Jeunesse Royaliste
Mouvement monarchiste fondé par Philippe VIII de Bourbon- Orléans le 5 mai 1888 et qui cessa d’exister le 25 Janvier 1901.
Caractérisé par son idéologie chrétienne sociale, son antisémitisme et son anti parlementarisme, Jeunesse royaliste revendiquait 36000 adhérents. Dirigé (en France) par le journaliste Paul Bézine (1861-1928), le ministre Jacques Eugène Cavaignac (1853-1905 qui e disait « royaliste de raison ») et par Roger Lambelin (1857-1929), Jeunesse royaliste se fait connaître par une violente échauffourée sur le Pont- neuf, en face de la statue d’Henri IV en février 1890.
En mai 1893, le mouvement royaliste financé et dirigé depuis son lieu d’exil par Philippe VIII compte 5 ans plus tard 18 groupes parisiens et 34 fédérations départementales. Lors de son premier congrès en 1894, le Prétendant au trône envoie ce message : « J'attache, en effet, une grande importance au développement de ces groupes qui sont une des manifestations les plus éclatantes de la vitalité de votre parti et auxquels je suis particulièrement heureux de voir associer mon fils aîné (..) La fermeté avec laquelle vous affirmez vos convictions politiques est la meilleure réponse à ceux qui osent dire que l'esprit monarchique est mort en France. La jeunesse ne s'attache pas à ce qui est mort, car elle représente la vie et l'avenir. J'approuve bien cordialement votre dessein de vous associer aux fêtes qui s'organisent en France pour célébrer le premier acte de la canonisation de Jeanne d'Arc, votre place est marquée dans ces tètes. La mémoire de la grande libératrice appartient à tous les Français; elle doit les réunir dans une pensée commune de patriotisme. Mais il ne faut pas permettre que sa mission naturelle soit dépouillée par l'esprit de parti, du caractère catholique et royaliste qu'elle même lui attribuait ».
Clairement, le Duc d’Orléans plaçait le mouvement royaliste sous le patronage de Jeanne d’Arc et d’Henri IV comme le fit avant lui le Comte de Chambord, Henri V de Bourbon. Jeunesse royaliste connaîtra 5 congrès entre 1894 et 1899.
En 1896, le mouvement royaliste subit deux crises internes qui obligent Philippe VIII à rappeler ses troupes à l’unité face à un comité consultatif qui regrette certaines déclarations antisémites de certains membres de la famille des Orléans et le projet plébiscitaire du Prétendant au trône. Philippe VIII avertira solennellement le Comité Consultatif par cette déclaration : « Il faut cependant choisir entre figurer la monarchie ou la faire ... ce n'est point le principe qui ramènera le Prince mais le Prince qui ramènera le principe» tout en dénonçant «l'absurde légende d'une prétendue incompatibilité entre le droit monarchique et le droit électif.»
L’affaire Dreyfus divise profondément les royalistes qui continuent de manifester quotidiennement à Paris. Philippe VIII écrit à ses partisans et leur demande : « de travailler au triomphe des idées d'ordre, de conservation sociale et de liberté .. . la France ne retrouvera qu'avec la monarchie constitutionnelle et libérale, la prospérité et la grandeur dont elle a joui sous la Restauration et sous le gouvernement de Louis-Philippe mon aïeul ». En 1893, le Parlement comptait encore 53 royalistes élus (soit aux législatives de septembre 1893 un score de 1 000 381 voix soit 10% des votants) sur 571 élus.
Tant et si bien que le gouvernement de la IIIième République ordonnera en 1899 des perquisitions au siège du mouvement royaliste, arrêtant ses cadres (la plupart issus de la magistrature) ou ses militants, craignant un coup d’état imminent. Le mouvement royaliste est pratiquement décapité. Les élections de mai 1898 avaient encore envoyé sur les bancs du Parlement 44 monarchistes (887 759 voix soit 9% des votants).
Philippe VIII doit malheureusement décider la dissolution du mouvement le 25 Janvier 1900 tandis qu’un bureau politique s’efforce de maintenir un semblant d’activité jusqu’en 1902. La plupart de ses membres finiront par rejoindre l’Action française.
En mai 1902, les derniers députés royalistes s’étaient fondus dans des listes conservatrices ou de Droite telle que l’Action libérale (1901-1919, formés de catholiques royalistes ralliés (d’où leur surnom) à la République après la demande du Pape Léon XIII. Le Comte Albert de Mun (1841-1914) en fut le principal leader et le Marquis de l’Estourbeillon (1858-1946) une personnalité marquante du mouvement qui envoya 80 députés au Parlement en 1902). De fait, il n’y eut plus de liste royaliste à l’Assemblée nationale.