Philippe d'Orléans (1838-1894)
Philippe VII (1850-1894) Ligne de succession orléaniste.
Louis-Philippe-Albert d'Orléans est né le 24 août 1838 au palais des Tuileries (Paris) et décédé le 8 septembre 1894 à Stowe-House (Royaume-Uni). Il a été inhumé à Weybridge et c'est seulement en 1958, sur l’initiative du comte de Paris, qu'il a été transféré dans la chapelle royale de Dreux (Eure-et-Loire).
Après avoir un moment envisagé de le nommer « prince d’Alger », son grand-père, Louis-Philippe Ier, le titre comte de Paris, titre jamais porté depuis Robert le Fort, prince royal de France (titre donné au dauphin chez les orléanistes) il devint l’héritier au trône au décès de son père, le prince Ferdinand-Philippe qui trouve la mort dans un accident de voiture à cheval en 1842.
Lors de la révolution de 1848 qui met fin à la monarchie française, le prince devient prétendant au trône sous le nom de Louis-Philippe II, puis en 1883 après la mort du comte de Chambord, sera connu sous le nom de Philippe VII. Il a régné quelques heures sur la France le 24 février 1848.
L’enfance d’un Prince orphelin
La naissance du Prince Louis-Philippe est un gage d’avenir de la monarchie française et de continuité dynastique pour le Roi Louis Philippe Ier (1773-1850). Sa mère, la princesse protestante Hélène de Mecklembourg-Schwerin (1814-1858) a épousé le fils aîné du Roi des Français, le Prince Ferdinand-Philippe de Bourbon-Orléans. Issu du Grand-Duché de Mecklembourg-Schwerin (Allemagne), c’est un mariage qui ne ravit guère les cours européennes, à l’époque plus légitimiste qu’orléaniste. Même le Grand- Duc de Mecklembourg –Schwerin, tentera en vain de convaincre sa sœur de renoncer à ce mariage qui sera prononcé le 30 Mai 1837. Quant à la Reine Marie- Amélie de France (1782-1866), catholique convaincue, elle s’offusquera tant bien que mal de la religion réformée de sa bru. Enfin l’Archevêque de Paris, Monseigneur de Quélen, ouvertement légitimiste refusera catégoriquement de bénir le mariage dont les cours européennes se font les « gorges chaudes »
Un mariage qui sera heureux puisque après la naissance du futur Philippe VII, Hélène de Mecklembourg –Schwerin et Ferdinand Philippe donneront naissance également naissance au Duc de Chartres, Robert d'Orléans (1840-1910).
Le 13 Juillet 1842, le jeune Comte de Paris devient orphelin d’un père, victime d’un accident de voiture (cabriolet) sur la route. Le Roi des Français est âgé et il est peu probable qu’il voit les 18 ans de son petit- fils. Afin de palier à tout vide politique en cas de décès du souverain, un testament nomme un de ses fils, Louis Duc de Nemours (1814- 1896), comme probable Régent. Une décision qui n’est pas sans agacée la Duchesse d’Orléans qui s’estime pourtant être destinée à ce rôle. Pour Nemours, certainement une consolation après avoir échoué au trône de Grèce en 1825 et celui de Belgique en 1830/1831.
La mère du Comte de Paris est très affective avec ses enfants et on lui doit l’introduction en France du sapin de Noël (1840). Elle est dotée d’un fort caractère et s’oppose souvent à son beau-père. Le choix de l’éventuel Régent est aussi mal perçu par la population française qui s’est habituée au libéralisme de la Monarchie de Juillet. Hors, le Duc de Nemours est connu pour ses positions conservatrices.
La crise et les scandales financiers vont bientôt mettre fin à la monarchie des Ducs d’Orléans instaurée en 1830.
