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L’absolutisme afghan se mue en une monarchie parlementaire allant jusqu’à exclure les membres de sa famille du gouvernement. Il nomme Premier ministre , le Docteur Mohammed Youssouf (1919-1998) et lui demande d’organiser des élections | L’absolutisme afghan se mue en une monarchie parlementaire allant jusqu’à exclure les membres de sa famille du gouvernement. Il nomme Premier ministre , le Docteur Mohammed Youssouf (1919-1998) et lui demande d’organiser des élections | ||
Durant le Printemps 1964, le Roi convoque la Loya Jirga (452 personnes dont 6 femmes) avec charge de dessiner une nouvelle constitution. Le 20 septembre 1964, celle-ci était définitivement adoptée avec comme acte fondateur, la Sharia et plus de libertés politiques(inspirée de celle de la Vème Républque française). C’est ainsi que le 1er janvier 1965, le Parti Démocratique du Peuple (d’obédience marxiste- léniniste) voit le jour avec à sa tête le Patchtone Nour Mohammad Taraki (1913-1979) | Durant le Printemps 1964, le Roi convoque la Loya Jirga (452 personnes dont 6 femmes) avec charge de dessiner une nouvelle constitution. Le 20 septembre 1964, celle-ci était définitivement adoptée avec comme acte fondateur, la Sharia et plus de libertés politiques(inspirée de celle de la Vème Républque française). C’est ainsi que le 1er janvier 1965, le Parti Démocratique du Peuple (d’obédience marxiste- léniniste) voit le jour avec à sa tête le Patchtone Nour Mohammad Taraki (1913-1979) et le Persanophone Babrak Karmal (ce dernier fut un des 4 députés de son parti à siéger au Parlement). Les élections n’avaient mobilisé à peine que 10% de l’électorat afghan. | ||
La monarchie ne s’inquiéta guère de ce parti très minoritaire au sein de l’Afghanistan qui d’ailleurs connu une scission en 1967 entre ses deux leaders. Si le journal socialiste de Karmal (1929- 1996 ,leader du PDP-Parcham (drapeau)) fut autorisé, celui plus marxiste de Taraki (leader du Khalq (masses)) fut interdit. Les monarchistes exploitèrent cette scission pour tenter d’éliminer ces partis pro soviétiques de la vie politique afghane. Mais avec les nombreuses manifestations pro soviétiques, Zaher Shah finit par bloquer le processus démocratique. Au Palais, l’ancien Premier ministre Daoud contacte des officiers (entraînés en Union Soviétique), des politiciens comme Karmal et certains chefs tribaux. La monarchie s’affaiblit et le pays a besoin d’un homme fort. Le Premier ministre Mohammad Nour Ahmad Etemadi (1921-1979, exécuté) n’arrive pas à endiguer le mécontentement grandissant. | La monarchie ne s’inquiéta guère de ce parti très minoritaire au sein de l’Afghanistan qui d’ailleurs connu une scission en 1967 entre ses deux leaders. Si le journal socialiste de Karmal (1929- 1996 ,leader du PDP-Parcham (drapeau)) fut autorisé, celui plus marxiste de Taraki (leader du Khalq (masses)) fut interdit. Les monarchistes exploitèrent cette scission pour tenter d’éliminer ces partis pro soviétiques de la vie politique afghane. Mais avec les nombreuses manifestations pro soviétiques, Zaher Shah finit par bloquer le processus démocratique. Au Palais, l’ancien Premier ministre Daoud contacte des officiers (entraînés en Union Soviétique), des politiciens comme Karmal et certains chefs tribaux. La monarchie s’affaiblit et le pays a besoin d’un homme fort. Le Premier ministre Mohammad Nour Ahmad Etemadi (1921-1979, exécuté) n’arrive pas à endiguer le mécontentement grandissant. | ||
