Le Mouvement national pour la stabilité et le progrès
Le Mouvement national pour la stabilité et le progrès (NSDV)
Le Mouvement national pour la stabilité et le progrès (Национално движение за стабилност и възход (НДСВ/NDSV) est un mouvement monarchiste centriste qui lutte pour la restauration de la monarchie et le retour sur le trône de l’ancien Roi et ex- Premier Ministre Siméon II de Saxe Cobourg-Gotha.
La monarchie Bulgare
Fondée sur les ruines de l’empire Osmanlis (ou Ottoman) en 1887, c’est le petit-fils de Louis-Philippe Ier de Bourbon-Orléans, le Prince Ferdinand Ier de Saxe Cobourg-Gotha (1861-1948) qui inaugure la dynastie qui va occuper le trône de Bulgarie jusqu’en 1946.
Allié aux Empires centraux, le Tsar (Roi) Ferdinand Ier doit abdiquer le 3Octobre 1918 en faveur de son fils Boris III. Royaume troublé par les aléas d’une politique des partis, Boris III finir par imposer son pouvoir mais afin de survivre, sera contraint de rejoindre l’Allemagne nazie. Mort le 28 Août 1943 dans des circonstances toujours non élucidées après une entrevue avec le Chancelier allemand Adolf Hitler, c’est un enfant de 6 ans, Siméon II, qui lui succède sous la tutelle d’un triumvirat de régents. L’Union Soviétique, qui occupe le pays à la fin de la seconde guerre mondiale, mettra fin à la monarchie par un référendum truqué le 8 Septembre 1946 .
Le renouveau monarchique en Bulgarie
A la chute du régime communiste bulgare en Novembre 1989, des manifestations spontanées éclatent dans tout le pays pour réclamer le retour du Roi Siméon II, exilé en Espagne. C’est plus de 20000 personnes qui le 3 Mai 1991 accueillent la Princesse Marie-Louise (née en 1933), sœur du Roi, à Sofia. Les manifestations se succèdent en faveur de la monarchie et oblige le gouvernement socialiste (formé des anciens communistes) à annuler un mois avant la date prévue le référendum prévu qui posait aux bulgares le choix du mode de gouvernement, la République ou la monarchie (5 Juin 1991). Le 22 Septembre 1991, un discours enregistré permet aux Bulgares d’entendre Siméon II qui remet en cause la légitimité du référendum et appelant les bulgares à aller voter pour la démocratie lors des élections législatives du 13 Octobre 1991.
Le 17 Mars 1992, Ahmad Dogan leader du Mouvement des droits et Liberté est le premier opposant à rencontrer Siméon II à Madrid et se prononcer pour la restauration de la monarchie.
Autorisé à se présenter aux élections, les monarchistes se présentent sous l’étiquette du mouvement Fédération du Royaume de Bulgarie. Malgré les pressions exercées et le peu d’accès aux médias comme bon nombre de partis anti- communistes, le mouvement monarchiste obtient 1,8% des voix (100883 votes). Le gouvernement du Parti socialiste bulgare (PSB) interdit au souverain de revenir en Bulgarie mais autorise la veuve du Roi Boris III, la Reine Jeanne de Savoie (1907-2000) pour une courte visite le 25 Août 1993. Aux élections du 18 Décembre 1994, le mouvement Fédération du Royaume de Bulgarie obtiendra 1,4% des voix (73 205 voix).
Il faut attendre mai 1996 pour que Siméon II soit autorisé à revenir en Bulgarie accueilli par 500 000 personnes. Aux élections du 19 avril 1997, c’est l’Union des Forces Démocratiques (UFD) qui remporte les élections avec 131 députés face aux 58 élus du PSB. Les mouvements monarchistes se sont ralliés à l’UFD (bien que le parti ne soit pas favorable au retour de la monarchie) et seront inclus dans la coalition gouvernementale qui va diriger le pays jusqu’en 2001. 3 jours avant le scrutin, Siméon II avait effectué une visite surprise et réclamé un référendum sur la question de la monarchie.