Le combat d'une mère pour un trône virtuel
Le 24 Février 1848, Louis Philippe Ier d’Orléans vient d’abdiquer en faveur de son petit-fils le Comte de Paris. A l'annonce de cette nouvelle, le prince s'exclame "ce n'est pas possible !". La révolution va marquer le prince Louis-Philippe. Le Duc de Nemours qui se sait peu aimer décide de remettre la Régence à la Duchesse d’Orléans, réfugiée au pavillon de Marsan, tandis que le Roi et la Reine prenaient le chemin de l’exil. Nemours ordonnent le renforcement de la garde autour du Palais- Bourbon afin de permettre aux députés réunis dans la Chambre de proclamer le règne de Louis- Philippe II. La Duchesse d’Orléans, toujours vêtue de son habit de deuil, pénètre alors avec son fils dans l’enceinte du Parlement sous les applaudissements. De fait, son fils aîné est Roi des Français. Mais malgré une atmosphère favorable à la famille royale, les débats autour de la proclamation du Comte de Paris s’envenime. Les députés légitimistes (élus) attaquent violemment la famille royale, certains députés parlent de République, une foule menaçante envahit bientôt le parlement. la Duchesse d’Orléans et son fils sont évacués vers l’hôtel des invalides. Les insurgés en arme profitent de l’anarchie qui règne au sein du Parlement pour envahir totalement l’hémicycle, drapeau rouge au vent, et de l’évacuer manu militari. Il ne faudra que quelques heures pour que la République soit proclamée. Louis –Philippe II n’avait quant à lui régné à peine le temps d’une journée. Le 27 Février, où elle la Duchesse d’Orléans et son fils quittait la France pour la Belgique puis vers l’Allemagne.
Dans l’affolement de la fuite de la Chambre, la Duchesse avait été séparée durant 3 jours de son second fils, le Duc de Chartres, recueilli par un boulanger de la capitale
L’exil
Durant deux ans, le Duchesse d’Orléans évite ses beaux parents et en particulier la Reine Marie- Amélie qui lui garde rancune des événements de 1848. Le 26 Mai suivant l’abdication du Roi des Français, la République avait voté une loi de bannissement de la famille royale et tenta en vain de déposséder les Orléans de leurs biens privés.
A l’aube de sa mort, le 26 Août 1850, Louis- Philippe Ier avait vu la nécessité d’une fusion entre les deux mouvements monarchistes et s’en était confié dans une lettre la Duchesse d’Orléans : « Mon petit-fils ne pourra jamais régner au même titre et aux mêmes conditions que moi qui ai fini par échouer. Il ne peut régner que comme roi légitime. Il y a pour lui plusieurs manières de devenir roi légitime : si le duc de Bordeaux mourait, si le duc de Bordeaux abdiquait, si le duc de Bordeaux régnait mais n'avait pas d'enfant, Paris devient roi légitime. Il doit rester en mesure pour toutes ces chances-là ».
Hélène de Mecklembourg- Schwerin et ses enfants faisaient de fréquents voyages entre l’Angleterre et l’Allemagne où le Prince continua son éducation. Opposée à Henri V, Comte de Chambord, elle suivait comme tous les Princes d’Orléans les soubresauts de la politique française. La révolution de 1848 avait laissé les légitimistes se réinstaller au Parlement. Plus de 200 légitimistes catholiques avaient été élus aux élections du 23 et 24 Avril 1848 pour une assemblée de 880 sièges. La Seconde République n’avait de république que la théorie et peinait à s’installer dans une France qui appelait de nouveau les Bourbons au trône. Les monarchistes s’étaient rassemblés au sein du Parti de l’ordre et avaient envoyés sur les bancs du Parlement 450 députés (sur 750).
Mais la Duchesse d’Orléans avait mésestimé les actions du Prince Louis- Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier, qui réussit à se faire élire Président de la République le 10 Décembre 1848 et qui s’est installé au Palais de Élysée. Cohabitation de fait entre les monarchistes et le Prince- Président Bonaparte qui se soldera par la victoire du dernier lorsque Louis Napoléon prendra le pouvoir par la force le 2 décembre 1851.
Un prince d’Orléans sur les traces de La Fayette lors de la guerre de sécession
Le 23 Janvier 1852, Le Prince- Président fait confisquer les biens de la famille Orléans et les redistribue aux œuvres sociales. « Le premier vol de l’Aigle ! » dira l’avocat monarchiste Dupin.