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Lors de la Conférence de Bonn ( 26 novembre - décembre 2001), on presse Zaher Shah de monter sur le trône et de nommer Hamid Karzaï Premier ministre. Les royalistes sont largement représentés (Groupe de dirigés par des membres de la famille royale et Groupe de Peshawar de [[Pir Ahmad Sayed Gailani]]) mais divisés. Les Etats-Unis désormais engagés dans le conflit afghan après les attentats du 11 septembre 2001 (2977 morts) qui ont frappé le géant américain hésitent sur la forme de gouvernement à mettre en place dans l’après régime taliban qui va s’effondrer en | Lors de la Conférence de Bonn ( 26 novembre - décembre 2001), on presse Zaher Shah de monter sur le trône et de nommer Hamid Karzaï Premier ministre. Les royalistes sont largement représentés (Groupe de dirigés par des membres de la famille royale et Groupe de Peshawar de [[Pir Ahmad Sayed Gailani]]) mais divisés. Les Etats-Unis désormais engagés dans le conflit afghan après les attentats du 11 septembre 2001 (2977 morts) qui ont frappé le géant américain hésitent sur la forme de gouvernement à mettre en place dans l’après régime taliban qui va s’effondrer en 2002 . Abdoul Satar Sirat et le Roi font office de favori (Groupe de Rome) mais c’est finalement le Pachtoune royaliste Hamid Karzaï (Alliance du Nord) qui est finalement choisi par les américains. | ||
Né en 1957, Hamid Karzaï est ancien vice-ministre royaliste des Affaires étrangères de 1992 à 1994, mis en prison par Massoud qui le suspecte d'être un agent du Pakistan. Libéré, il va collaborer de 1996 à 1999 avec les Talibans avant de s'en séparer suite à l'assassinat de son père par un Taliban. Exilé, il est approché par un certain nombre d'industriels afghans, en lien avec l'administration américaine. | Né en 1957, Hamid Karzaï est ancien vice-ministre royaliste des Affaires étrangères de 1992 à 1994, mis en prison par Massoud qui le suspecte d'être un agent du Pakistan. Libéré, il va collaborer de 1996 à 1999 avec les Talibans avant de s'en séparer suite à l'assassinat de son père par un Taliban. Exilé, il est approché par un certain nombre d'industriels afghans, en lien avec l'administration américaine. |
Dernière version du 16 avril 2016 à 08:28
Zaher Shah
Né le 19 octobre 1914 à Kaboul, second fils du Roi Nadir Shah et de la Reine Mah Parwar Begum (décédée en 1941), Zaher Shah fut Roi d’Afghanistan de 1933 à 1973.
Prince héritier
Devenu Prince héritier à la mort de son frère aîné Mohammed Taher Khan en 1929, le Prince Zaher Shah fut un élève au Collège Habiba de Kaboul avant d’intégrer le lycée Janson de Sailly puis le Lycée Michelet de Paris et de terminer son cursus scolaire à l’Université de Montpellier.
Officier à l’école militaire de Kaboul, il fut ministre de la Guerre par intérim entre 1932 et 1933 avant d’occuper également par intérim celui de l’Education.
Roi absolu
Devenu Roi d’Afghanistan le 8 novembre 1933 après l’assassinat de son père, Zaher Shah était décrit comme peu passionné par la politique et laissé ses oncles diriger le pays. D’ailleurs ceux-ci s’occupent de lui fournir une Chevrolet noire afin qu’il visite les écoles du pays et délaisse ses responsabilités royales.
Pourtant, Zaher Shah va longtemps militer pour que son pays intègre la Société des Nations en 1934 et plus tard en 1946, l’Organisation des Nations Unies (ONU). Zaher Shah va beaucoup voyager notamment en Europe afin de faire connaître son pays.
