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Dernière version du 29 septembre 2009 à 11:15
Les 2 et 3 juin 1946, l’ensemble des électrices et des électeurs italiens fut appelé à se prononcer sur la forme institutionnelle du Régime.
La question de la forme du régime est posée
La question de la forme institutionnelle du régime et d’une proclamation éventuelle de la république avait été abordée dès 1944 au sein du Comitato di liberazione Nazionale (CLN – Comité de Libération Nationale) qui réunissait les différentes composantes politiques de la Résistance italienne antifasciste.
Les compromissions avec le régime fasciste du roi Victor-Emmanuel III jouant évidemment en faveur de ce changement. Au sein du CLN, les communistes, les socialistes, les “actionnistes” (membres du Parti d’Action) et les sociaux-démocrates militent pour la république. Les démocrates-chrétiens semblent dépassés, tandis que seuls les libéraux affichent ouvertement leur attachement à la monarchie. Quand aux “monarchistes”, trop inorganisés sur le plan politique (ce n’est pas le cas sur le plan militaire), ils ne siègent pas en tant que tels au sein du CNL...
Et c’est ainsi qu’un décret est pris, le 25 juin 1944, prévoyant une consultation populaire portant sur la forme institutionnelle du futur régime.
Le 1er mars 1946, la tenue du référendum est officiellement annoncée. Et le 12 mars, les dates de la consultation sont officiellement fixée aux 2 et 3 juin 1946.
Le 25 avril, un vote interne au sein de la Démocratie Chrétienne affiche la position de cette dernière: 60% en faveur de la république, 17% pour la monarchie et 23% d’indécis...
Le 10 mai, sous la pression de son entourage, le très contesté Victor-Emmanuel III abdique, son fils aîné devenant roi d’Italie sous le nom d’Umberto II.
Les 2 et 3 juin 1946, l’Italie vote.
Les résultats du référendum
On compte 28.005.449 életeurs inscrits. Il y a 24.947.187 votants et 1.498.136 bulletins sont déclarés nuls.
Regions | République | Monarchie | ||
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Venezia Tridentina | 192.123 | 85,0% | 33.903 | 15,0% |
Emilia | 1.526.677 | 77,0% | 455.524 | 23,0% |
Umbria | 298.196 | 71,9% | 116.321 | 28,1% |
Toscana | 1.281.083 | 71,6% | 507.492 | 28,4% |
Marche | 499.566 | 70,1% | 212.925 | 29,9% |
Liguria | 633.821 | 69,0% | 284.116 | 31,0% |
Lombardia | 2.284.580 | 64,1% | 1.279.748 | 35,9% |
Veneto | 1.391.419 | 59,3% | 955.770 | 40,7% |
Piemonte (et Vallée d'Aosta) | 1.244.373 | 57,1% | 936.081 | 42,9% |
Lazio | 749.705 | 48,6% | 792.328 | 51,4% |
Abruzzi e Molise | 347.650 | 43,1% | 459.249 | 56,9% |
Basilicata | 108.289 | 40,6% | 158.345 | 59,4% |
Calabria | 338.959 | 39,7% | 514.344 | 60,3% |
Sardegna | 206.192 | 39,1% | 321.555 | 60,9% |
Sicilia | 709.735 | 35,3% | 1.303.560 | 64,7% |
Puglia | 467.781 | 32,7% | 960.849 | 67,3% |
Campania | 438.492 | 23,5% | 1.426.392 | 76,5% |
Total Italie | 12.718.641 | 54,3% | 10.718.502 | 45,7% |
Trois provinces, sous occupation yougoslave, n’ont pas pu prendre part au vote: Zara, Udine-Gorizia-Trieste, Bolzano.
Le 10 juin, la Cour suprême de Cassation publie des résultats provisoires et le 12 juin, elle officialise les résultats en désignant le premier ministre, Alcide de Gasperi , comme chef de l’Etat.
Le 13 juin 1946, Umberto II part en exil non sans avoir dénoncé ce qu’il considère comme un coup d’état, tandis que le 18 juin, la Cour suprême de Cassation proclame les réultats officiels et annonce la victoire de la république.
Des résultats contestés
Les résultats de ce référendum sont encore contestés, plus 60 ans après les faits. Les opposants, monarchistes ou non, font en effet valoir que pour être valide, la république aurait du obtenir la majorité des “inscrits” et non des votants. Par ailleurs, il faut souligner que les provinces exlues de la consultation représentaient environ 1.650.000 personnes. Par ailleurs, de nombreux militaires italiens, prisonniers de guerre, n’étaient pas encore rentrés de captivité. Le volume de ces voix “flottantes” tourneraient ainsi autour des 3 millions (Franco Malnati, La grande frode. Come l'Italia fu fatta Repubblica, Bastogi, 1998).
Enfin, il convient de noter que le 2 juin au soir, alors que les premiers résultats venu du sud donnaient une réelle avance à la monarchie, le Ministre de la Justice, palmiro Togliatti, par ailleurs secrétaire général du Parti Communiste Italien, fit saisir 35.000 procès verbaux électoraux (Lucio Lami, Il Re di maggio, Ares, 2002).
Il faut enfin noter que la Cour suprême de Cassation est un organisme dépendant directement du Ministre de la Justice...
Violences à Naples
Alors même que les résultats étaient provisoires, de grandes et violentes manifestations en faveur de la monarchie éclatèrent dans de nombreuses villes de la péninsule (Rome, Naples, Palerme, Tarente, etc).
A Naples, où la monarchie avait obtenu plus de 83% des voix, 300.000 personnes décendirent dans la rue dès le 5 juin pour crier leur attachement à la monarchie. Les manifestations continuèrent les jours suivants, toujours plus massives, jusqu’au 9 juin.
Là, devant les troubles croissants à l’ordre public, le Ministre de l’Intérieur, Giuseppe Romita (membre du Parti Socialiste Italien d’Unité Prolétarienne) donne l’ordre à la police de disperser les manifestants énergiquement. Neuf manifestants monarchistes sont tués par balles et plus de 150 blessés. Les manifestations de fidélité monarchistes continueront jusqu’à l’annonce du départ d’Umberto II en exil…
Mais la véritable problématique que pose ce référendum est la suivante : Un régime républicain peut s’installer avec une faible majorité ; une monarchie n’a-t-elle pas besoin d’un consensus plus large ?...
Bibliographie
- Franco Malnati, La grande frode. Come l'Italia fu fatta Repubblica, Bastogi, 1998
- Lucio Lami, Il Re di maggio, Ares, 2002