« Lamine Ier » : différence entre les versions
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Version du 27 avril 2014 à 16:30
Lamine Ier
Lamine Ier Bey, (ou Mohamed VIII el-Amine Bey ) est né le 4 septembre 1881 à Carthage et décédé le 30 septembre 1962 à Tunis .
Il fut le dernier Bey de Tunis (1943- 1957) et unique Roi de Tunisie (1956- 1957).
Mohamed VIII el Amine, Bey de Tunis
Membre de la dynastie des Husseinites qui pris le pouvoir en 1705, Mohamed VIII el Amine succède à son cousin Moncef Bey le 15 Mai 1943, destitué par le gouvernement représentatif de France Libre qui s’empresse de l’introniser Bey de Tunisie.
Mais Moncef Bey est loin d’accepter cette destitution. Le Jeudi 13 Mai 1943, le nouveau Résident Général Charles Mast avait demandé au Bey d’abdiquer au motif qu’il a collaboré avec l’ennemi italien et allemand. Moncef refuse. Le lendemain aux premières heures du matin, le Bey est enlevé par les Forces Françaises Libres à bord d’un « Viking » de l’Armée de l’Air. Durant le vol, un officier lui annonce que le Général Giraud a décidé qu’il serait bel et bien déposé malgré lui. L’avion atterrit dans le Sahara Algérien et Monecf Bey est alors assigné à résidence. Là, il signera finalement le 8 Juillet 1943. Fatigué par cet exil forcé, le souverain déchu est transféré à Pau, en France. Le Bey qui avait aboli le sacro-principe du baise- main meurt le 1er Septembre 1948, loin de son pays.
Mohamed el- Amine peut alors régner sur un pays redevenu protectorat (aussi appelé Régence de Tunis) et possession coloniale française (1945). Le nouveau Bey entame des négociations pour réformer le protectorat mais malgré un entretien en Juillet 1945 avec le Général de Gaulle, se heurte à l’hostilité de l’administration en place dans la colonie. En effet, le nouveau Bey soutient également mais très modérément le mouvement indépendantiste du Néo –Destour d’Habib Bourguiba. Mohamed VIII el- Amine sous l’influence des membres de son gouvernement décide de se joindre aux demandes d’autonomie de la Tunisie et surtout espère de fait conserver ses droits à régner face à un Bourguiba plus enclin aux idées républicaines. Devant le Résident Général Général médusé, le 15 Mai 1951, il déclare : « qu’il convient de signaler que (le peuple tunisien) a acquis le droit de respirer l’air de la liberté, d’étancher sa soif aux sources de la justice, de jouir de tous ses droits individuels et collectifs, de vivre dans la paix et la dignité dans le cadre de la souveraineté nationale intégrale ». Le Gouvernement Français de la IVième République finira pas réagir avec force et dans le nuit du 25 au 26 mars 1952, fait arrêter tout le gouvernement du Bey.
Mohamed el- Amine refuse désormais de signer tous les décrets qui lui sont présentés par l’administration française et boycotte même le nouveau gouvernement qui lui a été imposé. Habib Bourguiba soutient activement le Bey et organise des manifestations contre la France qui sont violemment réprimées. L’arrivé au pouvoir du Gouvernement Mendès France va permettre de rétablir le calme au sein de la Régence. Au grand dam des colons, le Président du Conseil Mendès France approuve en Août 1953 le principe d’autonomie de la Tunisie. Mendès France se déplacera en personne dans la Régence. Devant le Bey Lamine, il confirme ce principe adopté en déclarant : « L’autonomie interne de l’État tunisien est reconnue et proclamée sans arrière-pensée par le gouvernement français qui entend tout à la fois l’affirmer dans son principe et lui permettre dans l’action la consécration du succès. Le degré d’évolution auquel est parvenu le peuple tunisien — dont nous avons lieu de nous réjouir d’autant plus que nous y avons largement contribué —, la valeur remarquable de ses élites justifient que le peuple soit appelé à gérer lui-même ses propres affaires ».
Lamine Ier, Roi de Tunisie
C’est le Néo- Destour qui va conduire les négociations pour l’indépendance de la Tunisie mais en prenant soin d’écarter le Bey et ses partisans de toutes les décisions importantes. Le 20 Mars 1956, la France reconnaît enfin « solennellement l’indépendance de la Tunisie », rend caduque le Traité du Bardo (qui avait instauré le Protectorat français) mais conserve toutefois sa base militaire de Bizerte. Il est 17h40, la Tunisie est désormais souveraine. Le Premier Ministre Tahar Ben Ammar (1889-1985) en poste depuis un an peut donner au Roi Lamine Ier l’acte fondateur du pays. Le dernier acte va se jouer dans les coulisses du palais Beylical entre la famille royale et le leader du Néo- Destour. Le dernier Résident Général, le Général Pierre Boyer de Latour du Moulin (1896- 1976) rembarque pour la France. Il avait été nommé à ce poste le 30 Juillet 1953.