Lors de son accession au trône, c’est Sardar Mohammad Hashim Khan (1885-1953), oncle du Roi qui exerce la réalité du pouvoir depuis 1929. L’armée et l’économie sont les priorités de son gouvernement. Il refuse toute aide de l’Union Soviétique (URSS) mais accepte celle de l’Allemagne nazie. Dès 1935, des techniciens allemands arrivent en Afghanistan et construisent des centrales hydrauliques. L’Italie et le Japon ne seront pas en reste non plus. Lorsqu’éclate la Seconde guerre mondiale, la question de la neutralité agite le Palais royal. La communauté allemande s’est considérablement agrandie dans le pays et des agents nazis infiltrés agitent les velléités nationalistes des Pachtounes à la frontière pakistanaise. Leur influence est si forte que Zaher Shah fut contraint de restreindre le pouvoir économique de la communauté juive présente dans le pays.
Certains ministres du gouvernement n’hésitaient pas à écrire directement au gouvernement allemand pour leur faire part de l’amitié qu’ils vouaient au régime hitlérien, espérant une victoire de l’Allemagne qui mettrait fin à l’existence de la Ligne Durand. Une ligne tracée par les anglais au XIXième siècle et qui avait divisé les Pachtounes entre l’Afghanistan et le Pakistan.
Néanmoins, la Loya Jirga réunie se prononça en faveur de la neutralité en novembre 1941. Durant cette période, des mouvements réformateurs virent le jour comme celui du Peuple de la jeunesse afghane ou l’Union étudiante. Bien que ces mouvements furent réprimés, Zaher Shah décida de révoquer son Premier ministre et le remplaça par un .. autre de ses oncles, Sardar Shah Mahmud Khan (1890-1959) en mai 1946.
En 1949, le gouvernement afghan autorisera la liberté de la presse.
Gouvernement de Mohammed Daoud Khan
Le 7septembre 1953, Zaher Shah nomme son cousin (et beau frère) Sadar Mohammed Daoud (1909-1978) Premier ministre. Le Roi comme son Premier ministre se rejoignent tant par leurs idées nationalistes que leur volonté de réformer le pays. Mais le Roi prend désormais une part de plus en plus active aux affaires du gouvernement. Il autorise les femmes à ne plus porter le voile.
Ainsi, lors du 40ième anniversaire de l’indépendance (1959), les épouses de ministres apparaissent non voilées et provoquent l’irritation des dignitaires religieux présents. Daoud intervient et exige des dignitaires de prouver que le Coran oblige les femmes à se voiler avant de les faire emprisonner une semaine.
Mohammed Daoud n’est pas un inconnu de la vie politique et militaire afghane. Major –Général en 1932, Commandant des forces armées de Kaboul de 1939 à 1947 puis Ministre de la défense en 1946, il entra en conflit avec son oncle et Premier ministre Shah Mahmoud qui l'éloigna en le nommant Ambassadeur à Paris de 1948 à 1949. Revenu dans le royaume afghan, il reçoit le poste de Ministre de l’intérieur et déjà militait pour l’unification des tribus Pachtounes.
Craignant que le pays ne se rapproche de l’Union Soviétique, le Président américain Eisenhower fait une visite en Afghanistan en décembre 1959. Zaher Shah accède à la reconnaissance internationale en se rendant à son tour aux Etats Unis chez le Président Kennedy en 1963. Entre 1959 et 1979, c’est plus de 500 millions de dollars (coopération militaire et économique) que les Etats- Unis vont donner à l’Afghanistan, en vain.
Cette prise en main du pouvoir agace Mohammed Daoud qui entre en conflit avec le souverain. Le Premier ministre se rapproche de l’Union Soviétique (juin 1955), le Roi rêve quant à lui d’unifier toutes les tribus pachtounes de l’Afghanistan au Pakistan avec l'aide américaine. Le Pakistan inquiet des visées expansionnistes afghanes décida de fermer ses frontières et mit fin a l’autonomie de ses 4 régions Pachtounes pour les fusionner en une seule province.