Ce n’est qu’en 1857, que la Duchesse d’Orléans et ses enfants s’installent en Angleterre. Le Second Empire a été proclamé le 2 décembre 1852 et la perspective d’une restauration de la monarchie s’est éloignée. Le Comte de Paris perd sa mère le 17 Mai 1858 et lui et son frère vont tromper l’ennui de leur vie d’exil en se passionnant pour le combat des anti- esclavagistes aux États-Unis. Lorsque la guerre de sécession éclate, le Comte de Paris et le Duc de Chartres s’embarquent et partent rejoindre l’armée nordiste en compagnie de leur oncle, François d’Orléans, Prince de Joinville (1818-1900).Ce n'est pas leurs premières expériences militaires. Sous un faux nom, Robert duc de Chartres, s'était engagé dans un régiment sarde et se bat au côté des soldats français contre les autrichiens. Mais lorsque le Roi de Sardaigne se retourne contre le Pape, afin de ne pas blesser la Reine Marie-Amélie d'Orléans démissionnera.
A l'heure arrivée, ils sont reçus par le Président Lincoln à Washington mais Joinville devra se contenter de se promener comme civil dans les camps, aquarelle à la main il peint des scènes de vie.
Officiers d’Etat- major dans l'armée de l'Union affectés au renseignement, le comte de Paris et le duc de Chartres s’illustreront néanmoins à la bataille de Gaines Mill, le 27 juin 1862. Et même ici, les royalistes s'affrontent idéologiquement. Les légitimistes seront favorables à la cause sudiste, Napoléon III appuiera les Confédérés afin de pouvoir assurer tranquillement la mise en place de son futur état mexicain alors que les partisans des Orléans vont soutenir les Yankees. Mais l'intervention de Napoléon III va gêner les américains qui ne pourront plus rester au sein de l'armée. Impressionné par les tourments de la guerre, le Comte de Paris ramènera avec lui (1863) une histoire de la guerre civile de 7 volumes qui reste toujours une référence historique.
Le Général (nordiste) Mc Clellan qualifiera les Princes de France :"de chics types et de remarquables soldats".
Fonder une famille
De son union le 30 mai 1864 à Kingston-Tur-thamise au Royaume-Uni avec sa cousine germaine l'infante franco-espagnole Marie-Isabelle d'Orléans (1848-1919) naîtront huit enfants. La Reine Marie –Amélie, grand- mère du couple princier, avait assisté à cette union avant de décéder en 1866. Un mariage qui fera naître une rivalité entre son épouse et sa cousine Françoise de Joinville qui se serait bien vu l'épouse du Comte de Paris et qui devra se contenter du Duc de Chartres.
- Marie-Amélie d'Orléans (1865-1951) qui épousera le Roi Charles Ier de Portugal (1863-1908)
- Philippe VIII d'Orléans (1869-1926) duc d'Orléans qui épousera l'Archiduchesse Marie-Dorothée de Habsbourg-Lorraine (1867-1932.
- Hélène d'Orléans (1871-1951) qui épouse Emmanuel-Philibert de Savoie (1869-1931), Duc d'Aoste
- Charles Philippe d'Orléans (21 janvier -8 juin 1875)
- Isabelle d'Orléans (1878-1961), qui se marie à son cousin Jean III d'Orléans (1874-1940), Duc de Guise
- Jacques d'Orléans (5 avril 1880-22 janvier 1881)
- Louise d'Orléans (1882-1958), qui épouse à Carlos de Bourbon (1870-1949), prince des *Deux-Siciles et Infant d'Espagne
- Ferdinand d'Orléans (1884-1924), Duc de Montpensier, qui épousera Marie-Isabelle Gonzalez de Olaneta e Ibarreta (1897-1958), marquise de Valdeterrazzo.