En 1998, le gouvernement bulgare restitue son passeport à Siméon II et plusieurs propriétés confisquées par le régime communiste. Cependant le roi devra mener une bataille juridique pour retrouver la propriété des palais de Krichim dans le centre du pays, de Vrana, Tsarska Bistritsa et Sitnyankovo. Pour ce qui est de Krichim, le roi est débouté par une décision du Tribunal suprême de Sofia en juin 2012. En 2018 c'est un tribunal de Sofia qui estime qu'il doit rendre à l'État le palais et le parc de Vrana (à l'entrée de Sofia) où il réside. Le roi déclare alors qu'il se sent « sali et humilié » et qu'une telle décision le « pousse à reprendre la route de l'exil » (cité dans Courrier international du 31/08/2018). L'État a gagné contre lui deux autres procès pour reprendre les résidences de Sitnyakovo et de Capugol. Mais, le 12 octobre 2020, une décision du Tribunal suprême de cassation rend au roi Siméon et à sa sœur, la princesse Marie-Louise (Maria Louisa Hrobo depuis son second mariage), le palais Tsarska Bistritsa, construit pour le roi Ferdinant Ier dans un domaine de 21 hectares, près de la station de ski de Borovets dans le massif montagneux de Rila au sud-ouest du pays.
En 1998, le gouvernement avait entendu arborer les armoiries du Royaume de Bulgarie comme symbole national. Certains élus du Parlement souhaitant des armoiries avec un lion non couronné, d'autres avec une couronne. Pour trancher, les députés votèrent l'adoption d'un blason avec la couronne des Tsars de Bulgarie du XVIe siècle.
Le Mouvement national Siméon II (MNSII)
Durant 3 ans, le Roi parcourt le pays afin de se faire connaître d’un pays qui jusque là ne conservait de lui que la mémoire d’un enfant. Le 28 Avril 2001, dans un discours publique, il annonce la création du Mouvement national Siméon II (MNSII) qui voit le jour le 17 Juin de la même année et sa participation aux élections législatives. D’un point de la constitution bulgare, l’ancien souverain ne peut occuper le poste de Président de la République car il ne possède pas les 5 ans de présence requise sur le sol bulgare mais peut néanmoins occuper celui de Premier Ministre.
Le MNSII tente de fédérer les mouvements d’opposition autour de Siméon II mais c’est un échec. Chacun décide de partir sous sa propre bannière y compris les autres mouvements monarchistes qui ont contribué à son retour en Bulgarie. Le 17 Juin 2001, le MNSII remporte les élections législatives et doit former un gouvernement de coalition avec le Mouvements des droits et libertés (MDL) et des mouvements mineurs socialistes
- Elections du 17 Juin 2001 :
Mouvement national Siméon II (monarchiste du Centre) : 42,7% (120 sièges) Mouvement des droits et libertés (minorité turque) allié à la Fédération du Royaume bulgare : 7,5% au MDL (21 sièges) Coalition pour la Bulgarie (ex-communistes) : 17,1% (48 sièges) Union des Forces Démocratiques (droite républicaine) : 18,2% (51 sièges) Union Nationale pour le Tsar (monarchiste) : 1,7% Coalition Siméon II (monarchiste) : 3,4% Coalition Union du Tsar Kiro (monarchiste) : 0,6% Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne : 3,6% Union Bulgare : 0,7% Autres : 3%
Nommé Premier ministre le 24 Juillet 2001, Siméon II avait promis en 800 jours de redresser la situation économique du pays mais l’ancien monarque va laisser derrière lui un bilan mitigé. Si il est acquis que Siméon II a réduit l’inflation de son pays, remis la Bulgarie au centre des intérêts européens, baisser le chômage (18% en 2001 à 12% en 2005) et une augmentation du taux de croissance (4%), arrimé la monnaie nationale (Lev) à l’Euro, il n’aura pas réussi à endiguer la corruption et la criminalité très présente dans le pays depuis la chute du communisme. Enfin, le Roi va décevoir les monarchistes en ne rétablissant pas la royauté comme ses partisans le souhaitaient (en effet, il n’a jamais abdiqué et s’est toujours considéré comme le Roi légitime du pays). Les Bulgares vont aussi lui reprocher de confondre les biens de la Bulgarie avec ceux de sa famille et de trop voyager à l’extérieur. Voyages réalisés dans le cadre d’une réhabilitation de l’image de la Bulgarie en Europe.