Les relations se détériorèrent entre les deux pays après le coup d’état militaire au Pakistan en 1958. Les troupes afghanes furent néanmoins obligées de repasser la frontière (Ligne Durand) qu’elles avaient franchi en 1963. Ce fut un désaveu pour la politique du Premier ministre. Cet épisode crispa les relations entre le Roi et son cousin. La politique de déstabilisation menée contre le Pakistan finit par couter son poste à Mohammed Daoud qui du démissionner sur la demande du Roi qui le remplace par le germanophone Mohammed Youssouf. L’Organisation des Nations Unies (ONU), les Etats- Unis et l’Europe, craignant une guerre dans toute l’Asie mineure, avaient fait pression sur le Roi afin qu’il destitue son cousin.
Souverain parlementaire
Fort de son pouvoir, populaire, Zaher Shah n’hésite pas à écarter son cousin Mohammed Daoud et entamer une profonde réforme de la monarchie.
L’absolutisme afghan se mue en une monarchie parlementaire allant jusqu’à exclure les membres de sa famille du gouvernement. Il nomme Premier ministre , le Docteur Mohammed Youssouf (1919-1998) et lui demande d’organiser des élections
Durant le Printemps 1964, le Roi convoque la Loya Jirga (452 personnes dont 6 femmes) avec charge de dessiner une nouvelle constitution. Le 20 septembre 1964, celle-ci était définitivement adoptée avec comme acte fondateur, la Sharia et plus de libertés politiques(inspirée de celle de la Vème Républque française). C’est ainsi que le 1er janvier 1965, le Parti Démocratique du Peuple (d’obédience marxiste- léniniste) voit le jour avec à sa tête le Patchtone Nour Mohammad Taraki (1913-1979) et le Persanophone Babrak Karmal (ce dernier fut un des 4 députés de son parti à siéger au Parlement). Les élections n’avaient mobilisé à peine que 10% de l’électorat afghan.
La monarchie ne s’inquiéta guère de ce parti très minoritaire au sein de l’Afghanistan qui d’ailleurs connu une scission en 1967 entre ses deux leaders. Si le journal socialiste de Karmal (1929- 1996 ,leader du PDP-Parcham (drapeau)) fut autorisé, celui plus marxiste de Taraki (leader du Khalq (masses)) fut interdit. Les monarchistes exploitèrent cette scission pour tenter d’éliminer ces partis pro soviétiques de la vie politique afghane. Mais avec les nombreuses manifestations pro soviétiques, Zaher Shah finit par bloquer le processus démocratique. Au Palais, l’ancien Premier ministre Daoud contacte des officiers (entraînés en Union Soviétique), des politiciens comme Karmal et certains chefs tribaux. La monarchie s’affaiblit et le pays a besoin d’un homme fort. Le Premier ministre Mohammad Nour Ahmad Etemadi (1921-1979, exécuté) n’arrive pas à endiguer le mécontentement grandissant.
En décembre 1972, après que le Parlement lui ai retiré sa confiance, le Premier ministre Abdoul Zaher (en poste depuis un an) doit démissionner et Zaher Shah le remplace par Mohammed Moussa Shafiq (1932-1979,exécuté) qui s’empresse de distribuer les vivres données par les Etats-Unis aux peuples reculés dans les montagnes.
L'exil
Le 17 juillet 1973, Mohammed Daoud organise un coup d’état avec l’aide des communistes afghan. Zaher Shah doit s’exiler avec sa famille en Italie. Le bilan de son règne reste mitigé. Le pays ne s’est quasiment pas doté d’infrastructures modernes (à peine 50Km de route asphaltées dans tout le pays, le gouvernement et l’administration furent ethniquement réservés aux pachtounes, les montagnes Nord et centrales victimes de fortes famines.. etc. Si le putsch qui met fin à la monarchie est sanglant, le pays se divise entre pro et antis royalistes. Le Roi était alors à Rome pour subir une opération des yeux lorsqu’il apprend qu’il est déchu de son titre.