Un prince activement en quête du trône
A la chute du Second Empire le 4 Septembre 1870, le Comte de Paris est affecté par la défaite de son pays face au Prussien qui s’empare de l’Alsace – Lorraine. La famille d’Orléans, par patriotisme, se précipite en France avec le Prince de Joinville et le Duc Henri d’Aumale (1822- 1897), fils de Louis- Philippe Ier. Mais si leur présence est tolérée sur le sol français, le gouvernement provisoire qui s’installe ne les autorise pas à s’engager (sauf le Duc de Chartres qui se fait engagé sous le nom de Robert Le Fort dans les gardes mobiles de Seine-Maritime). La IIIième République a été proclamée, elle expulse les membres de la famille royale et les déclare "danger public". Le gouvernement provisoire avait d'ailleurs signé sans le savoir l'avancement du duc de Chartres qui s'était distingué en organisant la retraite de son régiment dans des conditions difficiles
Aux élections du 8 Février 1871, la famille d’Orléans fait son retour en politique. Le Duc D’Aumale et le Prince de Joinville sont élus au Parlement. Le Duc d’Aumale est devenue une figure politique très respectée et on songe à lui pour la candidature prochaine au poste de Président.
Mais le manifeste d’Henri V, Comte de Chambord, sur son attachement au drapeau blanc empêchera cette candidature du Duc d’Aumale et c’est un orléaniste, Adolphe Thiers (1797- 1877), qui occupe la présidence dès le 31 Août 1871. Mais l’ancien Président du Conseil n’entend pas céder ses prérogatives au Comte de Paris ou au Comte de Chambord. Au Comte d’Haussonville, Thiers déclare : « Comprenez moi, au fond je désire que cela tourne pour les princes d’Orléans, mais à présent pas tout de suite. Il faut absolument, je ne sais pour combien de temps, le terrain neutre ». Il avait pourtant reçu le soutien de toute la droite monarchiste. Le 26 décembre 1871, Thiers proclamait son soutien à la république devant des Princes d’Orléans médusés à l’Assemblée.
Des tractations ont lieu entre les représentants du Comte de Paris et le Comte de Chambord qui s’est installé à Anvers. Henri V refuse de venir en France alors que rien ne le lui interdit. On lui soumet divers projets. Donner la Lieutenance –Générale du Royaume au Duc d’Aumale, soutenir la candidature du même Duc au poste de Président .. mais le Comte de Chambord reste intransigeant notamment sur le drapeau tricolore qu’il refuse d‘adopter. Quant à Thiers, sa position est devenue inconfortable. Il est attaqué tant par les monarchistes que les bonapartistes, eux aussi revenus sur le devant de la scène. Il avait tenté de concilier les Orléans en leur restituant leurs biens le 9 Novembre 1871 et autorisant leur installation en France mais les monarchistes l’avaient accusé de duperie. Pis, Thiers après avoir rencontré le Comte de Paris, le 1er Juillet 1871, avait déclaré : « À dix pas, il a l'air d'un Allemand, à trois d'un imbécile ».
Le Comte de Paris, revenu à Paris, négocie directement avec les légitimistes depuis le 25 Juillet 1872 (Aumale, ayant perdu son fils, s’est retiré des négociations). On parle de rapprochement, les monarchistes parlent d’unité et de fusion, le Comte de Chambord parle du vote de Philippe Egalité, père de Louis- Philippe Ier, qui avait voté la mort de son cousin Louis XVI. Le Comte de Paris est vexé, les négociations sont gelées entre les deux prétendants.
Sur le plan politique, Adolphe Thiers est victime de sa politique. Il est obligé de démissionner le 24 Mai 1873 et céder sa place au légitimiste Maréchal et Duc de Magenta Patrice de Mac- Mahon. C’est la République des Ducs. Encore divisés, les légitimistes se sont opposés à la candidature du Duc d’Aumale et le leader parlementaire orléaniste, le Duc Albert de Broglie (1821-1901) s’en méfiait. Vice – Président du Conseil depuis le 25 Mai 1873, De Broglie reprends les négociations avec le Comte de Chambord qui refuse toujours de devenir «le roi légitime de la révolution ». Le 3 Août 1873, le Comte de Paris et le Comte de Chambord se rencontre à Frohsdorf.