Habib Bourguiba une fois installé à la Présidence de la nouvelle assemblée constituante (le 8 Avril) se pose la question de l’avenir politique de la Tunisie. Faut-il conserver la monarchie qu’il juge désuète ou proclamer la République. Mais il y’a plus urgent à traiter pour le moment. Il forme donc un gouvernement au nom du Bey dont il a été nommé Premier Ministre le 14 Avril 1956. Pour Lamine Ier, installé sur son trône (dont il a été couronné Roi) quant il reçoit Bourguiba, la liste des nouveaux ministres le laisse sans voix. Non pas que les noms lui déplaisent mais seulement le fait que le Premier Ministre se soit arrogé pour lui même les postes des Affaires Etrangères et celle de la Défense. Un camouflet pour le Bey qui en ressent là un danger pour le nouveau titre que son nouveau gouvernement vient de lui octroyer, celui de Roi. Car Lamine est devenu un monarque constitutionnel. Et le souverain a bien de quoi s’inquiéter. On a réduit son rôle à une seule signature de ratification sur les documents. Pis le décret du 31 Mai va plus loin. L’article 3 stipule entre autre que « tous les privilèges, exonérations ou immunités de quelque nature que ce soit, reconnus actuellement aux membres de la famille beylicale, sont abolis ». La famille royale presse le souverain de destituer ce Premier Ministre qui bafoue la dynastie. Lamine tempère et s’empresse de décorer Bourguiba de l’Ordre du Sang en Diamant. Un distinction importante car elle est la seule qui permet à une personne civile de faire son entrée dans la famille royale. Avec cette adoption politique, Lamine croit contrôler son Premier Ministre. Il en est sur, membre de la dynastie, Bourguiba ne serait comploté contre ses cousins !
C’était mal connaître Habib Bourguiba. Le 15 Juillet 1957, la Garde royale du Palais de la Manouba est remplacée par des membres de l’armée gouvernementale. Lamine proteste et convoque son Premier Ministre qui ne daigne pas se déplacer. D’ailleurs pour toute réponse, ce dernier fait arrêter le 18 Juillet le Prince Salah Eddine , fils cadet du Roi, qu’il soupçonne de complot. Le téléphone est coupé, les domestiques sommés de rentrer chez eux. Le Roi est seul dans son palais. Il porte la djellaba blanche tunisienne, son fez rouge pour seule couronne. La nuit tombe, le souverain attend. Le 25 Juillet 1957 Bourguiba réunit enfin l’Assemblée dans la grande salle du Palais du Bardo. A 18 heures, les députés votent la destitution du monarque et l’abolition de la monarchie Hussseinite. Une délégation sera envoyée auprès de Lamine pour lui signifier son assignation à résidence. Deux jours plus tard, ce sont les biens de la famille royale qui sont saisis quand ses membres ne sont pas arrêtés et jetés en prison. La République est proclamée sur les ruines encore fumantes de la monarchie beylicale.
Mariage et enfants
Lamine Ier épouse en 1902 la princesse Djeneïna Beya , dont il aura douze enfants parmi lesquels les Princes Chedly Bey (1910-2004), M'hamed Bey (1914-1999) ou Salah Eddine Bey (1919-2003) qui fut le fondateur du Club sportif de Hammam Lif.
Décès du dernier Roi de Tunisie
Lamine Ier est assigné à résidence au Palais de la Manouba jusqu’au décès de son épouse Djeneïna Beya en Octobre 1960 . Installé dans un appartement de deux pièces à Tunis, le souverain meurt à son tour le 30 Septembre 1962.
La Famille Royale de Tunisie
A la mort de Lamine Ier. C’est le troisième fils du Bey Naceur, le Prince Sidi Hussain Bey (né le 23 Avril 1893) qui prit l’héritage royal entre ses mains. Il meurt en Octobre 1964 (ou le 8 Novembre 1963 ou en Avril 1969 ?) sans avoir eu la possibilité de pouvoir restaurer sa famille sur le trône. Bien qu’il ait abdiqué de façon officielle le 24 Juillet 1957, le Prince Sidi Hussain fut toujours considéré comme le seul Bey de la Tunisie par la famille royale et ses derniers partisans. Ce sera son fils Rachid Al Mahdi (né le 22 Mai 1947) qui lui succède comme Roi Titulaire de Tunisie (la succession étant différente pour le titre de Bey)
Le Mouvement royaliste tunisien demande la restauration de la monarchie , seule garante selon lui de la stabilité du pays.
Liens Internet
- [1] : Site du Mouvement royaliste tunisien (site actuellement fermé)
- [2] : Nouveau blog du MRT
- [3] : Blog de Tunisie Démocratique et Laïque de Kamel Ben Tahar Chaabouni
- [4]: Site consacré à l'histoire de la Tunisie sous les Beys
- [5] : Présentation du MRT par le Reveil Tunisien
- [6] : article sur le MRT par Jeune Afrique
- [7] : Vidéo - Les beys de Tunis, une monarchie dans la tourmente coloniale (55 minutes)
- [8] : Révolution de Jasmin (source Wikipedia)
- [9] : déclaration de Kamel Ben Tahar Chaabouni sur le Blog de Mad Monarchist
- [10] : arbre généalogique de la Famille Royale de Tunisie