Zaher Shah meurtri par cette destitution va se murer dans un silence, refusant pratiquement toute interview. Mohammed Daoud devenu Président de la République continuera de recevoir une aide militaire de la part des soviétiques mais sa tentative de rapprochement avec le Pakistan (1976) va menacer son poste. Le Pakistan finalement refusera tout accord, préférant supporter militairement un groupe armé fondamentaliste (dont fera parti Ahmed Shah Massoud ou Burhanuddin Rabbani (futur Président entre 1992 et 1996)). Même lorsque son cousin crée un parti (le Parti National Révolutionnaire), parti qui sera le seul autorisé (1977), Zaher Shah ne réagit pas.
Daoud qui finalement décide de se rapprocher des Etats-Unis via son allié Egyptien, purge l’armée de ses éléments les plus marxisants. Craignant de n’avoir plus de pouvoir sur le gouvernement afghan, les soviétiques mettront fin au régime de Daoud.
Guerre civile
Les royalistes qui sont restés dans le pays se sont rassemblés pour certains autour du Parti démocratique progressif de l’ancien Premier ministre royaliste Mohammad Hashim Maiwandwal, au pouvoir de 1965 à 1967. Mohammed Daoud le fait arrêter en octobre 1973. Mohammad Hashim Maiwandwal meurt en prison (officiellement, il se serait suicidé)
En septembre 1977, après des violentes manifestations organisées par des étudiants communistes, Daoud fait arrêter Nour Mohammad Taraki and Babrak Karmal, assigner le député marxiste Hafizoullah Amin. En janvier 1978, alors que les partisans du communisme intégral réclamaient la libération de leurs leaders, Mohammed Daoud fait intervenir l’armée dans Kaboul. Cette répression lui fait perdre tout crédit aux yeux de ses alliés soviétiques. L’arrestation de l’idéologue Parchamiste Mir Akhbar Khyber, soupçonné d’être un agent secret soviétique, en mars 1978 suivit de sa mort un mois plus tard (19 avril) fut le prétexte à un coup d’état. Si Taraki est arrêté, Karma réussit à s’enfuir en Union Soviétique. Craignant un putsch des fondamentalistes, Daoud met l’armée en état d’alerte. Le 27 avril 1978, l’aéroport est soudainement occupé par des unités militaires pro communistes. Les combats font rage et les loyalistes reculent rapidement. Le 28, le palais royal est pris d’assaut, bombardé par les chars et l’aviation. Mohammed Daoud, qui résiste est arrêté et exécuté ainsi avec plusieurs membres de sa famille, ses enfants et petits enfants (17). Une République pro- soviétique est aussitôt proclamée avec à sa tête Nour Mohammad Taraki.
Un coup d’état en septembre 1979 et orchestré par le Vice Premier- ministre Hafizoullah Amin met fin au régime de Taraki (il est exécuté). Le pays plonge dans la guerre. Les fondamentalistes (Moudjahidine) et les royalistes du Front national islamique d’Afghanistan (Mahaz-i-Milli Islami ye Afghanistan) de Pir Ahmad Sayed Gailani affrontent le gouvernement communiste qui reçoit d’aide que de l’Union Soviétique. Les Etats-Unis, dans une logique de guerre froide, apportèrent une aide militaire aux rebelles qui prônent l’établissement d’un émirat islamiste. Le 27 décembre, une unité armée de 700 soldats soviétiques pénètre en Afghanistan. Babrak Karmal est alors placé à la tête d’une république fantoche avant d’être remplacé par le chef de la police secrète en novembre 1986, Mohammad Najibullah (1947-1996, Président de 1987 à 1992, assassiné) .
En 1988, alors que l’Union Soviétique (URSS) est empêtrée dans le conflit afghan, le Roi Zaher Shah est contacté par le Ministre soviétiques des Affaires étrangères (Edouard Chevadnardzé) qui n’hésite pas à venir à Rome et lui proposer de retrouver son trône. N’ayant pas oublié que les Russes lui ont pris son trône et que les communistes afghans ont plongé le pays dans la guerre civile, Zaher Shah refusera tout accord (1989). D’autant plus que les communistes afghans refusaient eux-mêmes tout retour du Roi autre que dans un simple rôle de gardien de la tradition.