Lors des élections du 17 Juin 2005, la Bulgarie opère un vote sanction contre le Roi et son parti politique qui n’obtiendra que 19,91% des voix (725314 votes) soit à peine 57 sièges. De facto, le MNSII perd le pouvoir mais reste la deuxième force parlementaire du pays. Après des négociations, le MNSII accepte de rejoindre une coalition gouvernementale dirigée par les socialistes (tous deux alliés au Mouvement des droits et libertés) et reçoit les postes clefs de la Justice, de la Défense, l’Administration et des Affaires Européennes. Cependant, la coalition monarcho- post communiste n’arrive pas non plus à endiguer la corruption qui s’est installée dans le pays, se fragilise par des crises internes (échec de la privatisation de la société Bulgartabac et tensions avec le MDL) et se retrouve une nouvelle fois sanctionnée aux élections de Juin 2009.
Le Mouvement national pour la stabilité et le progrès (NDSV ou MNSP)
Le parti royaliste décide de changer ses statuts et de se renommer Mouvement national pour la stabilité et le progrès (Nacionalno dviženie za stabilnost i văzhod) le 3 juin 2007. Mais malgré ce changement de nom,le NDSV perd les élections du 17 juin 2009 avec seulement 3,4% des votes (127340 voix) et tous ses représentants au parlement.
Siméon II annonce le 6 juillet 2009 qu’il renonce à diriger le mouvement qu’il a fondé. Lors du 5ème Congrès du mouvement le 28 novembre 2009, c’est l’ancienne Ministre de l’Emploi (2003-2005) Christina Christova (née en 1954) qui a été élue à la tête du NDSV.
Lors des élections présidentielles du 23 octobre 2011, le NDSV a soutenu la candidature de son ancienne Ministre des Affaires Européennes, Megdelena Kuneva qui se présentait comme indépendante non sans s’être entourée de membres du NDSV dans son comité de campagne. Elle obtient 14% des voix .
Elections municipales et législatives
Le NDSV a remporté lors des élections municipales du 28 Octobre 2011 8 mairies clefs dont 2 grâce à une coalition avec les socialistes. A Sofia, le candidat du NDSV a échoué à prendre la capitale et a obtenu un score de 2% . Le mouvement politique de Siméon II a toute fois fait élire moins d’une cinquantaine de conseillers municipaux dans 7 autres municipalités.
On est loin du score réalisé par le MNSII lors des élections municipales de 2007 ou malgré un vote général de 2,7% en sa faveur, le découpage électoral avait permis au mouvement de prendre 141 mairies.
Lors des élections législatives de mai 2013, les faibles résultats (1.63%) du NDSV a provoqué la démission de Christina Christova et son remplacement par Antonia Parvanova (née en 1962) , élu le 27 octobre 2013.
Elections européennes
Affilié à l’Internationale libérale, le NDSV a participé aux élections européennes le 20 Mai 2007 et a obtenu 6,27% des votes (121398 des voix) soit 1 député. Celles qui suivront le 7 Juin 2009, le NDSV obtiendra 7,96% (205146 voix) soit deux députés.
Lors des élections européennes de 2014, il fait partie d'une coalition électorale qui réunit le NSDV, intitulée « КОД – Антония Първанова, Илияна Раева – ОБ, НДСВ, СДП », mais ne remporte aucun mandat de député (0.9%).
Liens externes
- [1] : Site officiel du NDSV(Bulg., Angl.)
- [2] : Elections de 2005 en Bulgarie
- [3]: Situation de la Bulgarie en 2007 sur le site de l'Ambassade de France à Sofia
- [4]: Site officiel de la Députée européenne NDSV Antonia Parvanova (Angl.)
- [5]: Situation de la Bulgarie à la veille des élections de 2005 (Fr.)
- [6] : Situation de la Bulgarie à la veille des élections de 2005 (Fr.)
- [7]: Elections en Bulgarie (Fr.)
- [8]: Relations entre la Bulgarie et l'Europe (Fr.)
- [9]: Article du courrier des Balkans sur la défait du NDSV aux élections de 2009
- [10]: Site d'informations Bulgare sur les élections de 2011 (Angl.)