Le Comte de Paris reconnaît Henri V, Comte de Chambord comme chef de la Maison de France: « Je viens en mon nom, et au nom de tous les membres de ma famille, vous présenter mes respectueux hommages, non seulement comme au chef de notre maison mais comme au représentant du principe monarchique en France ». C’est la réconciliation attendue. Mais le Comte de Chambord sans enfants, le Comte de Paris n’en demeure pas moins qu’il reste son probable successeur. En effet, cette soumission témoignait par ailleurs d’un réalisme politique certain puisque le comte de Chambord n’ayant pas d’enfant ; le Prince d'Orléans pouvait espérer lui succéder rapidement, opérant ainsi la fusion des deux branches (Légitimiste et Orléaniste).
Le refus du Comte de Chambord de reconnaître le drapeau tricolore fait échouer définitivement entre le 30 Octobre et le 12 Novembre 1873 toute les tentatives de restauration de la monarchie par le parlement. Le Duc d’Aumale et le Prince de Joinville seront approchés pour accepter la régence mais tous deux se refusent à prendre le pouvoir qui leur est offert.
Conservateur et royaliste, le gouvernement de Mac- Mahon chutera le 30 Janvier 1879. Le Comte de Paris n’avait apporté aucun soutien au Duc de Broglie, lorsque revenu aux affaires (il avait été renversé le 16 Mai 1874 et était revenu à la tête de la Présidence du Conseil le 17 Mai 1877), il avait tenté de nouveau de restaurer la monarchie avec les appuis des quelques élus monarchistes en Mars 1876 (40 Orléanistes et 24 légitimistes).
La mort du comte de Chambord le 24 Août 1883 sans que la fusion n’ait produit les effets escomptés, la comtesse de Chambord et un grand nombre de légitimistes préférant soutenir Jean III (Bourbon), comte de Montizon, la République allait s’acharner sur le Comte de Paris qui signait désormais ses courriers de Philippe (au grand dam de ses oncles) et qui songeait partir en Afrique.
La Loi d'exil
Le peu d’intérêt de Jean III (Bourbon) pour ses prétentions au trône de France lui fait perdre ses partisans qui rallient désormais le prétendant orléaniste au trône, Philippe VII.
Pour se justifier, le Comte de Paris déclare : « En 1830, on a voulu rompre avec la tradition et se rattacher à la Révolution. Il était naturel que mon grand- père prît le nom de Louis- Philippe. Aujourd’hui, il faut renouer avec la tradition ! Je ne dois m’appeler que Philippe».
Un acte qui le faisait également rompre avec l’idéologie orléaniste incarnée par le Duc d’Aumale.
La IIIième République vit dans le fantasme quotidien des complots monarchistes ou bonapartistes, surveillent la famille royale comme impériale qui par ailleurs se détestent cordialement. Sur le plan politique, Philippe VII est plus actif que le Prince Victor Napoléon Bonaparte. Il échappe même à un attentat anarchiste en Mars 1884. Mais bien que les monarchistes occupent le terrain politique ce sont pourtant les bonapartistes qui rassemblent le plus d’élus au parlement. Aux élections du 14 et 28 Octobre 1877, 104 bonapartistes sont élus face à 44 orléanistes et 11 légitimistes.
Le 14 Mai 1886, le Comte de Paris fiance sa fille la Prince Amélie à l’héritier du trône portugais, Dom Carlos de Bragance. Tout le corps diplomatique est invité aux fiançailles sauf le Ministre des affaires Étrangères et Président du Conseil de la République, Charles de Freycinet (1828-1923) qui n’a pas reçu son carton d’invitation. On crie « vive le Roi ! », on parle de la fin de la république, le « Figaro » fait des éloges de ces fiançailles, le Parlement s’émeut d’une capitale investie par tant de royalistes. Depuis les élections d’Octobre 1885, les bonapartistes de l’Appel au Peuple (65 élus), les monarchistes (73 élus) et 63 conservateurs se sont réunis pour former l’Union des droites soit un total de 201 sièges sur 576. Le gouvernement du Président Jules Ferry s’était empressé de mettre en disponibilités plusieurs princes Bourbons qui servent l’armée (les Duc de Chartres, de Nemours, d’Aumale et d’Alençon ) ou d’autres comme le Prince Murat. La Gauche radicale qui permet à la république de maintenir sa majorité parlementaire parle ouvertement de faire voter une loi d’exil des Princes de France.