Tout comme les soviétiques, les américains avaient aussi délégué des émissaires auprès du Roi dès 1987. Une proposition de restauration de la monarchie mais avec des pouvoirs restreints lui sera proposée. Proposition refusée par Zaher Shah tant que les communistes afghans seront au pouvoir.
La carte monarchiste
En novembre 1991, Zaher Shah échappe à une tentative d’assassinat à Rome orchestré par un portugais du nom de Paulo Almeida Santos (ou Abdullah Youssouf). Se faisant passer pour un journaliste, il attaque violemment le souverain lors de l’interview qui devra la vie sauve à son étui à cigarette, qui dévie la lame.
La capitale, Kaboul, est alors secouée par des manifestations de soutien en faveur de la restauration de la monarchie ; les Talibans (nouveau groupe d’étudiants islamistes armés) n’hésitant pas à arrêter les partisans du Roi, devenu désormais un symbole unificateur et membre actif de l’opposition anti- Taliban.
En 1995, le Pakistan reçoit en grande pompe des membres de la famille royale. Signe de détente d’un voisin qui craint une vague de religieux Talibans sur son territoire. Si Zaher Shah remercie le gouvernement de cette sollicitude, il ne donne pas suite aux invitations pressantes du Pakistan à venir officiellement rencontrer le gouvernement pakistanais.
Même l’Organisation des Nations Unies opte pour la carte monarchiste. L’envoyé spécial Mahmoud Mestiri avait envisagé la création d’une commission de 4 personnes chargé de négocier la paix avec les Talibans. Sur les 4 noms proposés, 3 d’entre eux étaient des monarchistes notoires. Entre 1998 et 1999, l’Alliance du Nord (composée de plusieurs partis d’opposition (Pachtoune, Tadjiks, Ouzbeks et Hazaras) dirigé par le Commandant Ahmad Massoud Shah) prend contact avec Zaher Shah. Massoud Shah, si il n’est pas hostile à l’idée du retour de la monarchie ne l’exprime pas publiquement. Les Talibans se sont emparés du pays et proclamé la sharia sur tout le pays, imposant le voile aux femmes et la barbe aux hommes. Une stricte et extrême application du coran est alors imposé au pays.
Lors de la Conférence de Bonn ( 26 novembre - décembre 2001), on presse Zaher Shah de monter sur le trône et de nommer Hamid Karzaï Premier ministre. Les royalistes sont largement représentés (Groupe de dirigés par des membres de la famille royale et Groupe de Peshawar de Pir Ahmad Sayed Gailani) mais divisés. Les Etats-Unis désormais engagés dans le conflit afghan après les attentats du 11 septembre 2001 (2977 morts) qui ont frappé le géant américain hésitent sur la forme de gouvernement à mettre en place dans l’après régime taliban qui va s’effondrer en 2002 . Abdoul Satar Sirat et le Roi font office de favori (Groupe de Rome) mais c’est finalement le Pachtoune royaliste Hamid Karzaï (Alliance du Nord) qui est finalement choisi par les américains.
Né en 1957, Hamid Karzaï est ancien vice-ministre royaliste des Affaires étrangères de 1992 à 1994, mis en prison par Massoud qui le suspecte d'être un agent du Pakistan. Libéré, il va collaborer de 1996 à 1999 avec les Talibans avant de s'en séparer suite à l'assassinat de son père par un Taliban. Exilé, il est approché par un certain nombre d'industriels afghans, en lien avec l'administration américaine.
