sang familial. L’acquisition de la Bourgogne ne fut pas la seule annexion du Roi.
Bouchard le Vénérable, comte de Vendôme et ami d’Hugues Capet, meurt en 1007. Le Comté de Melun et le Comté de Dreux, jadis propriété d'Eudes II de Blois, fils de sa deuxième épouse Berthe de Bourgogne, rejoignirent alors la couronne royale .
A la même époque le titre de Comte de Paris disparaît. Le roi Robert II affirma que le Comté lui revenait de droit et releva symboliquement le titre. Enfin, la ville et le Comté de Sens sont rattachés au royaume en 1015.
Attaché son royaume, il refusa néanmoins le trône de Lombardie qu'on lui proposa en 1024.
Bibliographie
- Chabannes (Adémar de), Chronique , traduction Yves Chauvin, Brepols, 2003.
- Glaber (Raoul), Histoires ( Chroniques de l’an mil ), Paris : Paléo, 2000.
- Fleury (Helgaud de), Vive Robert le Pieux , traduction Robert-Henri Bautier, Paris : CNRS, 1993.
- Renoux (Annie), « Palais capétiens et normands à la fin du Xe siècle et au début du XIe siècle », dans Le roi de France et son royaume autour de l’an mil , Paris : Picard, 1992, p. 179-191.
- Aurillac (Gerbert d’), Correspondance , édition Julien Havet, Paris : Picard, 1889.