Les fiançailles sont l’occasion pour le gouvernement de Freycinet de faire voter cette loi au motif que la famille royale menaçait la sécurité de l’état. Le 11 Juin, la Chambre votera la loi d’exil par 315 voix pour contre 232 voix., à peine une courte majorité par le Sénat (141 voix contre 107). Les Princes Bourbons et Bonaparte se voient signifier l’interdiction de séjour du territoire à vie. Ministre de la Guerre depuis le 7 Janvier 1886, le Général Boulanger (1837-1891) épure l’armée de tous les cadres royalistes et bonapartistes de l’armée.Il est à l'origine de cette loi (alors qu'il niait qu'il devait son grade au Duc d'Aumale, on publia une lettre de remerciement du Général Boulanger qui le mis dans l'embarras). Le Duc de Nemours doit démissionner de la présidence de la Croix Rouge. Le Comte de Paris doit partir de nouveau en exil en Angleterre et s’installe au château de Stowe House. 12000 royalistes avaient fait le déplacement au Chäteau d'Eu pour saluer une dernière fois le prétendant.
Le 15 septembre 1887, le Comte de Paris propose aux français un pacte national. Aidé par un « conseil des Sept »,formés autant de personnalités proche des deux mouvances,Philippe VII souhaitait proposer un programme politique aux français.Publié sous le titre "Instructions aux représentants du parti monarchiste en France" , le Comte de Paris cherche à réconcilier deux légitimité : celle, historique, de la couronne et celle, démocratique, de la souveraineté nationale. Il s'agit d'expliquer aux royalistes la méthode pour rétablir la monarchie et l'organisation des pouvoirs publics qui en résulterait. Philippe VII récuse ainsi toutes tentatives de putsch qui permettraient une restauration de la monarchie et s'affirme à l'attachement et au respect du suffrage universel.Il exclut totalement la maison de Bourbon d'Espagne de la succession au trône.
Dans les dernières années de son exil, Philippe VII emploie sa fortune à éponger les dettes du Roi Louis II de Bavière en échange d’un soutien de l’Allemagne en cas de restauration de la monarchie. Le Chancelier Bismarck n’a d’ailleurs jamais caché son soutien à une restauration de la monarchie en France. Mais Louis II de Bavière ne se préoccupera guère de gérer ces éventuelles négociations. Politiquement, il va soutenir le Général Boulanger dans sa conquête du pouvoir. Évincé de son poste en Décembre 1886, le Général Boulanger se veut revanchard contre cette République qui l’ignore. Les monarchistes comme les républicains conservateurs et les bonapartistes vont utiliser cet officier populaire mais le putsch qu’il tente en 1889 est un échec. Peu rancunier, Philippe VII ,qui avait financé le mouvement du Général Boulanger tout en laissant entendre qu’il n’était pas opposé au principe du référendum pour valider la restauration de la monarchie, est discrédité. Toutes ses actions avaient fortement irrité le Duc d'Aumale, conflit de génération au sein de la maison royale de France.
Le 28 Août 1889, Philippe VII rédige un manifeste dans lequel il appelle à une révision de la Constitution. Par cet acte, le Comte de Paris espérait, en vain, récupérer l’électorat du Général Boulanger.
Enfin son fils et héritier, Philippe, tente en Février 1890 de se faire inscrire pour effectuer son service militaire. C’est un échec et le Prince héritier est immédiatement arrêté, condamné à 2 ans de prison pour être entré illégalement en France puis renvoyé vers Londres. Cette affaire vaudra au Prince Philippe le surnom de « Prince Gamelle ».
Le 16 Février 1892, le Pape Léon XIII reconnaît officiellement la République de France. Pour les monarchistes, c’est un coup dur d’autant que le Comte de Paris n’a pas su exploiter les nombreux scandales financiers qui fragilisent la IIIième République. Aux élections législatives, le nombre d’élus monarchistes n’a cessé de décroître. 58 monarchistes (9.98% des voix) seront à peine élus le 3 Septembre 1893 au Parlement puis 44 élus (7.52%) aux élections de mai 1898. Les derniers à siéger au parlement français jusqu'en 1902.