Père de la Nation
Le 10 juin 2002, présidant la Loya Jirga (assemblée traditionnelle afghane regroupant tous les notables tribaux), Zaher Shah approuve la nomination au poste de Président de l’Afghanistan du royaliste Pachtoune Hamid Karzaï et déclare « il est un véritable patriote et il apporte une direction saine à notre pays ». L’ethnie Pachtoune qui représentait 300 des 1000 délégués présent dans l’assemblée, avait pourtant réclamé et approuvé le retour de la monarchie. Mais une fois au pouvoir, Hamid Karzaï va abandonner son habit royaliste pour prendre celui plus autoritaire de Président de la République. En compensation, le gouvernement attribue le même mois le titre (non héréditaire) de « Père de la Nation » à Zaher Shah.
Le 4 août 2002, c’est une manifestation populaire importante (plus de 10000 personnes) qui accueillent le retour officiel de Zaher Shah en Afghanistan. Ayant assuré la République qu’il ne tenterait pas de retrouver son trône (22 avril 2002), le gouvernement lui octroie une rente et un palais à Kaboul. Palais qui devient le centre de ralliement des royalistes du Nahzat-e Hambastagi-ye Melli-ye Afghanistan.
Fragile de santé, Zaher Shah subira deux opérations chirurgicales (en 2002, en France, il avait glissé dans sa salle de bain et s’était cassé les côtes, en 2003 le fémur). Le Roi divise autant qu’il rassemble. On lui reproche de n’avoir pas soutenu l’unité des pachtounes, des rumeurs font état d’une volonté de vendre son palais de Kaboul (désormais propriétaire de l’état afghan)
Décédé le 23 juillet 2007 à 5h 45 du matin, l’état afghan a organisé pour le souverain des funérailles nationales le lendemain et décrété 3 jours de deuil national. Il est enterré au Mausolée royal de Kaboul.
Famille royale d’Afghanistan
Le 7 novembre 1931, Zaher Shah a épousé Homeira Begum (1918-2002) avec qui il aura six enfants :
- La Princesse Bilkis Begum (née en1932), 3 enfants
- Le Prince Mohammad Akbar Khan (1933-1942)
- Le Prince Ahmad Shah ( né en 1934), actuel Roi titulaire d’Afghanistan.
- La princesse Maryam Begum (née en 1936), 1 enfant. Son mari sera assassiné au Palais présidentiel le 27 avril 1978.
- Le Prince Mohammed Nader Shah (né en 1941), musicien expert en Sitar et fils du Roi Zaher Shah fut nommé Vice Ambassadeur d’Afghanistan en 2002. Son fils aîné Moustapha Zaher (né en 1964) a été nommé Ambassadeur d’Italie de 2002 à 2005 puis Directeur de l’Agence de Protection nationale de l’environnement depuis 2005 avant d’obtenir le poste de Secrétaire gouvernemental à l’Environnement de 2005 à 2009. Il fut également colistier du candidat Abdullah Abdullah lors de l’élection présidentielle d’août 2009. Le Prince Moustapha Zaher fut également membre du Front National Uni (formé en 2007 par Burhanuddin Rabbani, ancien Président de 1992 à 1996)
Son fils cadet Mohammed Daoud (né 1966) est photographe à Londres (Royaume Uni).
- Le Prince Shah Mahmoud Khan (1946- 2002), deux enfants.
- Le Prince Mohammed Daoud (né en 1949), fils du Roi Zaher Shah a été nommé Premier secrétaire de l’Ambassade d’Afghanistan en Italie en 2005 puis Chargé d’Affaires de l’Ambassade en 2007. Il a 3 enfants.
- Le Prince Mir Wais Khan (né en 1957), fils du Roi Zaher Shah fut Conseiller de son père entre 2002 et 2007, nommé en 2005 Conseiller spécial du Ministre de l’Information et Président du Centre de préservation de la culture afghane.
