Monarchomaques
Les monarchomaques (Étymologie : ceux qui combattent les monarques) s'attaquent au "despotisme" des monarques absolus et mènent leur combat à coup de libelles et de pamphlets. Leur doctrine aboutit à l’idée que la finalité de l’État est dans la prospérité de tous les membres du corps social. Ils mettent en avant la notion de contrat entre la population et le souverain tout-puissant.
Opposants à la monarchie
Ces opposants à la monarchie absolue sont apparus dans la seconde moitié du XVIe siècle même si le théoricien écossais, Georges Buchanan, a vécu de 1506 à 1582. Il est possible de les classer, non parmi les régicides ce qu’ils ne sont pas, mais parmi les tyrannicides car, enseignent-ils, c’est quant l’absolutisme royal confine à la tyrannie que le meurtre du roi qui l’incarne est licite. En cela, ils sont les adeptes de la souveraineté du peuple. Rappelons que ce « peuple » n’est pas « la multitude mais un corps, distinct des individus qui le composent, supérieur à eux, et dont la personnalité juridique et morale s’exprime par l’intermédiaire des États-Généraux…" (Dictionnaire de l'Ancien régime).
Nés chez les protestants qui voulaient soumettre en France les monarques aux États-Généraux, voir Théodore de Bèze (1519-1605) notamment, c’est in fine chez les catholiques après la conversion jugée peu fiable d’Henri IV au catholicisme que les idées des monarchomaques connurent une certain développement en particulier grâce au théologien Jean Boucher (né vers 1548, mort à Tournai en 1644), membre de la Sainte Ligue qui regroupait les ultras catholiques.
Des monarchomaques célèbres
- Théodore de Bèze (Vézelay 1519-Genève 1605)
Théodore de Bèze est le premier recteur de l'Académie que Calvin fonde à Genève en 1559. En 1561, il dirige la délégation protestante au Colloque de Poissy et préside en 1571 le synode de la Rochelle durant lequel la «confession de foi» des Églises réformées de France est adoptée. En 1563, il succède à Calvin à la direction de l'Église de Genève et prend la direction ecclésiastique et intellectuelle du mouvement réformé international.
- François Hotman (Paris 1524 - Bâle 1590)
Il adhère à la Réforme vers 1547. Fuyant les persécutions, il quitte la France pour la Suisse où il bénéficie du soutien de Calvin. De retour en France, il rejoint le roi Antoine de Navarre dont il devient maître des requêtes. Il se partage alors entre son travail de pamphlétaire, son rôle auprès du roi de Navarre ou du prince de Condé et son enseignement. En 1572 il est à l'université de Bourges lorsque éclatent les massacres de la Saint-Barthélemy auxquels il échappe de justesse. Il s'enfuit alors à Genève et y enseigne le droit romain.
Postérité des Monarchomaques
Ceux-ci semblèrent ne pas survivre ni à l’échec de la Ligue ni surtout à l’assassinat d’Henri IV, le 14 mai 1610. Pour autant, ils parurent revivre en France avec la Fronde pendant la minorité de Louis XIV. Pourquoi ne pas les revoir aussi à l’œuvre dans les mouvements souterrains qui préparent la Révolution Française ?
Bibliographie
- Lucien Bély, Dictionnaire de l’Ancien Régime, 1996, PUF- V° Monarchomaques (Arlette Jouanna) (page 850).
- Arlette Jouanna, La France du XVIe siècle, 1483-1598, 2012, Quadrige, Presses Universitaires de France (pages 479 à 491).
Liens externes
- Les monarchomaques et la contestation du pouvoir absolu, publié sur le site Musée protestant.