Le Comte de Paris décède le 8 Septembre 1894 sans avoir revu la France.
Testament politique du Comte de Paris
"Il m'a toujours paru fort imprudent, même pour les Princes et les hommes d'Etat qui ont joué un grand rôle parmi leurs contemporains, d'écrire un testament politique. Pour qu'un tel document puisse être vraiment utile à leurs successeurs, il faudrait qu'ils eussent reçu le don de lire dans l'avenir, don qu'il faut remercier Dieu de nous avoir refusé.
Aussi, au moment où je me prépare tout particulièrement à paraître devant ce souverain Juge, n'ai-je pas l'intention de tracer une ligne de conduite à mon fils. Il connaît mes pensées, mes sentiments, mes espérances ; il aura toujours pour guide la conscience de ses devoirs et l'amour passionné de la France qui est la tradition invariable de notre Maison.
C'est à mes amis que je tiens à dire un dernier adieu, au moment de terminer une vie: que je n'ai pu consacrer aussi utilement que je l'aurais voulu au service de noire pays. Et je ne m'adresse pas seulement à ceux avec qui j'ai été en relations directes. J'appelle amis ou amies toutes les personnes, quelle que soit leur condition sociale, qui, de mon vivant, ont l'ait des vœux pour le succès de la cause monarchique et qui prieront Dieu pour moi au jour de ma mort. Ce m'est une consolation de songer qu'elles se souviendront de moi, lorsque des jours plus heureux luiront sur la France, lorsque, comme je le souhaite avec ardeur, les passions politiques et religieuses qui divisent en ce moment si profondément les enfants d'un même pays seront apaisées.
Cet apaisement ne pourra être que l'œuvre de la monarchie nationale et traditionnelle. Seule, elle pourra réunir dans un effort commun tous les dévouements, tous les élans généreux, qui, à l'honneur de notre pays, ne sont le monopole d'aucun parti.
Lorsque je ne serai plus, j'espère que la France rendra justice aux efforts que j'ai faits, au lendemain de ses désastres, pour l'aider à chercher à se relever en revenant au principe monarchique. En 1873, j'ai été à Frohsdorf pour écarter tous les obstacles personnels et pour donner l'exemple du respect absolu du principe héréditaire, dans la Maison de France. Dix ans après, le parti monarchique montrait sa vitalité et son esprit politique en ne se laissant pas ébranler par la transmission du dépôt traditionnel qui passait du représentant de la branche aînée au représentant de la branche cadette.
J'ai cherché à répondre à la confiance que ce grand parti avait montrée à son nouveau chef en travaillant à fusionner les éléments divers dont il se composait. Le résultat des élections de 1885 montra adversaires politiques y répondirent par l'exil. Je n'avais rien fait pour le provoquer, si ce n'est d'exciter leurs alarmes. Je ne fis rien pour l'éviter, et je le subis comme l'une des plus dures conséquences de la situation que me faisait ma naissance.
J'ai poursuivi sans relâche dans l'exil l'œuvre commencée sur le sol français, au milieu des circonstances les plus difficiles. J'ai pu me tromper parfois sur les hommes et sur les choses, mais je l'ai toujours fait de bonne foi, et j'ai le droit de dire que tous mes actes n'ont jamais été inspirés que par mon dévouement à la France et à la cause que je représente.
Mon but a toujours été de conserver le dépôt du principe traditionnel dont ma naissance m'avait constitué le gardien, et de prouver à la France que ce principe n'avait rien d'incompatible avec les idées modernes, avec notre état social actuel.
En transmettant cet héritage à mon fils aîné, je demande à tous mes amis de se serrer autour de lui. J'ai confiance dans l'avenir; j'espère qu'ils partageront cette confiance. Elle sera leur soutien au milieu de toutes les épreuves et le gage de leur succès final.