- La Princesse Bilqis (née en 1919), sœur du Roi Zaher Shah a été assassinée lors du coup d’état du 2 avril 1978
- Homayoun Shah Assefy (né en 1940), beau-frère du Roi Zaher Shah, il a vécu en France de 1962 à 1973 où il a obtenu un doctorat de sciences politiques à Dijon. Ministre sous Zaher Shah, il fut membre du Parti national monarchiste afghan, minoritaire au sein de l’opposition afghane. Candidat à l’élection présidentielle de 2004, il a obtenu 0,3% des voix. Il fut enlevé brièvement en 2008 par les Talibans. Colistier n°2 du candidat à la Présidence Abdullah Abdullah lors de l’élection présidentielle de 2009. Le 15 novembre 2009, il dénoncera publiquement la réélection du Président Hamid Karzaï au motif que la Constitution en vigueur n’autorisait pas la Commission électorale à annoncer les résultats du 1er tour en lieu et place de la Cour Suprême. Des cas de fraudes avaient forcé le candidat des royalistes, Abdullah Abdullah à se retirer avant le second tour.
- Le Prince Abdul Ali Seraj Durrani, neveu du défunt Roi Amanullah Shah, fut choisi par un conseil de Chefs tribaux comme leur candidat pour l’élection présidentielle d’Août 2009. Dans la soixantaine lors de son acte de candidature, le Prince est un homme d’affaires à la retraite et possède la nationalité américaine. Il retirera finalement sa candidature peu après et ralliera la candidature du Président Hamid Karzaï. Actuel médiateur du gouvernement auprès des chefs tribaux pour l’Organisation des Nations Unies, le Prince a pris fait et cause pour la condition féminine de son pays qui en a particulièrement souffert sous le régime taliban. Il a condamné la loi votée en Mars 2009 qui oblige une femme d’obtenir une permission de son époux si elle désire quitter le domicile conjugal ne ce fusse pour juste aller faire ses courses.
Liens externes
- [1] : Biographie du Roi Zaher Shah (2012)
- [2] : page Facebook en l'honneur de Mohammed Daoud
- [3] : Coup d'état d'avril 1978 en Afghanistan (Fr.)
- [4]: L’émissaire américain rencontre Zaher Shah (New Yort Times, 1987) (Angl.)
- [5] : Afghanistan entre 1979 et 1989 (Angl.)
- [6] : Pourparlers entre le Roi et les Etats-Unis (1989) (Angl.)
- [7] : Situation historique de l'Afghanistan (Fr.)
- [8] : Interview de Pir Ahmed Gailani
- [9]: Conférence de Bonn (LCI) (Fr.)
- [10] : Arrestation de royalistes (Libération , 2001)
- [11] : Renonciation au trône du Roi (2002) (Fr.)
- [12] : Renonciation au trône du Roi (2002) (Angl.)
- [13] : Election présidentielle (2004) (Fr.)
- [14] : Statue des femmes par le Prince Ali Abdul Seraj (Angl.)
- [15] : Article de la Libre Beglique sur le retour du Roi (2002)
- [16] : Histoire de la Loya Jirga (Angl.)
- [17] : Article du monde (2010) sur la Ligne Durand (Fr.)
- [18] : Biographie de Mohammad najibullah (Angl.)
- [19] : Article de RFI sur la tentative d'assassinat du Roi (1991)(Fr.)
- [20] : Généaologie de la famille royale d'Afghanistan (Angl.)
- [21] : Visite du Roi aux Etats Unis (Vidéo You tube ) Angl.
- [22] : Hommage sur You Tube au Roi Zaher Shah
- [23] : Hommage sur You Tube à Mohammed Daoud
- [24] : Vidéo sur Mohammed Daoud sur You Tube (Afghan.)
- [25] : Enterrement et hommage au Roi Zaher Shah
- [26] : Vidéo sur Zaher Shah sur You Tube (Afghan.) 1
- [27] :Vidéo sur Zaher Shah sur You Tube (Afghan.) 2
- [28] : Vidéo sur Zaher Shah sur You Tube (Afghan.) 3