Je ne puis pas croire, en effet, que Dieu ait pour toujours abandonné la France, le pays auquel il a donné, saint Louis et Jeanne d'Arc. Or, pour qu'elle se relève, il faut qu'elle redevienne une nation chrétienne. Une nation qui a perdu le sentiment religieux, où les passions ne sont plus contenues par aucun frein moral, où ceux qui soutirent ne trouvent pas un motif de résignation dans l'espoir de la vie future, est destinée à se diviser, à se déchirer, à devenir la proie de ses ennemis intérieurs ou extérieurs.
Le premier devoir de mes amis est donc d'arracher la France à la voie funeste qui la conduirait à une telle catastrophe. J'espère que, dans cette œuvre de salut, ils verront se réunir à eux tous les honnêtes gens que l'expérience ne peut manquer d'éclairer un jour. C'est le dernier vœu de l'exilé pour une patrie à laquelle il recommande à ses enfants de rosier toujours dévoués et fidèles.
Stowe-House, 21 Juillet 1894.
Philippe, Comte de Paris."
Œuvres
- La Monarchie nouvelle. (Appel aux patriotes.), Toulouse : impr. de Cassan, (s. d.)
- Les Associations ouvrières en Angleterre (Trades-Unions), Paris : Germer Baillière, 1869, 333 pages. lire en ligne.
- De la Situation des ouvriers en Angleterre, Paris : Michel Lévy frères, 1873, 296 pages. lire en ligne.
- Histoire de la guerre civile en Amérique, 7 tomes, Paris : Michel Lévy frères, 1874-1896. (Composé de 7 tomes : I. L'armée américaine. La Sécession. La première lutte ; II. Le premier automne. Le premier hiver ; II. Richmond. La guerre navale. Le Maryland ; IV. Le Kentucky. Le Tennessee. La Virginie. La politique ; V. La guerre sur le Rapidan. Le Missisipi ; VI. La Pennsylvanie. Le troisième hiver ; VII. Le Haut Tennessee. Le siège de Chattanooga. Le troisième hiver).lire en ligne.
- Instructions aux représentants du parti monarchiste en France, Paris : Librairie Nationale, 1887. lire en ligne.
- Discours de monseigneur le comte de Paris, H. Champion, 1891 lire en ligne
- Une Liberté nécessaire, le droit à l'association » », Paris : Calmann Lévy, 1894, 49 pages, lire en ligne
- La Monarchie française : lettres et documents politiques (1844-1907), Librairie nationale, Paris, 1907, lire en ligne.
- Voyage en Amérique, 1861-1862. Un prince français dans la guerre de Sécession, présenté par Farid Ameur, Perrin/Fondation Saint-Louis, 2011, 675 pages.
Bibliographie
- Marquis de Flers, Le Comte de Paris, Paris : Perrin, 2ème éd. 1888.
- GANDOULY (Thibault), Philippe d'Orléans, comte de Paris 1838-1894, préface du prince Jean de France, Le Chesnay : Via Romana, 2020.
Lien interne
La Correspondance Nationale, le journal officiel du Prince.
Liens externes
- [1](Lien cassé): Généalogie des Orléans
- [2](Lien cassé): Présentation du livre : Le voyage en Amérique du comte de Paris – Un prince français dans la guerre de Sécession
- [3] : Le voyage en Amérique du comte de Paris – Un prince français dans la guerre de Sécession (Sources l'Express)
- [4] : Photos des Princes de France durant la guerre de Sécession
- [5] : Le Pacte national du Comte de Paris.
- [6](Lien cassé): Des princes français lors de la guerre de sécession
- [7](Lien cassé) : Texte de la déclaration "Je viens en mon nom..."
- [8] (Lien cassé): Site La Couronne / Philippe d'Orléans durant la Guerre de Sécession
- [9](Lien cassé): Chronologie du règne de Louis- Philippe Ier
- [10] : Synthèse des révolutions de 1830 et 1848
- [11] : Le Boulangisme
- [12] : Albert de Broglie
- [13] : Histoire de la IIIième République
- [14] : Histoire du royalisme
- [15] : L'épée de Philippe VII, Comte de Paris, exposée au musée Carnavalet (Paris)